SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
FONDÉE LE 23 AVRIL 1854
TOME DIXIÈME
PARIS
AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, 84
1863
LISTE DES MEMBRES
ADMIS DANS LA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
PENDANT L'ANNÉE 1862.
ANDERSSON, professeur à l’Académie de Stockholm (Suède).
BABINGTON (CHARLES-CARDALE), professeur à l'Université de Cambridge (Angleterre),
BRINGUIER (ANTÉNOR), docteur en médecine, rue Saint-Guilhem, 27, à Montpellier.
CONSTANT (ALEXANDRE), banquier, à Autun (Saône-et-Loire).
DELOYNES (P.), avocat, rue des Cordeliers, 15, à Poitiers.
DESCROIZILLES riLs, docteur en médecine, rue Louis-le-Grand, 5, à Paris,
DUJARDIN-BEAUMETZ, docteur en médecine, rue Saint-Dominique, 8, À Paris,
Yj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
GARROUTE (l'abbé), professeur à l'École de Saint-Caprais, à Agen (Lot-et- Garonne),
GAUTIER (GASTON), hôtel des Bains, à Narbonne (Aude).
LABALBARY, docteur en médecine, à Bourg-la-Reine (Seine).
LARCHER, chef du bureau de l'instruction publique àda Préfecture de la Seine, place Lacépède, 9, à Paris,
LOMBARD (ARMAND), propriétaire, au Vigan (Gard).
MARTIN (JosEPH DE), docteur en médecine, médecin-adjoint de l’hôpital de Narbonne (Aude), | MARTIN (Louis DE), étudiant en médecine, rue Barthez, 6, à Montpellier. . MOUILLEFARINE (EDMOND), rue de la Chaussée-d’Antin, 38, à Paris.
PAYOT (VÉNANCE), naturaliste, à Chamounix (Haute-Savoie). POSTH (J.), associé de la maison Vilmorin-Andrieux, avenue Victoria, 11, à Paris.
RAVAIN (l'abbé), professeur d'histoire naturelle au collége de Combrée (Maine-: et-Loire).
REMY (JULESs), ancien voyageur du Muséum d'histoire naturelle, à Louvercy, par Châlons-sur-Marne,
RODIN (HrPpOLYTE), chef d'institution, à Beauvais (Oise).
ROGET DE BELLOGUET (MAURICE), rue Saint-Dominique, 71, à Paris,
TOURNIAIRE (JOSEPH-ÉTIENNE), rue Montorgueil, 51, à Paris,
LISTE DES MEMBRES. vi]
Admis comme membres à vie,
MALINVAUD (Ernest). GUILLOTEAUX-VATEL.
BABINGTON (Charles-Cardale). REMY (Jules).
CASTELLO DE PAIVA (le baron de).
Membres décédés.
PoucHerT (Eugène), juillet 1861. VAN-DEN-BOSCH, 18 janvier 1862. MENIÈRE (Prosper), 7 février, BASSEVILLE, février.
MICHALET (Eugène), février, DESMAZIÈRES, 23 juin.
Mansy (de), 23 juin. : GirAUDY (Honoré), novembre. JAMAIN (Alexandre), 12 décembre.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
SÉANCE DU 9 JANVIER 1863. PRÉSIDENCE DE M, AD. CHATIN,
M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 décembre 1862, dont la rédaction est adoptée.
Dons faits «a la Société:
1° De la part de M. Alph. De Candolle :
Etude sur l'Espèce, à l'occasion d'une révision de la famille des Cupulifères.
2° De la part de M. Œrsted :
Acta Societatis historico-naturalis hafniensis, 1861.
3° De la part de M. Henri Émery :
Notice sur les recherches de physiologie végétale de Joseph Priestley. h° Æevue française, t. IV, n° 1. 5° En échange du Bulletin de la Société :
Pharmaceutical Journal and transactions, janvier 1863. L'Institut, décembre 1862 et janvier 1863, deux numéros.
Conformément à l’art. 28 du règlement, M. le Président fait con- naître à la Société les noms des membres des diverses Commissions nommées par le Conseil, pour l’année 1863, dans sa séance du 26 décembre dernier.
Ces Commissions sont composées de la manière suivante :
+ 1
r- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
4° Commission de comptabilité, chargée de vérifier la gestion de M. le Trésorier : MM. de Bouis, Moquin-Tandon et Ramond.
> Commission des archives, chargée de vérifier la gestion de M. l’Archiviste : MM. Eug. Fournier, Lasègue et Le Maout.
3° Commission permanente du Bulletin : MM. Chatin, Duchartre et Grœnland.
h° Commussion permanente des gravures : MM. Decaisne, J. Gay et Moquin-Tandon.
5° Commission chargée de recueillir les opinions émises relati- vement à la tenue de la prochaine session extraordinaire, et de for- muler une proposition sur le lieu et l’époque de cette session : MM. Boisduval, Cosson, J. Gay, le comte Jaubert et de Schœnefeld.
6° Comité consultatif, chargé de la détermination des plantes de France et d'Algérie soumises à l’examen de la Société : MM. Bes- cherelle, Cordier, Cosson, Eug. Fournier, J. Gay, Grœnland et Roussel.
M. le Président annonce que, par suite du tirage au sort fait le 42 décembre dernier, les membres du Conseil sortant cette année sont : MM. Brice, Bureau, Fermond et Le Dien.
M. le Président annonce en outre que, par suite de la perte bien regrettable de M. À. Jamain,-archiviste de la Société, il y a lieu de pourvoir à son remplacement.
On procède ensuite à l'élection du président pour l’année 1863.
M. Ernest Cosson, ayant obtenu 177 suffrages sur 185, est pro- clamé président de la Société pour 1863.
La Société nomme ensuite successivement :
Vice-présidents : MM. Moquin-Tandon, Ramond, Le Dien et Fermond. |
Archiviste : M. Duchartre, en remplacement de M. A. Jamain, décédé. |
Secrétaire : M. À. Gris, en remplacement de M. Duchartre, appelé aux fonctions d’archiviste.
Vice-Secrétaire : M. Éd. Bureau, en remplacement de M. Gris, nommé secrétaire.
Membres du Conseil: MM. Gubler, Chatin, J. Gay, le comte Jaubert et Paul de Bretagne.
SÉANCE DU 9 JANVIER 1863. à
Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d’admi- nistration de la Société se trdrvent composés, pour l’année 1863, de la manière suivante :
Président.
M. Ernest Cosson.
Vice-présidents. MM. Fermond, MM. Moquin-Tandon, Le Dien, Ramond. Secrétaire. général. M. de Schœnefeld.
Secrétaires. ; Vice-secrétaires. MM. Eug. Fournier, MM. Bureau, . À. Gris. | Prillieux. Trésorier. Archiviste, M. Fr. Delessert. M. Duchartre.
Membres du Conseil.
MM. P. de Bretagne, MM. Gubler, Brongniart, le comte Jauberti, - Chatin, Lasègue,
Decaisne, A. Passy, J. Gay, T. Puel, Gide, E. Roze.
Avant de se séparer, la Société vote des remerciments unanimes à M. Ad. Chatin, pour le dévouement avec lequel il a bien voulu diriger ses travaux pendant l’année qui vient de finir.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON.
M. le Président , en prenant place au fauteuil, s'exprime en ces termes pour remercier la Société de l'avoir appelé à diriger ses travaux pendant l’année qui vient de s’auvrir :
Messieurs et chers confrères,
Dans votre dernière séance, vous avez voté des remerciments unanimes à M. le professeur Chatin, pour le dévouement et l'exactitude qu'il a apportés dans ses fonctions pendant toute la durée de sa présidence. Nous devons un égal tribut de gratitude à M, le professeur Duchartre qui, successivement secrétaire, vice-président, président, veut bien continuer à donner à la So- ciété son concours si utile, en se chargeant, comme archiviste, de diriger le classement de nos collections, qui de jour en jour, par des legs ou des dons, acquièrent une nouvelle importance.
En m'appelant à l’insigne honneur de présider à vos travaux pendant la présente année, vous avez bien plutôt tenu compte de mon dévouement à la science et aux intérêts de la Société que de mes titres scientifiques et de la valeur des travaux publiés par moi jusqu'ici. Je ne saurais trop vivement vous exprimer toute ma reconnaissance , et soyez persuadés que l'honneur que vous me conférez est pour moi en même temps une bien douce récompense de mes efforts et un puissant encouragement à les continuer. Du reste, je n'aurai qu'à suivre lexemple donné par mes honorablés prédécesseurs, qui tous, quelle que fût leur haute position sociale ou scientifique, n’ont
janais négligé aucun des devoirs que leur imposait le mandat décerné par votre confiance,
M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de k séance du 9 janvier, dont la rédäètioi est adoptée. M: le Président annonce une nouvelle présentation. ré, M
Dons faits à la Société : 4° Par M. Éd. Bureau : Notes sur les Bignoniacées de la Nouvelle-Culédonie. 2° De la part de MM. Montagne et Millardet :
Notes sur l'ile de la Réunion (Annexe O : Botanique, Cryplogamie, Alques).
SÉANCE DU 16 JANVIER 1863, 5 3° De la part de M. Lindeberg : Torfmossornas byggnad utbredning och systematiska uppstællning.
4° En échange du Bulletin de la Société : L'Institut, janvier 1863, un numéro.
M. J. Gay fait hommage à la Société, de la part de M. Lindeberg, d'une monographie synoptique du genre Sphagnum (en sué- dois) (1).
M. Eug, Fournier fait à la Société la communication suivante :
SUR LE GENRE PBRAYA, px M, Eugène FOURNIER.
On se plaint généralement aujourd'hui de la facilité avec laquelle sont écrites un certain nombre de diagnoses spécifiques nouvelles; on serait en droit de s’élever également contre l'établissement trop fréquent de types géné- riques nouveaux, On à souvent oublié le vieil adage linnéen : Character non facit genus, que justifiaient pourtant les succès des fondateurs de la nomencla- ture, et l'on a même créé des genres qui n'ont plus de caractère du tout. Dans ce dernier cas, quand l'erreur est reconnue, un réformateur survient, qui modifie les caractères du genre inconsidérément admis, mais en conserve le nom, et y introduit des espèces qu’en auraient exclues la diagnose primitive; de là résultent une confusion fâcheuse dans la classification, et des obscurités que peut seul éclaircir un scrupuleux examen des textes origi- naux. La famille des Crucifères nous présente plusieurs exemples de ces créa- tions génériques mal fondées et plus mal échafaudées ; j'en signalerai un par- ticulièrement aujourd’hui à la Société ; il nous est offert par le genre Braya.
Le genre Braya à &té établi par Sternberg et Hoppe dans le premier volume des Denkschriften der À. Baïer. botan. Gesellschaft in Regensburg (1815), pour une plante que M. Hoppe venait de découvrir dans les Alpes de la Carinthie supérieure, et qui est aujourd'hui encore généralement connue sous le nom de Zraya alpina; il n’est pas question de l'embryon dans la description ni dans la figure que les anteurs donnèrent de leur plante. De Candolle, qui ne la connut guère mieux, plaça le genre Braya dans les Pleurorrhizées auprès des Arabis. Plus tard, parüt la planche des Zcones Floræ germanicæ et helveticæ, 1. A, tab. 56; elle représeite deux em- bryons du Z. alpina, dont l’un a la radicule dorsale, et l’autre presque laté- rale; mais Rob. Brown, en 1824, dans le CAloris melvilliana, sir W.
(4) A la suite de cet opuscule, M. Lindeberg annonce la découverte d’une nouvelle huile essentielle (Ætheroleum Hepaticarum\, qui lui a été fournie particulièrement par le Madctheca lærigata.
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Hooker, dans l’£xotic Flora, tab. 124, et surtout M. J. Gay, dans les notes qu'il à fournies à M. Monnard (1), ont surabondamment établi que l'embryon de la plante dont il s’agit est parfaitement notorrhizé.
Ce point une fois connu, le genre Zraya ne différait plus du Sisymbrium, type de la tribu des Notorrhizées, que par ses valves uninerviées et ses graines bisériées, ainsi que l’a fait remarquer Koch dans son Synopsis floræ germa- nicæ, en faisant passer dans le genre Praya les Sisymbrium supinum et S. pinnatifidum. Mais il existe nombre de Sisymbrium à valves uninerviées, par exemple les S. Sophia, S. canescens Nutt., S. cinereum Nutt.
En outre, M. Weddell.a fait connaître, dans son CAloris andina(pl. 85) un Sisymbrium imbricatifolium dont les graines sont tantôt uni- et tantôt bisé- riées, selon la largeur de la silique. Dans le Sisymbrium officinale, elles sont unisériées dans le haut et bisériées dans le bas de la silique(Rchb. Ze. f1. germ..Al, tab. 72). Ce caractère est variable dans plusieurs espèces du groupe Sophia. M. Weddell a insisté sur ce point dans une note manuscrite qu'il m'a communiquée ; d'après lui, il y a, dans les Sisymbrium des espèces à siliques plus ou moins-développées, où les graines sont tantôt uni- et tantôt bisériées ; et il y. a d’ailleurs toute une section de Sisymbrium exotiques, ayant pour type le Sisymbrium myriophyllum, à siliques longues ou courtes, dont les graines sont encore plus constamment bisériées que. dans les Braya, et.cependant on n’a. jemais eu l'idée de les. y rapporter. IL y a plus, car dans le Braya alpina lui-même, les graines sont quelquefois unisériées, comme le fait remarquer M. Joseph Hooker dans le nouveau Genera plantarum (p.83) ; enfin. cet auteur, en. décrivant le. genre Sisymbrium, lui reconnaîl des graines quelquefois bisériées. è
Le genre Braya n’a donc pas de raison d’être. Il ne pourrait subsister que fondé sur des considérations de port et d'habitat qui me paraissent insuffi- santes,. puisque les plantes alpines tendent à prendre le même port, à quelque famille. qu’elles appartiennent; mais on a tenté de le conserver en le modi- fiant. Les uns, se fondant probablement sur la place donnée au Braya dans le Prodromus, ont réservé ce nom générique pour certaines espèces de JVasz turtium à radicule exactement latérale, par exemple les Nasturtium asperum, N. Boissieri, N. microspermum, etc. Cette manière .de procéder n’était pas logique, puisque le Braya alpina, sur lequel a été établi le genre, offre une radicule dorsale, et que d’ailleurs le Nasturtium asperum et ses voisins avaient été placés par M. Spach dans une division particulière, Sisymbrella, que l'on pouvait conserver. D'un autre côté, M. Weddell a pensé qu'il pour- rait restreindre le genre Praya aux espèces de Sisymbrium dont le calice
(1) Observations sur quelques Crucifères décrites par M. De Candolle dans le pre- mier volume de son Systema regni vegetabilis, par J.-P. Monnard, principal du collége de Nyon, avec des notes de M, J. Gay (Ann. sc. nat. 17° série, t. VID).
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persiste jusqu’à la maturation du fruit, et son Braya calycina (Chl. and. pl. 85) témoigne de cette idée qu’il a abandonnée depuis, reconnaissant l'inconstance de ce caractère, Dans le Genera plantarum dont je parlais plus haut, M. J. Hooker a séparé, pour les faire rentrer dans les Sisymnbrium, les Braya supina et B. pinnatifida, qui diffèrent par le port des autres Zraya, et quiont le fruit plus allongé ; puis il a réuni aux espèces ‘restantes celles qui composent les genres Platypetalum R. Br., Aphragmus: Andrz. et Æu- dema Humb. et Bonpl. Voici la diagnose nouvelle qu’il en donne :
« Sepala brevia, basi æqualia, Stamiua edentula, libera, Siliqua ovata, » oblonga, linearis, teres vel compressiuscula ; valvis convexis, 1-nerviis v, » Costatis ; seplo .integro, pertuso v..03 replo basi lato, saçcato ; stylo brevi ».X. elongato ;.stigmate.capitato. Semina 2-. (rarius 1-) seriata, œ v. pauca, » immarginata; funiculis setaceis,. liberis.. »
Il est facile de remarquer que cette diagnose ne répond plus à celle de Hoppe, et qu’elle est extrêmement vague. Les plantes qu’elle renferme n’ont guère d’analogie que, par leur port.alpin, raison qui, comme je l’ai dit, ne me paraît pas suffisante, Les espèces qu’on y a groupées appartiennent en effet, soit au genre Sisymbrium, soit à quelques autres pate voi comme je vais-essayer de le démontrer,
Les Braya alpina Sternb. et Hoppe, B.' supina Koch, B. pimiotéfidia Koch, 2. siliquosa Bunge (/ndex seminum Horti dorpat. 1839, p. 7), B. Limosella Bunge (Delect. sem. dorpat. 1841), et: B. versicolor Turcz. (Led. Fl,ross. I, 196) ne s’éloignent pas à mes yeux du genre Sisymbrium, auquel M. Weddell à ramené lui-même son Z.-calycina, ainsi que la plupart des autres espèces américaines, qu'il avait d'abord placées dans ce dernier genre, et étiquetées en conséquence dans l’herbier du Muséum. Je pense que le Braya. falcata Hochst..est également un Sisymbrium, mais je n’en ai pas vu les fruits mûrs; cette espèce d’Abyssinie n’est d’ailleurs pas décrite dans l'ouvrage d’Ach, Richard,
Le Braya purpurascens Bunge ( Led, #/. ross, 1, 495) n’estque le Platy- petalum purpurascens R. Br, (Parry's first voy. app. p. 267) ,et le genre Platypetalum diffère assez du Sisymbrium par la forme du fruit pour qu’il nous paraisse devoir être conservé. Le B.? ypnlosa Hook. (#1. bor.-americ, I, p. 65, tab, 47) ,-que son auteur ne plaçait qu'avec doute dans le genre Braya, nous. paraît également, par. la largeur .du fruit et la convexité des valves, devoir être rapporté au Platypetalum. Le B. rosea Bunge (/nd.. sem. H. dorpat. 1839, p. 7) a été nommé. Platypetalum capitatum par Turczani- now.et rapporté avec doute au P/. dubium R, Br. par Ledebour (71. ross. 1, 195), à cause de son ovaire: ovoïde, qui le. place en effet dans ce dernier genre; enfin, le-Zraya nana Bunge ( Delect. sem. dorpat., absque diagnosi) est le Platypetalum nanum Turez,
Le Braya athroocarpa Wedd., de la chaîne des Andes, se rapproche. des
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espèces du genre Smelowskia par sa cloison incomplète et ses feuilles à laci- niures très-étroites.
Le Praya ænea Bunge (Delect. sem. H. dorpat. p. 8; Led. . c. T, 195), diffère encore du genre Sisymbrium par son ovaire ovoïde; sa position est incertaine entre les genres Platypetalum et Eudema ; \ se rapproche de l’'£. rupestris Humb. et Bonpl. par la forme de ses pétales, dont le limbe est à peine distinct de l'onglet.
Quant au Braya involucrata Led. L. c. I, 194 (Platypetalum involucratum Bunge, £num. alt. p. 58), lefruit mûr n’en ayant pas été va, même par l'au- teur qui l’a décrit, on ne sait où le placer.
En résumé, tous les Zraya qui me sont connus ont leur place dans les genres Sisymbrium et Platypetalum, selon que leur fruit est linéaire ou renflé, et rien n’autorise à conserver le genre qui repose sur une observation incomplète de Hoppe.
M. Éd. Bureau présente les observations suivantes :
M. Eug. Fournier vient d'entretenir la Société d'une espèce de Crucifère qui présente des graines, disposées, dans chaque loge, tantôt sur une seule rangée longitudinale, tantôt sur deux rangées, et dont la largeur du fruit varie en conséquence. Il est curieux de rencontrer exactement le même fait dans une famille bien éloignée, mais dont le fruit présente avec celui des Crucifères la plus grande analogie : c'est la famille des Bignoniacées. Les principales mo- difications offertes par le fruit dans l’une de ces familles se retrouvent dans l’autre, et il ne serait pas difficile de disposer les Crucifères et les Bignoniacées en deux séries parallèles, d’après les caractères tirés de la fructification.
Pour ne parler aujourd’hui que du fait signalé par M. Fournier, je dirai que les genres Tanæcium et Pachyptera, parmi les Bignoniacées, le présen- tent aussi. Des deux fruits de Tanæcium prælonqum Miers qui sont dans la collection des fruits du Muséum, l'an a une seule série de graines dans chaque loge, et l’autre en a deux séries, Le fruit de Pachyptera foveolata DC. de l’herbier général du Muséum, que j'ai fait figurer pour ma Monographie des Bignoniacées, n'a qu'une série de graines dans chaque loge: le fruit de la même espèce, appartenant à l’herbier Delessert, en a deux séries: c'est celui qui à servi à Aug.-Pyr. De Candolle pour l'établissement du genre.
Dans les cas en question, qu’il s’agisse des Crucifères ou des Bignoniacées, et que les graines paraissent disposées sur une ou sur deux séries longitudi- nales, il n'y en à pas moins deux rangées d’insertions par loge; les graines s'insèrent en effet alternativement sur le bord droit et sur le bord gauche de la cloison. Mais, en s'avançant vers le centre du fruit par suite de leur accroissement, les graines peuvent se comporter de deux manières: dans certains Cas, elles se rencontrent sur là ligné médiane de la loge, viennent
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buter, en quelque sorte, celles du côté droit contre celles du côté gauche, et présentent un obstacle mutuel à leur développement transversal; il y a alors deux séries. D'autres fois elles se glissent les unes entre les autres; chacune d'elles occupe alors.toute la largeur du fruit, et elles semblent ne former qu'une seule série. Les deux plantes dans lesquelles j’ai remarqué la première de ces deux dispositions, ont des graines coriaces et épaisses qui doivent réussir difficilement à se glisser dans les intervalles de la série opposée ; lorsque les graines sont minces et inséréés sur deux rangées dans chaque loge, comme cela a lieu dans les genres Arrabidæa, Cuspidaria, Pyrostegia, etc., elles se développent sans se faire mutuellement obstacle, chacune d'elles occupe la largeur entière de la cloison, et cela devient alors un caractère générique constant.
Dans les Bignoniacées pléostictides, c'est-à-dire qui ont au moins deux ran- gées d’insertions de graines sur chaque bord de la cloison (au moins quatre rangées d'’insertions par loge), on observe quelque chose d’analogue. Dans certains genres, les graines appartenant aux rangées d’un côté se glissent entre les graines appartenant aux rangées de l’autré côté (Willingtonia, Incarvil- lea, etc.). Dans d’autres genrés, les grainès des rangées de droite d’une part, celles des rangées de gauche d’autre part, ne dépassent pas la ligne médiane de la loge, mais ici cela tient ordinairement à un obstacle présenté par une saillie de la cloison (Spathodea, Sparattosperma), ou par une convexité inté- rieure de la ligne médiane des valves (Amphilophium).
La disposition des graines dans les Bignoniacées pléostictides n’est donc plus exactement comparable à ce qu’on voit dans les Crucifères.
M. J. Gay dit que c’est à tort que l’on a créé le genre Diplotaris, qui ne diffère du genre Brassica que. par ses graines bisériées.
M. Cosson dit que la distinction qu’on a établie entre les genres Arabis et Turritis n’est pas meilleure, car l’Arabis Pseudoturritis Boiss. ressemble complétement par ses caractères extérieurs au Turritis glabra, dont ilne diffère que par des graines unisériées. M. Cosson ajoute que la famille des Crucifères présentant (comme celle des Graminées et comme la plupart des autres grandes familles naturelles) une assez grande variabilité dans les caractères qu’on a regardés comme ayant une valeur de premier ordre pour l’établis- sement des genres, il serait à désirer qué l’on pût y établir des coupes fondées sur l'observation de caractères nouveaux.
M. J. Gay met sous les yeux de la Société du pain de Bouleuu,
avec des échantillons des écorces qui servent à sa fabrication. Il fait remarquer que. ce prétendu pain ne constitue pas un aliment
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nutritif, et il ajoute que des paysans finlandais qui n'avaient d'autre nourriture sont morts dé faim aux environs d’'Helsingfors.
M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTE SUR QUELQUES PLANTES CRITIQUES, DU FLORA MONSPELIBNSIS, DE LINNÉ, cpu M3, DUVAL-JOUVE (!).
{Strasbourg, 29 novembre 1862.)
Ces jours derniers, après la lecture d’un ouvrage de géographie botanique, je cherchais à me rendre compte de ce que Linné avait fait et provoqué sur cette partie de la science, lorsque mon attention fut arrêtée par un document entièrement : relatif à la flore de France. C’est une thèse soutenue, sous la présidence, de, Linné, le 45. juin 1756, par Théoph.-Erdm, NATHHORST. Elle.a pour. titre :. FLORA MONSPELIENSIS, et se trouve réimprimée dans Amænitates academicæ, AN, n°.lxx, pp. 468-495. Elle est antérieure de six ans à l’Aortus monspeliensis de Gouan et de neuf ans au Flora monspe- liaca du même (2).
Après avoir, au début de sa thèse, exposé l'importance de la géographie botanique et des secours que doit prêter à cette étude la simplicité de la nomenclature linnéenne, l’auteur donne une description fort exacte des envi- rous de Montpellier. En effet, avant. de venir écouter les leçons de Linné et recevoir à l'Académie d’Upsal le bonnet de docteur, Nathhorst, « germanus » silesiensis », a pendant plusieurs années étudié à Montpellier ; il a beaucoup herborisé aux environs, il y a même constaté la disparition de certaines plantes, détruites par le trop grand nombre des collecteurs, attendu « üt vix üllus » Æsculapii filius suo prius discendi desiderio satisfacere potuerit, quam Mon- » tem Pessulanum ejusque.alumnas plantas suis usurpaverit oculis. » (p. 470.) Il a d'abord déterminé ses plantes avec les ouvrages de Magnol et de Sau- vages ; il les a, de plus, soumises à ce dernier, les a contrôlées ensuite sur les observations contenues dans les lettres de Sauvages à Linné, et que celui-ci avait mises à sa disposition (p.474); et enfin ses récoltes et ses dénomina- tions.ont été revues par le président de la thèse, l’auteur du Species plan- tarum., Ajoutons,que l'auteur a imprimé en caractères différents les espèces propres au Languedoc et celles qui se retrouvent en Suède, rappelons-nous la part que Linné prenait aux thèses inspirées et présidées par lui, et qui, dans
(1) Dans le cours de cet article, suivant le désir de M. Duval-Jouve, les noms de plantes sont reproduits tels qu'ils sont imprimés dans Ja thèse de Nathhorst, et non toujours conformément à l'orthographe habituellement en usage dans notfe recueil.
(Note de la Commission du. Bulletin.)
(2) La thèse de Nathhorst mentionne 4463 espèces vasculaires. Le Flora monspe-
liaca de Gouan en décrit 1743, plus 107 Cryptogames vasculaires ; enttout 1850: espèces.
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l'histoire de la botanique, les fait comprendre dans ses propres travaux (1), et nous verrons que toutes ces circonstauces réunies donnent à cette Flore une valeur toute particulière, qui permettra peut-être de reconnaître à quelles plantes de Montpellier répondaient, pour Linné du moins, quelques-uns de ses types qui ont été et sont encore embarrassants et douteux. Je vais en citer quelques exemples, pris dans les familles que j'étudie plus spécialement, les Joncées, les Gypéracées, les Graminées et les Cryptogames vasculaires.
Les JONCÉES mentionnées par Nathhorst sont les:suivantes (2) :
Juncus acutus, J/. glomeratus (sic), J. effusus, 3. inflexus, J. squarrosus, J. articulatus, J. bufonius, J. campestris, J. niveus.
Juneus niveus. — Cette plante ne figure dans la première édition du Species plantarum que comme variété G du Juncus pilosus, avec la syno- nymie de Scheuchzer, C'est dans la thèse de Nathhorst qu'elle paraît d’abord comme espèce, six ans avant la deuxième édition du Species plantarum, où elle-figure avec l'habitat « Monspelii » ; et le nom princeps de cette espèce, au lieu d’être Juncus niveus EL: Sp. pl. edit. 2, p.468, doit être : J. niveus L. F1, monsp. in Am.acad.. AV, p. 481.
Juncus inflexus. — La détermination du type linnéen a donné lieu à de nombreuses discussions, et ce nom, adopté d’abord, n’est plus cité, même comme synonyme douteux, dans la #lore de France. C'est pourtant de France et de Montpellier, par Sauvages , que venaient les premiers individus décrits par Linné, comme l’indiquent la synonymie et l'habitat de la 1'° édition du Species. C’est encore de France et de Montpellier que lui viennent les nou- veaux exemplaires sur lesquels il reconnaît l'identité de sa plante. Dans les deux éditions du Species, Linné donne son Juneus inflexæus comme identique avec la plante de Sauvages, avec le Juncus acumine reflexo alter Scheuchzer, p. 345, et comme plante de l’Europe méridionale, On sait, en effet, que cette plante, si commune dans le midi de la France, ne croît pas en Suède (Fries Summ, veg. Scand. p. 65). Or Nathhorst imprime le nom desaplante, soumise à Linné, avec le caractère réservé aux plantes languedociennes et non sué- doises, et la mention en caractère différent des Juncus conglomeratus et effu- sus, également recueillis à Montpellier, prouve-en même temps, contre Smith, que Linné distinguait parfaitement son Juncus inflexus de ses deux autres espèces. D'autre part, la synonymie de Scheuchzer ne permet aucun doute. Ge consciencieux descripteur signale avec soin ce caractère tout particulier à l'espèce « medulla nivea, in quædam veluti diaphragmata distincta », la cou-
(1) Sprengel, faisant allusion à la thèse qui nous occupe, l’attribue si complétement à. Linné qu’il ne nomme même pas Nathhorst (Hist. rei herb. M, p. 478); M. Ch. Mar- tins (Patria, p.491) et M, Pritzel (Thes. lit. bot. p. 403) en font autant.
(2) Un + désignera les espèces qui ne sont pas dans le Flora monspeliaca de Gouan. Les caractères italiques indiquent, comme dans le texte de Nathhorst, les plantes com- munes au Languedoc et à Ja Suède.
142 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
leur des gaînes « ex atro spadiceo resplendentibus et nitidis », ses stries, sa ténacité, « tenacitatem eximiam », l’usage qu’en font les jardiniers ; en un mot, l'erreur était impossible pour Linné, et son Juncus inflezus est bien la plante de Scheuchzer et de Sauvages, près de qui Nathhorst avait fait ses récoltes. Aussi les botanistes avaient-ils reconnu la plante de Linné et conservé comme princeps le nom Juncus inflexus (Scopoli, Carn. edit. 2, n° 429 ; Leers, Æ4 herborn. p. 87; Villars, Dauph. I, p. 231; Roth, Zent. fl. germ. IE, p. 400 ; Lamarck, Encycl. méth. XI, p. 265; Hoffmann, Deutschl. FI. A édition, p. 424 et 2° édition, p. 165; Schkubr, Bof. Tasch. T, p. 301, etc.), jusqu’au moment où, sur une expression de la diagnose lin- néenne, ce nom fut repoussé par les monographes.
Dans le midi de la France, ainsi que je l’ai constaté moi-même, il n’est pas rare de rencontrer des tiges sur lesquelles la bractée qui simule une prolon- gation du chaume, après s’être desséchée de très-bonne heure, se courbe sur la panicule, en prenant plus où moins l’apparence d’une feuille (voy. Poiret, ÆEncycl. méth. suppl. HN, p. 155, et Schkuhr, Bof. Tasch. VI, p. 301). C'est ce que G. Bauhin et Scheuchzer avaient exprimé par « acumine » reflexo », Sauvages par « culmo paniculam arcuatim tegente » ; c’est ce que plus tard constata Villars en ces termes trop exclusifs : « la partie de la tige » qui surpasse les fleurs est aplatie et élargie; elle se courbe un peu, d’où est » venu son nom, »(Dauph. 1E, p. 231.) Pour désigner ce caractère tout acci- déntel, qui manque généralement dans le nord et n'existe dans le midi ni sur toutes les touffes, ni sur tous les chaumes d’une même touffe, Linné employa l'expression malheureuse « apice membranaceo ». Elle dérouta les mono- graphes , tous habitants du nord de l’Europe. Rostkovius s'en exagéra la portée, et dit du Juncus inflexus L. : « Planta mihi ignota. Differt a J. effuso » et glauco apice culmi plano et folii instar dilatato, » et il rapporta au Juncus glaucus Ehrh. la plante nommée Juncus inflexus par les auteurs autres que Linné (De Junco, p. 8, 1801). E. Meyer après avoir, dans son Junci generis monographiæ specimen, p. 33 et suiv., 1819, exposé qu'il n’a aucun moyen de reconnaître « ex herbario » sur quelle plante Linné a établi son type, ajoute que ce qu'il v a de plus sûr est « recipere nomen ebrhartianum et » delere linnæanum »; ce qu’il fit alors et plus tard encore dans son Synopsis Juncorum, pp. 13 et 14, 4822. En 1824, Smith, citant le Zuncus inflezus L., ajoute : « Planta valide dubia, cujus synonyma a Linnæo citata ad » J. glaucum spectant (4). » (Ængl. fl. I, p. 461. Du doute permis on passa
(1) NH semble, d’après ce texte un peu ambigu , qu’il faudrait rapporter la plante d’'Ebrhart au Juncus inflecus L.; mais, s’il faut en croire E. Meyer (Monogr. p. 39 et Syn. Junc.p. 13), Smith aurait deux fois commis l'erreur de confondre le J. infléxus L. avec le J. effusus L. On comprend alors qu’il ne restait plus à Smith qu’à rapporter
les synonymes de Linné à la plante d’Ehrhart, au lieu de rapporter, sur ces synonymes, la plante d’Ehrhart à celle de Linné.
SÉANCE DU 146 JANVIER 1863. 43
brasquement à la négation complète, et, en 1825, Laharpe, dans sa Hono- graphie, ne mentionne même plus le synonyme linnéen. La plupart des floristes modernes ont suivi son exemple, à l'exception toutefois de Koch, qui dit très-expressément, après la description du Juncus glaucus Ehrh. : « J. inflexus Leers, Herb. p. 87, et mult. auct., et, ut videtur, etiam » Linnæi. » (Syn. edit. 3°, p. 631.) Le texte de Nathhorst nous montre que Koch a pleine raison ; ce texte aurait levé les scrupules d'E. Meyer et de Rostkovius, et, ainsi que nous proposons de le faire, ces auteurs auraient conservé à la plante de Linné son nom princeps : Juncus inflezus L. Sp. edit. 4°, p. 326 (1).
CYPÉRACÉES.
Cyperus longus, C. esculentus, C. flavescens, C. fuscus.
Schœnus Mariscus, S. aculeatus, S. mucronatus, S. nigricans.
Eriophorum polystachyum.
Scirpus palustris, S. holoschænus, $. lacustris, S. mucronatus, 5, marti- timus, S. sylvaticus.
Carex leporina, €. vulpina, C. muricata, *C..atrata, €. pseudo-cyperus, C. arenaria, “C. dioica, C. flava, C. acuta.
Cyperus esculentus, — Cette plante, récoltée à Montpellier et nommée par Linné, montre que M. Godron a eu raison d'adopter l'opinion de M. Soyer-Willemet, qui ne rapporte pas (comme l'avaient fait à tort Rœmer et Schultes et Kunth) notre Cyperus méridional au C'yperus rotundus L., et de voir dans le Cyperus olivaris Targ.-Tozz. le C'yperus esculentus L. (FL. de Fr. WI, p. 359). Rappelons en passant que Linné lui-même indique comme habitat de son Cyperus esculentus « Monspelii inque Italia », et, avec Gouan, Villars et Desfontaines, conservons à la plante de Montpellier son nom princeps : Cyperus esculentus L. Sp. edit. 1°, p. 45.
Carex atrata et Carex dioiea ne Ccroissent point aux environs de Mont- pellier. D'où les tenait Nathhorst ?
Le Carex arenaria n’y croît pas davantage. Il est de toute évidence que
(1) Resterait à examiner si le nom linnéen ne se rapporte pas à la forme J. panicu- latus Hoppe, qui croît en abondance à Montpellier, avec la forme J. glaucus Ehrh. Mais si l’on considère qu’on ne différencie ces deux formes que par l’ampleur de la panicule et la couleur plus ou moins foncée des capsules, que, du reste, tous les détails de l’or- ganisation sont identiques, que tous les intermédiaires de grandeur se trouvent souvent sur les panicules d’une même touffe, et tous les intermédiaires de coloration à mesure qu'on s’avance en altitude ou vers le nord, et que d’ailleurs ces différences de colora- tion se retrouvent sur la plupart des espèces de Jones (J. alpinus, J. lamprocarpus, J. silvaticus, J. bulbosus, etc ), suivant qu’on les observe dans la plaine et le midi, ou-dans les régions plus froides du nord et des montagnes, on sera amené à ne voir au-dessous de ces différeuces, sensibles seulement sur des sujets extrêmes, qu’une seule espèce et un seul type, comme M. Godron l’a fait pour les J. bulbosus L. et J. Gerardi Lois. (F1. Lorr. 2° édit, p. 272), et M. Cosson pour l’espèce qui nous occupe (F1. Algér. p.254).
4h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
la plante mentionnée sous ce nom et que Gouan indique à Maguelonne (F7. monsp: append. p. 473), est le Carex divisa Huds., soit la grande forme, soit la petite forme C. setifolia Godr.; et qu’ainsi Linné comprenait sous son Carex arenaria plusieurs espèces distinguées aujourd’hui.
GRAMINÉES.
Anthozanthum odoratum.
*Nardus gangitis, *N. articulatus.
Phälaris canariensis, Ph, utriculata, Ph. arundinacea, Ph. phleoides.
*Panicum glaucum, P. Crus galli, P. sanguinale, P. Dactylon.
Alopecurus geniculatus, A. pratensis, À. monspeliensis.
Phleum pratense, Ph. nodosum.
Agrostis minima, À. canina, À. alba, À. stolonifera, À. paradoxa, A. ca- pillaris.
Aira cristata, À. cœspitosa, A. canescens, À, fleæuosa, À. aquatica, A. caryophyllea.
Melica nutans, M. ciliata.
Poa trivialis, P. angustifolià, *P. setacea, P. pére P. pratensis, P. annua, P. compressa, P. bulbosa.
Briza maxima, B. media, B. minor, B. Eragrostis.
Dactylis glomerata.
Cynosurus cristatus, C. echinatus, C'. cœrulœus, C, paniceus.
Festuca rubra, F. ovina, *F. hirsuta, F. fluitans.
Bromus secalinus, B. arvensis, B. sterilis, B. squarrosus, *B. nutans, B, tectorum, B. pinnatus, B. distachyos.
Stipa pennata, S. juncea.
Avena elatior, À, fragilis, À, nodosa, À. Dre A. fatua, À. flaves- cens.
Lagurus ovatus. kb «3
Arundo phragmites, A. Calamagrostis, À, Déni; A; arenaria.
Lolium temulentum, L. perenne.
Hordeum murinum.
ÆElymus arenarius,
Triticum monococcum, 7. repens, *T. junceum, T. tenellum.
Andropogon Ischæmum, A. Gryllus, A. distachyon.
Holcus lanatus.
Cenchrus capitatus, C. racemosus.
Ægilops triuncialis, Æ, ovatus, Æ. incurvus.
Nardus Gangitis. — Y a-t-il une plante sur laquelle il y ait eu plus d'opinions diverses ?
Murray la qualifie « obscura », et incline à en faire une variété du Vardus aristata (Syst. veg. edit. XIV, p. 102).
SÉANCE DU 16 JANVIER 1868. 45
Smith la regarde comme une espèce du genre Aottbællia (Act, Soc, Linn. lond. T, p. 216).
Willdenow se range à l'opinion de Smith, en ajoutant que la synonymie du Species se rapporte au Æestuca spadicea, et que Linné s’est trompé en citant la figure de Morison (Sp. pl. edit. 1°, p. 316); enfin, il fait du Vardus Gangitis L. un sense ou douteux de son Aottbællia cylindrica (op. c. p. 464).
Lamarck et Poiret l’identifient avec le Vardus scorpioides Lam., plante d'Amérique (Zncycl. méth. IV, p. 430, et suppl. IV, p. 61). Rœumer et Schultes le conservent comme espèce propre, Monerma Gangitis, tout en lui donnant pour synonyme le Vardus scorpioides Lam. (Syst. veg. II, p. 800).
Kunth le rapporte au Ctenium americanum Spreng., qu’il identifie d’ail- leurs avec le Campuloa monostachya Rœm. et Sch. et le Monerma Gangitis des mêmes (Ænum. pl. T, p. 27h). Steudel est du même avis (Vomencl. bot.), ainsi que Richter (Cod. linn. p. 67, n° 4A5). Ge dernier appuie son opinion sur l'autorité de la figure de Morison citée par Linné, « Planta vix » à Linnæo visa..: » (op. cit.)
Enfin Trinius, après avoir dit aussi que Linné n'avait point vu cette plante, s'appuie sur des raisons que nous rapporterons plus loin, pour en faire le Rottbællia monandra (Clav. agrost. ant. pp. 347 et 348).
Ces opinions, si diverses en apparence, se réduisent en définitive à quatre. La plante de Linné serait : 1° Psilurus nardoides auct. recent. ; 2° Lepturus cylindricus auct. recent. ; 3° Monerma Gangitis Rœm. et Sch. qui le ramè- nent au Clenium americanum Spreng.; et 4° Linné n'aurait pas vu sa plante,
À cette dernière assertion de Richter et de Frinius, Linné s’est lui-même chargé de répondre dans la préface du Species, en disant expressément : » NON VISAS plantas heic omisi, totiés elusus ab auctoribus,-ne dubia certis- » simis miscerem. » (p. 6.) Il est vrai que dans la première édition du même ouvrage, Linné avait placé après la diagnose du Vardus Gangitis le signe + qu'il emploie, dit-il (préf. p. 6), « si quando contigerit non sufficienter in- » spexisse plantam, vel specimen imperfectum obtinuisse. » Mais, dans la seconde édition, après la communication des récoltes de Nathhorst, il a fait soigneusement disparaître le +, ce qui prouve qu'il était satisfait de l'examen de la plante. Une autre preuve que, même longtemps avant la première édi- tion du Species, Linné avait vu son /Vardus Gangitis, c'est que dans son Flora lapponica, edit. 1°, p. 25 (1737), il dit, après avoir décrit le Nardus stricla : « Nardi nomen huic gramini imposui, dum genere convenit. cum » Nardo spuria narbonensi G. B.» Il avait donc vu ce qu'il croyait être le Nardus de G. Bauhin ; il en avait même étudié et reconnu les organes assez nettement pour y voir une Graminée, en distinguer le genre , et il ne pouvait avoir fait cette étude que sur la plante elle-même et non sur la figure de
16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
De Lobel, qu’il cite en synonymie, non plus que sur la description du même auteur, car la figure de De Lobel ne représente que la base de la plante, et son texte, comme nous le verrons bientôt, ne dit rien des organes de repro- duction, ni même de la fleur.
La plante de Linné est donc bien une plante de la Krance méridionale, con- trôlée et vérifiée sur les récoltes de Nathhorst, et dès lors elle ne peut être le Monerma Gangitis Rœm. et Sch. (Ctenium americanum Spreng.) comme l'ont pensé Kuntbh, Steudel et Richter, puisque celui-ci est une plante améri- caine qui né croît pas aux environs de Montpellier. Reste donc à examiner si le Nardus Gangitis L. se rapporte à l’une des deux autres plantes précitées ou à une autre Rottbælliacée française.
Or, qu'il ne puisse être le Psilurus nardoides, c'est ce qui ressort évi- demment du texte de la deuxième édition du Species, où Linné donne, à côté du Nardus Gangitis et sous le nom de Nardus aristatus, cette plante qu’il avait reçue de Gouan, et que Nathhorst n’avait pas trouvée à Montpellier. Gette espèce est ensuite conservée sous le même nom de Vardus aris- tatus, et toujours à la suite du Vardus Gangitis, dans tous les ouvrages. de Linné, avec la synonymie de Scheuchzer ; qui en donne une figure parfaite, Agrost. tab. 2, fig. 7, K. Les termes de la diagnose linnéenne « spica » recurva » forcent encore d'éliminer le Lepturus cylindricus « à épi roide, » subulé, dressé ». |
Restent encore deux espèces françaises de ZLepturus. 11 faut éliminer tout d'abord le Lepturus incurvatus, qui figure dans la première édition du Species et dans le catalogue de Nathhorst, sous le nom de Nardus articu- latus avec la synonymie de Scheuchzer, nom qui, dans les travaux postérieurs de Linné, est remplacé par celui d'Ægilops incurvata. I ne reste donc que le Lepturus filiformis, dont l’épi est aussi souvent flexueux que droit ; plante répandue aux environs de Montpellier, où Jussieu l'avait récoltée pour la communiquer à Scheuchzer (Agrost. p. 45). Gouan n’a pas distingué cette plante du Zepturus incurvatus, ainsi que le démontre sa. synonymie (F7. monsp. p. 132) ; ce qui d’ailleurs.est bien permis, puisque des auteurs très- graves ne veulent voir dans les Lepturus incurvatus et filiformis que deux formes d’un même type (Anderss. Gram. Scand. p 10); ce qui explique en même temps pourquoi Gouan n’a point, dans son #/ora monspeliaca, mentionné le Nardus Gangitis L. Je crois donc que le Lepturus filiformis Trin. et recent. auct. à pour nom princeps : Vardus Gangitis L. Sp. pl. edit. 4°, p. 53.
Mais pourquoi procéder par élimination et par conjecture ? Et, puisque Linné cite pour son {Vardus Gangitis la synonymie de De Lobel, pourquoi ne pas recourir au texte de cet auteur et y rechercher les caractères du Nardus Gangitis ? C'est ce qu'a fait Trinius dans son Clavis agrost. antiq. pp. 346-348, et ce qui l’a conduit à dire : « Itaque Lobelii gramen.… in veram
SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 17
» Rotthœlliam monandram abit, » (p. 348.) C’est aussi ce que nous avons voulu faire.
Ce qui nous a tout d’abord frappé, c’est que De Lobel et G. Bauhin, au lieu de comprendre leur Vardus Gangitis spuria narbonensis parmi leurs Graminées, le placent entre les Cyperus et les Juncus. Ensuite, les figures que De Lobel en donne (/con. p. 84, et Advers. nova, p. 43) n’ont aucun rapport avec une Graminée et surtout avec une Rotthælliacée. Voici une tra- duction du texte de De Lobel, Advers. nova, p. 43 (1) :
NARDUS GANGITIS SPURIA NORBONEÆ.
« Dans la Gaule narbonaise, et à sept milles environ du bourg de Ganges, se trouve une montagne fort agréable et fort haute, où croissent en abondance les plus belles plantes, ce qui lui a valu le nom d’Aort de Diou ou Jardin de Dieu. Sur le versant qui regarde le midi ou la Méditerranée, cette plante se montre en grande quantité aux endroits humides et couverts de mousse. La racine en est petite et consiste en quelques fibres grêles et dures; il s’en élève de petites tiges portant épi, grosses Comme le petit doigt, d’un brun päle et presque de la hauteur d’un palme, non tout à fait terminées en pointe , mais comme tronquées vers leur sommet. Elle à des feuilles vertes, roides, 7onci- formes, presque hautes d’un pied, nombreuses, et qui, naissant contre. la racine, s'élèvent au-dessus de l’épi chevelu qui entoure le haut de la tige. Plusieurs pieds enlacés en gazon serré offrent l'aspect d’un seul. Toute la plante est inodore, à l'exception des filaments de l’épi (beaucoup plus gros que ceux de l’espèce indienne), et qui ont l'odeur du Muschus Quernus vel ter- restris. Elle enfonce donc un peu sous terre des filaments chevelus, desquels s'élève un chaume grêle, luisant, jonciforme, assez semblable à ce qu’on appelle Z/pha ; il est haut d’une coudée, et du milieu au sommet il porte des gousses herbacées (herbaceæ siliquw), alternantes, assez petites, et de ces calycules sortent des filaments enroulés (apiculis) assez semblables à la fleur du Schænanthus ou à un Géranium en graine et à un Cotvylédon. Cette plante me paraît se rapporter au GANGITIS de Dioscoride (2). »
Trinius cite ce texte èn extenso et, arrivé à ces mots « cubitum altus », il interrompt sa citation pour s’écrier : « Hucusque, quis est qui l'estucæ spadi- » ceæ descriptionem non agnoscat ? » J'avoue qu'après la lecture de cette description j'ai été de ceux qui n’y reconnaissent pas celle du Fes{uca spa-
(1) Le titre complet est : Dilucidæ simplicium medicamentorum explicaliones et stir- pium adversaria nova, auct. E. PENA et M. DE Logec. Londini, 1605.
(2) Dioscoride, dans la description des diverses:sortes de Nardus, dit qu’un de ceux de l'Inde croît près du Gange, d’où vient qu'il l'appelle Gangitis (lib. }, cap. VI, edit. Saraceni, 1598); ainsi le nom de De Lobel et de Linné n’est qu’une reproduction de celui de Dioscoride , au lieu d’être tiré du nom de la ville de Ganges, comme l'a dit De Théis (Gloss. bot, p. 319).
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dicea. Enfin Trinius ajoute : « Sed sequentia revera cum Rottbællia potius » congruunt. « J'avoue encore que je n’ai pu rien voir de semblable ni dans les figures de De Lobel qui représentent seulement la partie inférieure de la plante, ni dans la description de ce long épi formé de petites «siliquæ her- » baceæ» , rappelant par leur ensemble l'épi du Cotylédon, et par leurs détails l'appareil floral des Géraniums après la chute des pétales ; et il m'a semblé exact de penser, non plus avec Trinius, que Linné n’avait pas vu son Vardus Gangitis, mais qu'au contraire, il avait si bien vu la plante à lui adressée et mal à propos rapportée au Vardus de De Lobel, qu'il s'était certainement dispensé de lire et de citer le texte des Adversaria de cet auteur. Dès lors il a été avéré pour moi que la Graminée de Linné n’avait rien de commun avec le Nardus de De Lobel.
Restait à savoir quelle était cette dernière plante, et, pour cela, on pouvait sortir de l'interprétation de la figure et du texte et recourir à la réalité. Avec l'indication exacte et détaillée de l’habitat du ÂVardus de De Lobel, je m'adressai au savoir et à la complaisance de notre confrère M. le docteur Diomède Tuezkiewicz (du Vigan), et le priai de rechercher à l'Hort de Diou, et le texte de De Lobel sous les yeux, quelle plante croît « uberi proventu, » muscidis et udis tractibus... folio rigido, junceo, vix pedeus alto, numeroso, » quod ab ima radice ortum trans spicam, etc. » — Voici sa réponse :
‘ «Le Vigan, 17 octobre 1862. » Monsieur et cher confrère,
» Ayant trouvé dans les Herborisations de Gouan le Nardus Gangitis L, indiqué plu- sieurs fois dans des localités sèches et sablonneuses, où croît abondamment le Psilurus nardoides, j'avais jusqu’à ce jour partagé l’opinion commune, et regardé le Nardus Gangitis de Linné et de De Lobel comme synonyme du Psilurus. Mais, après avoir étudié le texte de De Lobel, je suis convaincu que son Nardus Gangilis spuria Norbonæ est le Triglochin palustre, qui croît abondamment à l’Hort de Diou dans les endroits humides. Examinez cette plante pendant l’anthèse, et vous trouverez la description de De Lobel exacte de tout point ; ses « apiculis e calyculis » sont les stigmates réfléchis et barbus ; l’aspect général de l’épi répond assez bien à celui de l’Umbilicus pendulinus ; la gros- seur de la souche, les feuilles radicales, la hampe jonciforme, tout concorde parfai- tement.
» L’Hort de Diou est un vallon placé près du sommet et sur le versant méridional de VAigoual, à 1500 mètres d’altitude, à 40 kilomètres de Ganges. Suivant la tradition
populaire, les prêtres romains s’y rendaient de Nimes pour y récolter les plantes médi- cinales, etc. »
Si à ces précieux renseignements on ajoute cetle circonstance que les figures de De Lobel (/con. p. 84 et Advers. nova, p. 43) représentent très- convenablement la partie inférieure du Triglochin palustre, toutes les incet- titudes cessent, et il est permis d'affirmer que le Nardus Gangitis L. n’a rien de commun avec le Vardus Gangitis spuria Norbonæ, que De Lobel avait mis parmi ses Joncs, et que ce dernier nom doit être reporté èn synonymie à une Joncaginée, au 7riglochin palustre L.
Mais maintenant, comment Linné a-t-il pu prendre les singulières figures
SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 19
de De Lobel pour celles d’une Graminée? Rien de plus simple et de plus facile à expliquer que cette erreur. De Lobel a eu l’idée bizarre d’aligner les unes contre les autres cinq bases de 7riglochin avec un fragment de hampe _sortant des feuilles radicales (voy. Advers. nova, p. 43, et /cones, p. 84). Or la souche du Nardus stricta L., plante du nord, offre rangés en ligue, comme sur la figure de De Lobel,des faisceaux de feuilles radicales, du centre desquels s'élève le chaume. Cette disposition, jointe au nom de De Lobel, a induit Linné en erreur : il a cru y voir naturellement la base d’un Vardus, et, comme il avait reçu de Sauvages quelques-unes de ces extrémités de chaume que les anciens botanistes se contentaient de récoher , un brin incomplet venant de la Gaule narbonaise, il le rapporta dans son Species au Nardus Gangitis spuria Norbonæ de De Lobel, en l'affectant du signe +, qu'il fit disparaître plus tard, après avoir mieux vu sa plante sur les récoltes de Nathhorst, et oublia la figure de De Lobel.
Melica eiliata. — Linné n’a pu voir du Languedoc que le Welica Ma- gnolii G. et G., ou le Melica nebrodensis Parlat., qu'il ne distinguait pas du Melica ciliata des contrées septentrionales.
Poa sctacea, Festuca hirsuta, Bromus nutans. — Il est impossible de conjecturer à quelles plantes avaient été appliqués ces noms, qui ont disparu des ouvrages postérieurs de Linné.
Avena nodosa, — Ce nom n’a pas été conservé par Linné pour désigner la forme tuberculeuse de l’Avena elatior.
Arundo Calamagrostis. — Schrader prétend que la plante décrite sous ce nom ne se rapporte point au Calamagrostis lanceolata Roth (FT. germ. I, p. 214}. Le texte de Nathhorst semble lui donner raison contre l'opinion générale, car je ne crois pas que le C'alamagrostis lanceolata croisse aux environs de Montpellier.
CRYPTOGAMES VASCULAIRES.
*Equisetum sylvaticum, E. arvense, Æ. fluviatile, E. hyemale.
Ophioglossum vulgatum.
Osmunda Lunaria, 0. regalis, O. Spicant, *O. crispa,
Acrostichum septentrionale, A. Thelypteris, À. pulchrum.
Pteris aquilina.
Asplenium Scolopendrium, À. Ceterach, À. Trichomanes, À. Adiantum nigrum, À. Æuta muraria, À. onopteris.
Polypodium vulgare, P. Filix mas, P. Filix fœæmina, P. aculeatum, P, rhæticum, P. fontenum, P. fragile, P. Dryopteris.
Adiantum Capillus ©.
Marsilea natans.
Equisetum sylvaticum, Equisetum hyemale, Osmunda crispa. —
20 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Le doute est permis sur la présence de ces espèces aux environs de Mont- pellier. La seconde n’est probablement que l’£quisetum ramosissimum Desf., forme à tige simple; la dernière babite les Cévennes et les Pyrénées, et, avec beaucoup d’autres plantes pyrénéennes , figure à tort comme croissant à Mont- pellier.
Acrostichum pulchrum , Asplenium Adiantum nigrum, Asplenium Onopteris, — Ces trois espèces figurent dans la première édition du Species, mais, dans la seconde édition, Linné a fait disparaître la première et la der- nière, et en rapporte la synonymie à l’Asplenium Adiantum nigrum. La première en était une forme à lobes entiers, « pinnulis indivisis » ; dans la description de la troisième, « pinnulis lanceolatis inciso-serratis » , il est difficile de ne pas reconnaître la variété B Serpentini Koch, reprise plus tard comme espèce sous trois ou quatre noms différents. Est-il bien sûr qu'on eût mis la même ardeur à rendre à cette forme les honneurs de l’espèce, si, au lieu de faire un miki, on eût simplement repris le nom d’Asplenium Onopteris L. (1)?
M. Ém. Bescherelle fait à la Société la communication suivante :
BRYOLOGIE PARISIENNE. — NOTE SÛR LES MOUSSES DES ENVIRONS DE RAMBOUILLET (SEINE-ET-OISE), par M, Émile BESCHERELLE,
Dans plasieurs notes insérées au Bulletin (2), nous avons, M. Roze ct moi, essayé de compléter la géographie bryologique des environs de Paris, et, indépendamment des localités nouvelles pour des plantes rares, déjà décrites dans les flores de Chevalier et de Mérat, nous avons fait connaî- tre plusieurs espèces ou variétés intéressantes qui n'avaient pas encore élé signalées dans la région parisienne. Nous sommes arrivés ainsi, depuis la publication de ces notes, à inscrire vingt nouvelles espèces dans le catalogue de nos environs.
(1) Dix-neuf ans après la thèse de Nathhorst, un autre document, qui n’est pas sans importance dans l’histoire de la flore de France, nous venait d’un autre élève de Linné. En 1761, Forskal partait avec une commission de savants pour visiter l’Arabie. Leur navire dut relâcher à Marseille, et Forskal en profita pour visiter le quartier de l’'Esta- que. Il y récolta 264 espèces, « Cum dies vix unus huic negotio superfuit » (Niebuhr in præf. Forsk. FI. æg. arab. p. 15), et en dressa une liste sous le titre de : FLORULA ESTACENSIS seu Florula lilloris Galliæ ad Estac prope Massiliam. Elle comprend les douze premières pages du Flora ægyptiaco-arabica, et renferme un grand nombre d'observations intéressantes sur des plantes que l’auteur croyait des types linnéens et dont néanmoins il signale les différences. Ainsi, à l’aide de ses remarques, on reconnaît très-bien qu'il a rencontré l'Agrostis verlicillata, l'Aira Cupaniana, le Dactylis hispa- nica, etc., qu’il rattache aux Agroslis stolonifera, Aira caryophyllea , Dactylis glo- merala, etc. Ce travail sera toujours consulté avec fruit par ceux qui s'intéressent à l’histoire de la flore de France.
(2) Voyez t. VIE, p. 433 ; &, VU, pp. 82 et 444; t. IX, p. 448.
SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 21
M. Roze vous a entretenus récemment de sa récolte près de Beauvais (1); je vous demanderai aujourd’hui la permission de vous donner un aperçu des Mousses qui croissent dans les environs de Rambouillet et de Saint- Léger.
Depuis bien longtemps cette région est explorée par les botanistes parisiens, et, si la phanérogamie se trouve amplement représentée à Saint-Léger, la cryptogamie, et surtout la bryologie, n’est pas moins bien partagée sous ce rap- port. Les terrains à Sphagnum sont, en effet, les localités de prédilection de certaines Mousses et Hépatiques, et ceux dont je m'occupe ont de tout temps attiré l'attention des botanistes qui ont étudié plus particulièrement cette partie de la science des végétaux. Malgré la luxuriante végétation de Sphag- num qu'on y trouve, on est étonné, quand on consulte les Flores de Cheval- lier et de Mérat, ainsi que le catalogue qu'a publié dans le Bulletin notre honorable collègue M. Le Dien, de voir seulement une dizaine de Mousses signalées à Saint-Léger. Cette stérilité relative nous avait toujours paru sus- pecte, et il était à supposer qu’un si petit nombre d'espèces ne s’y étaient pas seules donné asile, à l'exclusion de tant d’autres qui viennent ordinairement dans les terrains analogues.
C'est donc dans le but de contrôler les pesage ec de nos devanciers que nous avons, M. Roze et moi, exploré au mois de juin dernier, les marais tourbeux situés entre Rambouillet, Poigny et Saint-Léger, MM. Richard et et Lefèvre (de Chartres) avaient bien voulu se joindre à nous, ainsi que M. Cintrat (de Paris).
Lorsqu'on a quitté à Saint-Léger l'auberge classique où se donnent rendez- vous tous les botanistes parisiens, on rencontre à peu de distance du village de très-grandes plaines marécageuses où. chacnn va récolter les gracieuses espèces du genre Drosera. Là se trouve amplement représenté le groupe des Sphagnum. D'abord ce sont des toufles de Spk. cymbifolium Dill. , aux tiges épaisses, garnies de feuilles largement concaves et surmontées de grosses cap- sules sphériques d’un roux noirâtre. A côté se développe le Sph. acutifolium Ehrh., dont les tiges empourprées sont plus débiles et plus allongées. Au mi- lieu de ces touffes chargées de capsules plus petites que dans l'espèce pré- cédente, croît l'Aypnum stramineum Dicks., aux longues tiges filiformes, qui contraste par sa couleur vert pâle et le Iuisant doré de ses feuilles avec la teinte glauque des Sphaignes sur lesquels il s'appuie, Le Sphagnwæcetis com- munis Nees (Jungermannia Sphagni Hook.) se trouve également associé aux Sphaignes.
A quelques mètres de là croissent en abondance, sur des mottes de terre formant comme de petits ilots dans ces marais, de larges touffes d’Aula- comnium palustre Schwægr., chargées de nombreuses fructifications et
(4) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 366.
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de rosettes mâles qui entr'ouvraient leurs feuilles périgoniales et laissaient voir les anthéridies.
L'Hypnuni aduneum se développe aussi non loin si là, et plusieurs touffes portaient quelques rares capsules.
Un peu plus loin et près de l'endroit où croît l’Æelodes palustris Spach, on récolte le Sphagnum cuspidatum Ehrh., espèce très-voisine du Spk. acu- tifolium Ehrh., mais qui ne présente jamais la teinte rosée, quelquefois pourprée, qu’on remarque dans cette dernière espèce, et qui s’en distingue en outre, à l’œil nn, par des feuilles ondulées. Cette Mousse, assez rare dans nos environs, était en très-bel état de fructification,
Nous avons retrouvé, dans le même endroit, le Sphagnum molluscuns Bruch, jolie petite espèce que j'ai déjà signalée en 1861, et qui mon- trait encore ses belles pelites capsules sphériques, d’un rouge orangé, dont les spores étaient déjà disséminées ; tandis que les autres espèces, beaucoup plus grandes, laissaient à peine entrevoir leurs capsules noirâtres, recouvertes encore de leur coiffe.
Le Sphagnum subsecundum Nees et Hornsch. est également assez abondant dans le marécage de Saint-Léger, mais on y trouve encore plus fréquemment la variété contortum, qui se fait remarquer par ses rameaux contournés et ses feuilles raméales tellement imbriquées de.toutes parts, à l’état sec, qu’on ne saurait confondre cette variété avec les espèces du même genre.
Une dernière espèce de Sphagnum se trouve aussi à Saint-Léger : c’est le Sphagnum rigidum Schimp., que les flores parisiennes ne citent pas. Cette espèce, qui garnit presque tous les rebords des rigoles pratiquées dans ces marécages et les parties d’où l’eau s’est retirée, ne peut être confondue avec ses congénères, dont elle se distingue par ses feuilles dressées et par ses touffes de 10 à 15 centimètres de hauteur, très-compactes et d’un blanc laiteux. Là aussi, dans les rigoles, viennent abondamment le Webera nutans Hedw., et, comme Hépatiques, les Cheiloscyphus polyanthus, Jungermannia crenu- lata et Calypogeia Trichomanes.
Nous avons cherché en vain le Sphagnum squarrosum Pers., signalé dans les flores, et l'Æypnum trifarium Web. et Mohr, qui, pour Chevallier, n'est qu'une variété de L’Æypnum stramineum Dicks. dont je viens de parler, Il était réservé à notre honorable confrère qui vient de quitter la présidence de notre Société de récolter, quelques jours plus tard, dans sa localité classique, le Splachnum ampullaceum 1. (1), que les herbes non encore coupées en juin avaient dérobé à nos recherches.
En quittant les parties stagnantes, nous nous trouvâmes sur un terrain tour- beux, mais desséché, qui nous offrit une véritable forêt de Polytrichum com- mune L., ayant des tiges de 20 à 25 centimètres de hauteur, Cette espèce,
(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 399.
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ainsisque M. Roze l'a très-bien fait remarquer dernièrement, a jusqu'ici été confondue avec le P..formosum Hedw., dont elle se distingue aisément, même à l’œil pu, par son opercule conique plus court et par ses capsules cu- biques à arêtes vives, tandis que le 2. formosum offre toujours un opercule assez long égalant très-souvent la capsule qui est elle-même plus allongée, quelquefois arrondie «et le plus souvent à 5 ou 6 plis longitudinaux.
Je n'ai jusqu'ici trouvé le P. commune L. qu'à Saint-Léger, Malesherbes et Montmorency, tandis que j'ai vu un peu partout le 2, formosum Hedw. C'est, en eflet, ce dérnier qu’on rencontre dans tous les bois sablonneux à Meudon, Chaville, Versailles, Fontainebleau, Viliers-Cotterets , etc, , -etcs L'herbier de Mérat; conservé au Muséum d'histoire naturelle de Paris, ne ren- ferme qu’un seul échantillon de 2. commune L., récolté à Montmorency, et encore ses longues tiges, de plus de 35 centimètres, sont-elles stériles. Tous les autres échantillons parisiens de l’herbier de Mérat se rapportent au P. formosum Hedw., quoiqu'ils portent la dénomination de P. commune. .
J'ai cherché vainement, sur les indications de M. Le Dien et d’après un échantillon récolté par M. l'abbé Dænen , le Dicranum Schraderi Schweægr., que l’éminent auteur du Zryologia europæa indique dans les régions monta- 'gneuses et subalpines. Tous les échantillons de Dieranum que j'ai récoltés dans les marécages se rapportent au Dicranum palustre La Pylaie. Ceux que j'ai trouvés un peu plus haut, entre les bruyères, en regagnant Poigny, n’of- frent que les caractères du Dicranum spurium Hedw. (stérile), que M. Le Dien indique seulement à Villers-Cotterets et que j'avais déjà récolté en bel état de fructification, à Fontainebleau, dans une excursion faite au mois d'avril dernier avec MM. Grœænland, Roze, Dalimier et de Mercey. J'avais quelques raisons de douter de l'existence du Dicranum Schraderi Schwægr. dans nos environs. Aussi, voulant m'assurer de son identité, ai-je prié M. l’abbé Dænen, qui a, indirectement il est vrai, fait ajouter cette Mousse à nôtre flore, de m'envoyer un des échantillons qu'il avait récoltés à Saint-Léger.
J'ai le regret de déclarer que l'échantillon adressé par notre honorable col- lègue de Dreux se rapporte à l’Aulacomnium palustre Schwægr., de même que celui qui se trouve dans l’herbier de notre collègue M. Lefèvre, et qui lui avait été donné par M. l'abbé Dænen. Cette jolie Bryacée croît, en effet, très-abondamment dans les marais de Saint-Léger; mais elle diffère sous plus d’un rapport du Dicranum Schraderi. Schwægr. qui, jusqu’à de plus heu- reuses recherches, devra être rayé de la flore parisienne,
En rentrant à Rambouillet, nous nous sommes dirigés sur l’étang du Seri- saye, mais l'heure avancée ne nous permit pas cette fois d'explorer avec soin cette localité. Je signalerai cependant, en passant, quelques espèces intéres- santes que j'ai récoltées sur les bords de cet étang. Nous y avons retrouvé les Sphagnum molluscum et rigidum déjà cités plus haut, et un Campylopus nou- veau pour notre flore, le C'ampylopus torfaceus Br. et Sch., dont les touffes
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étaient mêlées à une jolie petite Hépatique, le /ungermannia setacea, que je n’avais pas encore rencontrée dans. nos environs. Sur les talus fraîchement remués des rigoles de drainage, se développaient les individus mâles du Dicra- nella rufescens Schimp. qui se distingue du Dicranella varia Schimp. par sa teinte roussâtre, sa capsule dressée, symétrique, et par ses feuilles falciformes tournées du même côté. Nous avons trouvé encore en cet endroit de jolis échantillons de Pleuridium nitidum Br. et Sch., dont les petites capsules subaxillaires étaient encore recouvertes de leur coiffe.
Mais nos boîtes et nos poches étaient pleines d'une riche récolte, et l'heure avancée nous obligea de ne pas pousser plus loin nos recherches et de termi- ner une journée dans laquelle nous avions découvert quatre plantes nouvelles pour notre flore, et constaté de nouvelles localités pour d’autres Mousses assez rares déjà signalées dans les catalogues parisiens.
M. Le Dien dit que, s'il a cité le Dicranum Schraderi à Ram- bouillet, c’est sur la foi de M. Schimper, à qui avaient été soumis les échantillons qu’il a examinés dans lherbier de M. Cosson. Quant aux Polytrichum commune et P. formosum, il dit n’avoir jamais observé que l’une des deux espèces aux environs de Paris.
M. Bescherelle dit que Mérat a appelé Polytrichum commune var. pallidisetum le vrai P. formosum, qui est beaucoup plus commun aux environs de Paris que le P. commune.
M. Roze rappelle que le P. commune, qui forme d'énormes touffes dans les marais tourbeux, présente une urne à quatre angles énormes, tandis que le P. formosum, beaucoup plus spora- dique, mais très-répandu dans les terrains sablonneux, offre une urne à 4-6 angles.
M. Éd. Bureau, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante, adressée à la Société :
NOTICE DE M. l'abbé MIÉGEVILLE SUR QUELQUES PLANTES RÉCOLTÉES DANS LES HAUTES-PYRÉNÉES EN 1860-1862. :
(Notre-Dame-de-Garaison, 29 novembre 1862.) M. J. Gay, après avoir établi le fait de la croissance spontanée de son Ajax muticus aux Pyrénées, à la montagne d’Esquierry, termine ainsi sa commu-
nication insérée dans notre Bulletin (1) : « Ceci prouve, pour le dire en pas- » sant, que les Pyrénées n’ont pas dit encore leur dernier mot, et qu’elles ne
(4) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 279.
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» sont pas encore épuisées, malgré les nouveautés nombreuses qu’elles ont: » fournies à notre science depuis les publications de Lapeyrouse. » Tout porte à croire que l’éminent botaniste est dans le vrai, et que nos montagnes ren- ferment encore quelques richesses végétales qui ont échappé à tant d’explora- tions dont elles ont été l’objet. Mes récoltes de l’année peuvent en servir de démonstration péremptoire. J'ai à ma disposition des plantes qui m'intéres- sent au suprême degré. Quelques-unes me paraissent être des formes spéciales et non signalées jusqu’à ce jour par la science, à ma connaissance du moins, d'espèces connues depuis longtemps. Il y en a d’autres qui, sans être nouvelles pour la flore française, pourraient être de vraies nouveautés pyrénéennes. J'ose espérer que dans le nombre il se trouvera d’heureuses découvertes qui ne seront peut-être pas sans quelque valeur. C’est le motif qui me détermine à envoyer à notre Société ces raretés florales, avec une esquisse aussi abrégée que possible du résultat de mes études.
Mais, avant d'entrer en matière, ikne sera pas hors de propos d'exposer le programmé dans lequel j'ai l'intention de me circonscrire. Ce programme m'est tracé par un savant article de M. le docteur Gubler, inséré dans le Bal- letin de notre Société (1) : « Si je crois devoir protester, après d’illustres de- » vanciers, dit l’éminent confrère, contre l'introduction d’un grand nombre » d'espèces nouvelles dans le catalogue de nos flores, je me garderais bien » d’ailleurs de demander la suppression de toutes les formes décrites. Ces » formes, je les accepte sans peine, à la condition de les catégoriser et de » leur assigner leur véritable rang dans la nomenclature, Les considérer » comme non avenues, ce serait nier les résultats de l'observation ; les ranger » purement et simplement sous une dénomination spécifique commune, ce » serait, selon moi, établir la confusion sous prétexte de faire de la synthèse. »
Je crois, avec M. Gubler, que bien des espèces de création moderne doivent « descendre à l’humble rang de simples variétés. » Je crois, avec M. le comte Jaubert, que « remanier indiscrètement les anciennes espèces pour en tirer de » prétendues nouveautés à l’aide de différences impalpables, c’est s’appauvrir » sous prétexte de perfectionnement (2). » Je crois, avec l’un et l’autre, à la légitimité du cri d’alarme poussé par d’honorables confrères, à la vue des dévia- tions téméraires où vont se perdre tant d'amateurs de savantes minuties. Je crois que cette tendance exagérée, inaugurée par la systématique Allemagne, à di- viser et à subdiviser indéfiniment les types linnéens, est un danger sérieux pour notre belle science. Mais, s’il faut admettre, avec MM. Decaisne et Gubler, que «« les véritables espèces sont noyées dans la multitude des mauvaises », il faut aussi admettre, avec tout le monde, que les grands législateurs de la science, Tournefort et Linné, et tous les partisans exclusifs de leur école,
(1) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 198. (2) Jbid.s t: V, ps 9.
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confondent « dans une même dénomination certaines bonnes espèces parfaite- ». ment. distinctes ».. Il faut admettre qu’à ce point de vue la botanique des- criptive attend une amélioration, et que le mouvement analytique qui la pré- pare, au lieu d'être enrayé, doit être maintenu, à la condition d’être gouverné parles règles d'une sage synthèse qui en prévienne les écarts. Il me semble- rait.que la méthode la plus sûre consisterait à fondre les principes vrais des deux écoles, de l’école ultra-analytique et de l’école ultra-synthétique, «en re- jetant ce qu'elles ont.d’exagéré. La vérité est comme la vertu ; elle a peur des extrêmes.
Qu'il me soit. aussi «permis de faire observer que, si j'adopte des noms particuliers pour les plantes litigieuses ou inconnues, ce n’est que dans le but d'éviter la confusion à laquelle une distinction purement numérique m’expose- rait. On voudra bien n’y voir que des jalons qui doivent me diriger dans mon travail. Je n’entends nullement présenter comme-définitive une nomenclature qui n’est pour moi qu’un secours provisoire,
Quant à l’ordre de mes études, il m'est indiqué par la série dus familles naturelles généralement adoptée,
I. — C'est dans la ville de Cauterets, si renommée pour la vertu de ses eaux thermales, que j'ai récolté à la fin d'avril et.au commencement de mai les végétaux, dicotylédones qui vont m'occuper d’abord.
En première ligneparaît le CAPSELLA ALPEST RIS, dont je retracerai les carac- tères distinctifs. Pourvue d’une corolle. une fois plus longue que le calice gla- bre, uni à la base, à sépales lâches et purpurins, notre Crucifère a les anthères oyales. Sa grappe fructifère, assez courte, se compose d’un nombre assez res- treint de pédoncules filiformes, dressés à angle aigu. Le style, d’abord saillant, n'est jamais dépassé par les lobes de la silicule à peine échancrée au sommet, et presque aussi large que longue. Les feuilles. radicales, pétiolées, pennati- fides-dentées, à lobes internes triangulaires-aigus, et à lobe terminal -briève- ment ovale, se déploient en rosette élégante et plus ou moins diffuse: Les cauli- naires, pennatifides ou.dentées, embrassent la tige par deux oreillettes aiguës. C'est une plante gréle, de 2-8 centimètres, d’un veré terne’ et jaunâtre, mol- lement velue, à tige simple, à racine filiforme en fuseau.
Sans, parler de son style inclus, de sa silicule d’un-tiers plus longue que large, assez profondément échancrée, de sa grappe fructifère chargée de pédon- cules étalés à angle droit, des orcillettes courtes et arrondies de ses feuilles caulinaires, elc., on dirait que le Capsella Bursa pastoris de nos auteurs dif- fère surtout de notre €’. alpestris par la longneur-de sa tige de 2-4 décimè- tres et par le type.de sa physionomie luisante et verte.
Ce dernier caractère n’abandonne jamais la plante de Mæœnch, résistant en toute saison et en tout lieu, en hiver comme en été, dans les plus hautes ré- gions comme dans les terres basses, à ce perpétuel mouvement de polymor-
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phie qui n’épargne aucune de ses parties élémentaires. Je l'ai vue aussi fraîche, aussi succulente dans les vallées de la chaîne centrale de nos montagnes que dans les champs et les prés du bassin sous-pyrénéen. De son côté, le Cap- sella alpestris, d’une imperturbable invariabilité dans sa stature, ne change jamais de forme. Nulle différence entre mes exemplaires de la valite de Lu- tour et des bords du lac de Gaube, et mes échantillons recueillis le 47 avril beaucoup plus bas et à Cauterets même, soit près du Mamelon-vert, soit entre la rue.et le pont de la Raillère. Nos plantes végètent pêle-mêle dans ces deux dernières localités, et elles tranchent si bien par leur port, leur taille et leur aspect, que l'esprit doit se faire une sorte de violence pour souscrire à leur identité, Je viens donc prier mes savants confrères de Paris d'examiner si la petite. Crucifère doit rester dans le modeste rang de forme, ou si elle mérite d’être élevée. à la dignité d'espèce. Pour mon compte, j'aurais surtout. voulu comparer leurs graines ;. mais, leurs fruits n'étant pas mûrs lorsque je dus quitter Cauterets, cet élément a manqué à mon analyse,
A côté du Capsella alpestris. croît à Gauterets le VALERIANELLA PUSILLA. Cette épithète rend à merveille. l’exiguïté de sa taille et l'élégance de son port. La première vue de cette Mâche me fit.croire que j'avais sous la main un trésor précieux pour la science, Une étude plus attentive me confirma bientôt dans cette idée. Il me fut impossible, après lavoir maintes fois analysée, de la rattacher nettement à aucune des espèces décrites dans les Flores qu’il m'est donné de consulter. Comme il fallait se décider et que je ne pouvais me per- suader qu’une plante aussi commune eût échappé à tant d’habiles explora- teurs de nos montagnes, je finis par la désigner avec doute sous le nom de Valerianella olitoria. M. Bouteiller , professeur. à Provins (Seine-et-Marne), vient de m'écrire qu’il n'y à rien de moins certain que cette dénomination. J'adhère volontiers à l'opinion de ce savant botaniste ; je conviens avec lui que le synonyme hasardé se trouve faux. Qu'est-ce donc que notre: Va/erianella pusilla? Je Yignore complétement. Pour parvenir à une ‘détermination sûre, à une distinction positive des espèces de ce genre, il faudrait un rigoureux examen du fruit dans son entière maturité. Ne le possédant pas, je suis forcé d'ajourner cette opération à une époque plus opportune. Les amateurs seront cependant bien aises d’en retrouver ici une description prise sur le vif.
Le Valerianella pusillaest une plante de 3-8 centimètres, d'un vert tendre, à fleurs blanches légèrement lavées de bleu. Son inflorescence. consiste en corymbes serrés et plans, à rameaux dressés et peu divergents. Sa tige, un peu hispidulée sur les angles, n’est rameuse-dichotome qu'au sommet; et ce caractère, d’une persistance inaltérable, sépare déjà notre Valérianée de la plupart des Mâches connues en France, Quoique le péricarpe, à peine formé. et vu à la loupe, m’ait paru ovale et lisse, il serait téméraire de se prononcer sur ce point. Les bractées sont peu étalées, linéaires, arrondies au sommet, .ciliées et scarieuses à la base. Les feuilles sont entières et glabres ; les radicales rétré-
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cies en large pétiole et ovales en spatule, plus courtes et plus obtuses que celles du Valerianella olitoria ; les caulinaires inférieures, plus étroites, linéaires- spatulées ; les supérieures, linéaires-elliptiques, rarement dentelées à la base. Le Valerianella pusilla abonde au printemps dans les prairies qui bordent la route de la Raillère. C’est là que je le découvris, le 17 avril, en compagnie du Myosotis nanu.
Le MYoSOTIS NANA est une Borraginée de 2-6 centimètres, hérissée-soyeuse. Ses fleurs forment une courte grappe, nue ou feuillée, un peu lâche après l'anthèse. Le pédicelle fructifère inférieur est quelquefois plus long que le calice, les autres l’égalent ou en sont dépassés; plus ou moins appliqués contre l’axe de la tige, ils sont tous couverts de longs poils étalés. Le tube de la corvlle concave excède le calice fendu presque jusqu’à la base et chargé de soies courbées en hamecon dans le bas, droites dans le haut. Une membrane fine et pliée en dedans borde dans leur moitié supérieure les carpelles verts, luisants, presque aigus. Les feuilles sont d’un vert jaunûtre et très finement tuberculeuses ; les radicales, obovées, brièvement et largement rétrécies en pétiole ; les caulinaires et les florales oblongues, plus ou moins spatulées. La tige est droite, roide, simple ou rameuse ; la racine est fibreuse, extrêmement ténue, et annuelle, à
Dépourvu de leurs caractères-types, le Myosotis nana ne peut être soumis à une étude comparative avec les A. silvatica, alpestris et pyrenaica. Les seules proportions de leur corolle plane font de ces trois derniers une catégo- rie à part. Le A7. nana est loin de réunir les éléments constitutifs du #. #n- termedia où du M. hispida. H se rapproche sans doute de l’un et de l’autre, par l’exiguité et la délicatesse de ses fleurs, comme il se rapproche du M. py- renaica par sa lige droite et inflexible, par ses longues soies étalées et blan- châtres. Mais leur stature de 2-6 décimètres, le tube de leur corolle dépassé par celui de leur calice, les feuilles d’un vert sombre du premier, d’un vert gai du second, forment un contraste significatif avec les éléments correspon- dants de leur congénère. L’exiguité de sa taille invariablement naine, le carac- tère propre de sa physionomie et son extrême villosité éloignent le M. nana de tous les autres Myosotis de nos montagnes. 11 ne ressemble en rien au M. nana Villars. Les carpelles de la plante des hautes Alpes du Dauphiné présentent quatre faces à quatre angles, et les angles latéraux sont souvent hérissés d’un rang d’aiguillons. Une simple bordure lisse couronne les car- pelles du 7. nana des Pyrénées. Je ne serais point étonné que la science se décidât tôt ou tard à l’admettre comme espèce.
Les botanistes ne s'entendent guère au sujet d’un Primula que je nom- merai PRIMULA PYRENAICA. Cette belle plante se mêleaux Myosotis nana et au Valerianella pusilla dans toutes les prairies basses de Cauterets. Je l'ai maintes fois observée dans les prairies des vallées d’Isure et du Louron ; je sais qu’elle surabonde dans celles de Barréges et de Campan. D'après certains
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botanistes, elle ne serait point distincte du Primula officinalis. On ne peut être de leur avis lorsqu'on met en regard les exemplaires du P. pyrenaica et ceux du P. officinalis type, ou de sa variété ampliata Koch. Son calice, au lieu d’être ouvert et frès-enflé, est simplement campanulé et lâche. Je pense pour celte raison, avec M. Bouteiller, que /a plante des Pyrénées n'est certai- nement pas la plante provinaise ou parisienne. Celle-ci a d’ailleurs les fleurs petites et très-odorantes, tandis que le P. pyrenaica les a peu odorantes et de forme moyenne:
D'autres prétendent que c'est le Primula suaveolens Bertol., ou, ce qui revient au même, le P. Columnæ Tenore. Is assurent que d’habiles bota- nistes, ayant comparé la plante des Alpes à celle du Tirol, en ont reconnu l'identité. Mais la corolle de cette dernière, très-différente de la corolle de la nôtre, rend cette identité inadmissible. Dans le P. pyrenaica, le tube de la corolle dépasse évidemment celui du calice. Le contraire a lieu dans la plante de Tenore et de Bertoloni; car on lit dans Bertoloni (#7, atal. t, 11, p. 376): limbus corollæ parvus, concavus ; et dans Tenore (Syn. p. 88): corollis calyces maxime inflatos subæquantibus. Or ces caractères ne vont point à la plante des Pyrénées ; ils nous ramènent au ?. officinalis.
Enfin, M. Bouteiller m'écrit que « ma plante, n’ayant pas le calice enflé de » Primula officinalis, ne pouvait pas être évidemment prise pour le 2. Tom- » masinii, et que pour lui, s’il lui était permis d'émettre une opinion, il la » considérerait comme le P. elativr, à cause de sa corolle plane, de son » calice appliqué, vert sur les angles, blanchâtre et transparent dans les inter- » valles, à dents lancéclées-acuminées. Seulement, ajoute-t-il, je trouve ces » dernières plus courtes et moins longuement acuminées, comme vous le ver- » rez aux échantillons provinais que je vous adresse. » Je répondrai respec- tueusement au savant botaniste de Provins que le vrai ?. elatior, qui abonde dans nos montagnes, se distingue par son calice #rés-vert, à peine blanc dans les intervalles, très-serré contre la corolle, et à dents #rés- longues et très-aiguës. Or ces caractères sont peu saillants dans le P. pyre- naica, qui a en outre les fleurs plus petites et d’un jaune bien plus foncé, les feuilles plus vertes et plus allongées. Ces plantes constitueront toujours deux espèces bien tranchées pour quiconque les contemplera et les étudiera sur le vif.
Quant aux raisons qui font douter M. Bouteiller de l’identité du Primula pyrenaica avec le P. Tommasinii de la Flore de France, elles sont d’au- tant plus puissantes pour moi que les feuilles du premier n’ont point avec celles du P. officinalis cette conformité assignée comme caractère spéci- fique à sa plante par M. Grenier (de Besancon). A la même époque et sur le bord du sentier du Camp-Bascou, presque au point où on le quitte pour faire l'ascension du Monné, fleurit à Cautcrets une autre Primevère qui réunit exactement l'inflorescence du ?. pyrenaica ct la feuillaisoa du P, offci-
s
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nalis (4). Vraisemblablement, c’est la plante de notre pic de Lhéris, publiée, sous Ja dénomination de P. Tommasinii, par l’éminent botaniste que je viens de désigner.
En face de tant d'opinions diverses et de difficultés sérieuses, j'ai cru qu'il était de l'intérêt de la science d’éveiller sur ce point l'attention des botanistes français. Je prie en particulier mes honorables confrères de Paris de donner à notre Primevère une détermination définitive qui mette fin à nos incerti- tudes. La dernière des phrases de M. Bouteïller que j’ai eu l’honneur de citer insinue déjà à la science qu’elle pourrait être une bonne espèce, intermédiaire au Primula officinalis et au P. elatior.
Avant d’en finir'avec les plantes de Cauterets, qu’on veuille bien me per- mettre de nommer une petite Véronique que je trouvai le 2 mai dans l’im- mense et sauvage vallée de Lutour. Cette jolie plante, très-commune aux Pyrénées, se tient généralement dans les régions élevées. Cette année encore, je l'ai revuë pour la cinquième où sixième fois dans le beau plateau qui se déroule au pied du cirque de Trémouse, à 6 kilomètres environ de la cha- pelle de Notre-Dame-de-Héas. Ses tiges, couchées et radicantes dans toute leur longueur, rameuses et pourvues de radicelles:axillaires ; ses feuilles rap- prochées et presque orbiculaires ;: ses fleurs réunies en grappe courte et serrée, blanches et rayées de bleu, plus grandes et moins nombreuses que celles du Veronica serpyllifolia; nous disent déjà qu'il s’agit du Veronica tenella Allioni. Des auteurs du premier mérite la mentionnent seulement comme une forme du V. serpyllifolia. D’autres, non moins distingués, subjugués par l'importance des caractères que je viens d'exposer, ne peuvent s’empêcher d’y voir une excellente espèce. Si je ne me trompe, il y a bien autant de diffé- rence entre le V. fenella et le V. serpyllifolia qu'entre le Viola alba et le V. hirta, le Sedum Telephium etle S. Fabaria, V' Artemisia Villarsii et l'A. spicata, etc. Il me semble qu’on devrait replacer notre plante dans le poste d'honneur “que ve avaient assigné Allioni, Lapeyrouse et tant d’autres.
(La suite au prochain numéro.)
M. Duchartre rectifie et complète de la manière suivante la men- tion qu il a faite, dans la séance du 28 novembre dernier @} d’un Agaricus edulis gigantesque :
Ce n’ést pas M. Chevreul (comme on là imprimé par erreur), mais M, Ro- binet qui à fait connaître à la Société impériale d'Agriculture que M"° Mil- let, sa sœur, à trouvé dans une vigne à Genillé (arrondissement de J:oches, Indre-et-Lojre) un Agaricus edulis préséntant les dimensions suivantes :
(1) Je n’en possède qu'un seul exemplaire. (2) Voyez le Bulletin, t. IX, p. 447.
SÉANCE DU 16 JANVIER 1863. 31
Hauteur du pédicule ; 4, ::,.4,,,.4. om,14 Circonférence du pédicule, ,.,.....,. 0®,18 Diamètre du chapeau. ...........,. 0,35 Circonférence du chapeau. . ::...... 4,00 POS nt 0 -msires PI UT 4 kilogr.
M. Eugène Fournier, secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société ;
SUR LES ORGANES DE LA FRUCTIFICATION DU NIJELLA STELLIGERA Bauer, par M, Alph. de ROCHEBRUNE.
(Angoulême, 29 octobre 4862.)
Le Vitella, stelligera Bauer., par la présence d'étoiles d’un blanc d'ivoire situées aux articulations les plus inférieures des tiges, étoiles constituées par l'avortement des ramuscules des verticilles soudés en une masse crustacée (1), avait vivement captivé l'attention des. botanistes à cause même de cette con- formation assez rare chez lesGharacées, et que cependantdes études ultérieures ont établie comme caractéristique, avec certaines modifications toutefois, de plusieurs espèces, spécialement dans le genre Chara (2).
Les stations du !V. séelligera sont situées sur un assez vasté rayon, d’après les indications mêmes de Wallman, qui le signale en France, en Allemagne, en Bohême, en Russie, etc. (3).
Cependant, malgré ces stations nombreuses et surtout son extrême abon- dance dans les localités qu’il affectionne, eaux stagnantes profondes, fleuves et rivières à courant tranquille, le !V. stelligera n'est encore aujourd’hui que très-imparfaitement connu, car les organes dela -fructification, dans lesquels résident des caractères essentiels,ont été ou mal décrits parles auteurs qui les ont vus, ou bien ont échappé aux recherches des exp'orateurs.
Les anthéridies, dont nous ne trouvons que quelques! mots les concernant
(1) Coss. et Germ, de.S'-P, F1, par. édit, 1, p. 681.
(2) Les différentes notes de M. Durieu de Maisonneuve publiées, au Bulletin. t Vi, p:479;et't. NII p: 627, ‘ont démontré la présénce de bulbilles sur un assez grand nombre de Characées. Ces buibilles sont ou simples ou composés ; simples notamment chez le Chara aspera Willd.; composés chez le Chara fragifera, DR., qui, par, excep- tion, en présente parfois de simples mélangés avec les compüsés.
Le Chara aspera était jusqu’à présent la seule espèce connue présentant üriiquement des bulbilles unicellulés sans mélange de bulbilles composés ou, bulbilles, normaux. Nous devons signaler une seconde espèce présentant le même fait. Le Chara alopecu- roides ! Del., que nous avons découvert il y a deux années dans les marais salants de la Chareste-Inférieure, de même que le Chara aspera;, présente uñiquement et toujours une innombrable quantité de bulbilles unicellulés, identiques en tous points avec ceux de ses congénères.
C’est un fait qui nous semble présenter un haut intérêt et que nous nous empressons de signaler simplement, en attendant de soumettre à la Société un travail sur cette rare etcurieuse espèce. F
(3) Wallman, Essai syst. des Characées, p. 34.
32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
dans Wallman (loc. cit.), et dont les flores ne disent rien, n'ont jusqu'ici jamais été observées sur des échantillons français. Quant aux nucules, tou- jours d'après Wallman, le petit nombre d'exemplaires qui ont été découverts sont, sans exception, dé provenance française, et dans une note (/oc. cit.) il signale les savants auteurs de là Æore parisienne comme les seuls qui aient observé ces nucules.
Nos recherches quotidiennes sur les Characées des deux Charentes nous ont fourni le moyen de rencontrer, pourvus d’anthéridies et de nucules, d'in- nombrables échantillons de N. stelligera.
D'un côté, les caractères différentiels existant entre les nucules des échan- tillons charentais et les descriptions des auteurs ; de l’autre, la découverte d’anthéridies sur les sujets recueillis dans nos contrées, découverte que nous croyons pouoir signaler comme la première qui ait été faite en France, nous font un devoir d'en informer la Société et de donner une description succincte de ces organes peu connus.
ANTHÉRIDIES. — Beaucoup plus grosses que dans les autres espèces (plus grosses que leurs propres sporanges), bien plus molles, de forme moins parfai- tement sphérique et comme déprimées ; le plus grand diamètre existant dans le sens de leur équateur presque saillant ; beaucoup plus pâles (rouge brique), inégalement colorées et tachetées le plus souvent par le retard que met à passer du vert au rouge la couche obchromule en grains qui tapisse la partie interne des cellules formant la carapace.
Le cercle transparent donné par lépaisseur transversale des cellules de l'enveloppe paraît plus étroit que dans la plupart des autres espèces, relative- ment au diamètre total de l'anthéridie.
Les flagellum, où rubans porte-anthérozoïdes, ont une épaisseur égale à ceux des anthéridies bien plus petites des autres espèces.
Nous nous sommes convaincu, par des observations faites à diffé- rentes époques, que l’âge n’influe en rien sur la constitution de ces anthé- ridies.
Les anthéridies du !V. stelligera, comme on le voit, diffèrent sous très- peu de rapports de celles des autres espèces du genre. Quant à la position qu'elles occupent, elle a été très-bien définie par Wallman (/oc. ert.), seule description du reste qu'il en donne: Antheridiis in divisuris solitariis geminisve.
NucuLes. — Nous avons établi plus haut qu’il existait des différences assez uotables entre les nucules des échantillons charentais et celles décrites par les auteurs. En effet, Wallman les caractérise : Vuculis solitariis sub-5- striafis, et en cela il semble ne donner qu'une traduction de la diagnose de MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre (loc. cit.) avec une imperceptible modification : Sporanges solitaires au niveau des bractées, ovoides, à 5 stries.
SÉANGE DU 16 JANVIER 1863. 33
La description de M. Boreau (1) est en quelque sorte identique : Sporanges solitaires, presque à 5 stries.
Les nombreuses nucules observées sur nos échantillons doivent être ainsi caractérisées : Nuculis solitariis geminisve, rotundatis 5-8-striatis,
Les nucules du N. stelligera charentais présentent une forme arrondie sphérique, et non pas ovoide ; elles sont terminées par une pointe obtuse, géminées très rarement solitaires, et non pas toujours solitaires au niveau des bractées, lesquelles sont presque toujours avortées ; 5-8 stries, le plus généralement 8, et non pas loujours 5 stries.
Le N. stelligera se rencontre dans la Charente par touffes très-volumi- neuses, dans les endroits les plus profonds, où il forme des îlots parfaitement limités et échelonnés sur un espace de 800 mètres environ.
D'une couleur vert olive intense, il ne présente que rarement de légères traces d’incrustation; les organes reproducteurs commencent à se montrer à la fin d'avril et subsistent jusqu’à la mi-octobre.
Ua fait qu’il est important de signaler, c'est l'abondance ou la rareté des bulbilles stelliformes en raison de l'abondance ou de la rareté des organes re- producteurs. Tous nos échantillons pourvus de ces organes présentent, il est vrai, des étoiles, mais en nombre moins considérable et de forme moins ro- buste que les rares touffes non fructifères. De plus, le nombre et le volume des étoiles semblent diminuer en raison de l'accroissement et de l'apparition des nucules et des anthéridies.
Nous avons recueilli des échantillons bordelais couverts de magnifiques étoiles sans aucune trace d'organes reproducteurs.
Nous sommes porté à considérer ce phénomène comme une sorte de ba- lancement organique, balancement que l’on peut constater sur d’autres espèces de la famille des Characées.
(4) Flore du Centre, édit, 3, p. 754. \
3h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863.
PRÉSIDENCE DE M. FE, COSSON.
M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 16 janvier, dont la rédaction est adoptée :
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l’admission de :
M. Gaunerroy (Eugène), attaché au ministère de l'intérieur, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève , 35, à Paris, pré- senté par MM. Bescherelle et Roze.
M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations.
M. le Président annonce aussi à la Société la mort regrettable de M. Eugène Pouchet, l’un de ses membres, décédé à Saint-Yon (Eure) en juillet 1861; la nouvelle de cette perte n’est parvenue que récemment à la connaissance du Bureau. — M. Eug. Fournier donne lecture de l’extrait suivant d’une lettre qu’il vient de rece- voir à ce sujet de M. Malbranche (de Rouen) :
M. Pouchet était surtout numismate : il possédait une collection remar- quable de médailles, et il était parfaitement au courant de leur valeur, Il avait formé un herbier de plantes spontanées et cultivées, au classement duquel j'avais beaucoup coopéré. 11 se plaisait à herboriser, et se montrait souvent infatigable pour de longues et patientes recherches dans les marais et les bois qui avoisinaient sa propriété (marais Vernier et forêt de Brotonne), et dont il connaissait les plus secrètes localités. 11 cultivait, dans un petit coin spécial de son jardin, des plantes rares françaises ou étrangères, qu’il entourait de soins particuliers et qu’il montrait avec une certaine satisfaction. Je me rappelle, entre autres, le Jeffersonia, qui fructifiait très-bien et qu’il m’apporta pen - dant plusieurs années, Vous savez avec quelle affabilité il exerçait l'hospitalité,
et combien il était heureux de faire les honneurs des localités botaniques de sa contrée.
Lecture est donnée d’une lettre de M. Ch. Fermond, qui remercie la Société de l'avoir appelé aux fonctions de vice-président. Dons faits à la Société :
1° De la part de M. Al. Braun : Ueber die Bedeutung der Morphologie.
SÉANCE DU 930 JANVIER 1863. 3 Zwei Deutsche Isoètes-Arten. Index seminum Horti botanici berolinensis (suivi d'un Appendiz, 1861). De genere Armeriæ dissertatio inauguralis, auct. Fr. Petri. % De la part de M. R. Caspary : Ueber die Gefæwssbuendel der Pflanzen. 3° De la part de M. Alph. de Rochebrune : Observations sur le Cypris fusca. n° De a part de M. Todaro : Index seminum Horti regii panormitani, 1862. 5° De la part de M. le docteur P. Sagot : Principes généraux de géographie agricole. 6° De la part de M. Hanstein : Ueber eine Neuhollændische Mursilea. 7°. De la part de la Société d’'Horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, septembre-octobre 1862. 8° De la part de la Société d'Horticulture et d’Arboriculture de la Côte-d'Or : Bulletin de cette Société, septembre-octobre 1862. 9 De la part de la Société Smithsonienne : Report of the Commissioner of patents (Agriculture) for 1861. 10° En échange du Bulletin de la Société :
Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, cinq numéros.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, décem- bre 1862.
Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, décem- bre 1862,
L'Institut, janvier 1863, deux numéros.
M. Ed. Bureau fait à la Société la communication suivante :
ÉTUDES SUR LES GENRES REY£SIA ET MONTTEA CL Gay, ET OBSERVATIONS SUR LA TRIBU DES PLATYCARPÉES DE M. MIERS, par M. Édouard BUREAU,
On doit à M. CL Gay la connaissance des deux genres qui font l’objet prin- cipal de cette notice et qui se composent chacun d’une seule espèce. Il les
36 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
décrivit et les figura dans sa Flore du Chili (Historia physica y politica de Chile, Botanica (Flora chilena), tomo cuarto, 4847, pp. 416-418; Atlas botanico, lamina 51-52). Ces genres s’y trouvent placés dans l’ordre des Bignoniacées, après l'£ccremocarpus; mais l'auteur n'indique pas à quelle tribu de l’ordre ils lui paraissent devoir appartenir.
Il n'existe pas, à ma connaissance, d’autre description des genres Monttea et Reyesia que celle du Flora chilena. Les auteurs qui les ont mentionnés depuis sont en très-petit nombre, et aucun ne paraît les avoir étudiés sur nature. -
Walpers, dans ses Annales botanices systematiéæ (t. TIF, 1852-1853, pp. 92-93), conserve ces deux genres dans l’ordre des Bignoniacées, et les met dans la tribu des Eccrémocarpées, sans doute à cause de la place qu'ils occu- pent dans l’ouvrage de M. Gay. Mais un point d'interrogation placé devant chacun d’eux indique que, pour Walpers, leur place dans la classification est loin d’être définitivement fixée. :
M. Miers (Observations on the Bignoniacecæ, in The Annals and Magazine of Natural History, vol. VIT, n° 39, p. 166), paraît, au contraire, ne pas éprouver d’hésitation pour classer le Monftea et le Reyesia ; il les réunit au genre Orycladus, décrit par lui-même, ainsi qu'aux genres Platycarpum et Henriquezia, pour en former, dit-il, une tribu naturelle de l’ordre des Bigno- niacées, sous le nom de Platycarpeæ. Le caractère distinctif de cette tribu serait, suivant M. Miers, d’avoir un ovaire formé de deux feuilles carpellaires portant des ovules sur leur nervure médiane, et réunies dos à dos de manière à former un ovaire à deux loges (L. c. p. 165). Examinons s’il est possible d'admettre une telle hypothèse.
D'abord cette position des ovules serait quelque chose d'unique dans le règne végétal. Toutes les fois, en effet, qu’une loge ovarienne est formée par une seule feuille carpellaire et contient plusieurs ovules, on peut remar- quer que les ovules sont placés près des bords de cette feuille. C’est là une règle très-générale. Je ne connais que deux petits ordres naturels qui y fas- sent exception : les Nymphéacées et les Butomées. Eh bien! dans ces deux ordres, où les ovules semblent couvrir toute la paroi intérieure du car- pelle , et qui se rapprochent ainsi de l’organisation attribuée par M. Miers à ses Platycarpées, dans ces deux ordres, dis-je, la nervure médiane du car- pelle est précisément dépourvue d’ovules. L'hypothèse de M. Miers me paraît donc, comme je le disais, une chose sans exemple en botanique et peu en harmonie avec les faits observés jusqu'ici.
La position relative que M. Miers assigne aux deux carpelles qui forment l'ovaire de ses Platycarpées n’est pas moins anomale que l’origine supposée des ovules sur la nervure médiane de chaque carpelle. The midrils of the carpels are disposed back to back, dit-il : « les nervures médianes des cargelles sont disposées dos à dos. » Par conséquent, suivant l’auteur que nous citons, les
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 37
bords des feuilles carpellaires sont tournés du côté extérieur de la fleur, c’est- à-dire que la position qu’occuperaient les carpelles serait précisément l'inverse de celle qu’ils ont dans toutes les plantes connues : Nymphéacées, Butomées, Liliacées, Renonculacées, Malvacées, Euphorbiacées, Apocynées, Scrofulari- nées, Loganiacées, Gentianées, Bignoniacées même (voy. Payer, Zraité d'or- ganogéntie comparée de la fleur, p. 589, pl. 151), etc., etc. Je ne connais pas, je le répète, dans le règne végétal tout entier, un seul exemple de la structure indiquée ici par M. Miers.
J'ai même peine à comprendre comment pourrait se former un ovaire de cette sorte. Les deux feuilles carpellaires dont il est composé naîtraient-elles avec la face, qui naturellement devrait être inférieure, tournée en haut ? C’est à peine si l’on ose émettre une pareille supposition, tant elle est contraire à tout ce qu'on connaît, et je ne vois pas la nécessité d’invoquer une exception si étonnante pour expliquer un ovaire ne présentant en somme aucune différence notable avec ceux qui, dans des groupes voisins, sont incontestablement produits par des carpelles soudés bords à bords.
Les feuilles carpellaires se tordraient-elles après leur naissance pour se mettre ainsi dos à dos? Mais ces feuilles n’ont pas de pétiole sur lequel elles puissent se tordre, et, si elles se tordent sur le limbe (ce qui ne doit pas leur être facile), il devrait rester dans l'ovaire adulte quelque trace de cette énorme torsion. Comment, d’ailleurs, admettre ici une torsion spontanée, quand nous voyons les feuilles ordinaires montrer une sorte d’antipathie pour cette position ren- versée ? Tout le monde sait que si l’on réussit à maintenir, pendant un temps quelconque, une feuille la face supérieure en bas et qu’on l’abandonne ensuite à elle-même, cette feuille ne tarde pas à reprendre sa position habituelle.
Il ne reste plus qu’une hypothèse possible pour expliquer la structure d’un ovaire tel que le comprend M, Miers : c’est que les feuilles carpellaires, nées dans une situation normale, se recourbent de telle sorte que leur face inférieure devienne concave et forme la paroi intérieure de la loge. Mais, dans ce cas, les ovules seraient portés par le côté inférieur de la nervure médiane du carpelle, ce qui serait encore bien plus anomal que de les voir naître de son côté supé- rieur, D'ailleurs, je ne crois pas que M. Miers ait recours à cette explication, puisqu'il dit formellement que les nervures médianes de ses carpelles sont dos à dos (back to back), et que, dans la dernière supposition, elles seraient face à face,
Si les lois générales qui président à l'origine et à la situation relative des parties constituantes du gynécée sont contraires, nous venons de le dire, à l'interprétation morphologique que donne M. Miers de l'ovaire des genres appartenant à sa tribu des Platycarpées, la comparaison directe de l'ovaire de ces genres avec le même organe dans les autres plantes gamopétales n’es pas plus favorable à cette manière de voir.
- L'organogénie florale des gamopétales commerce à être assez bien connue,
38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
et cet immense groupe a présenté une grande uniformité dans la composition de l'ovaire. Lorsque l'ovaire est formé de deux carpelles, l’un de ces carpelles est placé du côté de l'axe de l'inflorescence et l'autre du côté de la bractée. 1] en est de même des loges, lorsque l'ovaire en a deux, puisque, dans ce cas, chaque carpelle forme une loge. 11 est excessivement rare que les loges de l'ovaire soient latérales, comme M. Miers les représente dans ses Platycarpées. Mais, qu'il y ait une loge ou qu'il y en ait deux, les carpelles se regardent par leur face supérieure ; ils sont soudés bords à bords, et leurs sommets, soudés comme le reste, s’effilent pour constituer le style et le stigmate. Celui-ci, qui est généralement bilobé ou bilamellé, appartient donc, par moitié, à deux carpelles différents, chaque carpelle formant un des lobes ou une des lamelles. La forme des stigmates traduit ainsi le plus souvent la position des carpelles et des loges.
Or, dans le genre Henriqguezia, le stigmate est formé de deux lamelles, l’une du côté de l’axe et l’autre du côté de la bractée ; dans le genre Æeyesia, il se compose de deux lobes très-différents l’un de l’autre, comme nous le verrons plus loin, et ces deux lobes sont encore l’un antérieur et l’autre pos- térieur. Dans le Monttea, le stigmate, n'étant pas lobé, ne peut rien nous apprendre, et je n'ai pas vu celui du Plutycarpum, quoique j'aie pu analyser des fleurs de ce genre.
Ce premier examen peut donc déjà faire présumer que les carpelles et les loges sont antéro-postérieurs, et, en effet, j’ai pu m'assurer que telle est leur position dans les genres Platycarpum, Henriquezia, Monttea et Reyesia. Je n'ai pas observé le genre Oxycladus (qui n'existe pas à Paris), mais il est plus que probable, vu son analogie extrême avec le genre Monttea, que son ovaire est construit de la même façon.
En un mot, le pistil des genres en question ne présente rien qui puisse faire supposer que ses carpelles constituants aient une position différente de celle qu’ils occupent dans la généralité des plantes gamopétales à ovaire bilo- culaire.
Non-seulement la tribu des Platycarpées de M. Miers ne se distingue pas par une structure particulière de l'ovaire, mais elle est en réalité composée de genres qui appartiennent à des familles différentes. Les Æenriquezia et Platy- carpum sont pourvus de stipules, et leur ovaire est infère, quoique le fruit, se développant surtout aux dépens de la partie supérieure de l'ovaire, s'élève bien au-dessus du calice.
M. Seemann (7he Ann. and Mag. of Nat. Hist, vol. IX, p. 195) a donc eu raison de penser que ces genres seraient mieux placés entre les Rubiacées et les Loganiacées. Ce sont pour moi de véritables Rabiacées : l’existence d’un fruit en partie supérieur au calice n’est pas, il me semble, une raison suffisante pour l'emporter sur le caractère important tiré de l'insertion des étamines et les séparer de cet ordre,
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 39
Le même fait se présente dans les genres Witreola et Mitrasacme, que j'ai rangés autrefois dans les Rubiacées, et qui forment, comme les deux genres en question, un passage des Rubiacées aux Loganiacées.
On pourra donc conserver la petite tribu des Platycarpées de M. Miers, mais elle sera réduite aux deux genres Platycarpum et Henriquezia, et elle devra être portée dans l’ordre des Rubiacées. Elle sera caractérisée par son fruit, en partie supérieur au calice, par l'existence de quatre ovules dans chaque loge, et par un caractère singulier qui, je crois, n'a pos encore été indiqué : c'est que les fleurs, légèrement irrégulières, sont résupinées, comme celles du genre Zogania et des Papilionacées. Le calice a l’un de ses lobes tourné du côté de la bractée, deux lobes (libres dans le P/atycarpum, soudés dans les Æenriquezia) du côté de l'axe, et enfin deux latéraux. Pour la corolle, c’est l'inverse : c’est-à-dire que l’un des lobes est en face de l'axe, et que la bractée répond à l’intervalle de deux lobes. Enfin les cinq étamines sont superposées aux lobes du calice : il y en a une en avant, deux en arrière et deux latérales.
Si M. Miers, n’ayant pu observer par lui-même quelques-uns des types qu'il a cru devoir faire entrer dans ses Platycarpées, s’est trouvé avoir réuni dans cette tribu des genres hétérogènes, il a rendu cependant un véritable service en montrant l’analogie extrême qui existe entre les genres Oxycladus et Monttea.
M. Seemann pense être à même de prouver l'identité de l’'Oxycladus et du Aeyesia ; je pense qu'il a voulu dire de l’'Oxycladus et du Monttea, car le Æeyesia est très-différent des deux autres genres, quoiqu'il appartienne à un même groupe naturel.
Ce phytographe distingué paraît n'avoir pas non plus étudié sur nature le Monttea et le Æeyesia. H ne s’est pas prononcé sur la place qu'ils doivent occuper, et les a laissés avec l’Oxycladus à la suite du tableau de sa classifi- cation des Bignoniacées, sous le titre : Genera incertæ sedis.
Plus heureux que la plupart des botanistes qui en ont parlé, j'ai pu étu- dier le Monttea et le Reyesia sur les échantillons mêmes qui ont servi à l'éta- blissement de ces deux genres, et qui ont été offerts par M. CL Gay au Muséum d'histoire naturelle de Paris. L’incertitude qui régnait jusqu'ici sur les véritables affinités de ces genres m’a engagé à en faire un‘examen attentif. J'ai pu ainsi reconnaître quelques détails d'organisation qui n'étaient pas encore signalés, et qui me paraissent de nature à mieux préciser la place que doivent occuper le Monttea et le Reyesia dans la classification naturelle,
Le Reyesia chilensis est une plante d'un pied de haut, à souche épaisse, ligneuse, très-courte, grisâtre, émettant un grand nombre de rameaux grêles, glabres, entremélés, parfaitement dichotomes. Les fleurs sont terminales: c'est-à-dire que chaque rameau, à quelque ordre qu'il appartienne, émet
L0 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
deux branches opposées avant de se terminer par une fleur solitaire. Mais les deux rameaux résultant de chaque dichotomie ne sont pas égaux : l’un est plus fort et plus long que l’autre, de telle sorte qu'il rejette en avant la fleur terminale et donne à son pédicelle l'apparence d’un ramuscule né en dehors de la dichotomie. Comme cette inégalité se reproduit à chaque bifurcation et toujours du même côté, l’axe résultant de la succession des rameaux les plus forts finit par s’incurver, comme le ferait une cyme scorpioïde. Ce mode de ramification est, en effet, exactement intermédiaire entre la dichotomie à rameaux égaux et la cyme scorpioïde, dans laquelle un des deux rameaux qui prennent naissance à chaque nœud est réduit à sa plus simple expression. Chaque rameau du Reyesia vaît à l’aisselle d’une feuille, mais le plus fort se soude avec sa feuille axillante, ou du moins l’entraîne de telle sorte qu’elle semble naître à une hauteur de 2 à 5 millimètres au-dessus de la base de ce rameau. La feuille à l’aisselle de laquelle naît le rameau le plus faible ne quitte jamais sa position normale. Les deux feuilles qui, en réalité, appartiennent à une même paire, ne paraissent donc point régulièrement opposées, et semblent être portées, an contraire, par des axes d'ordre différent,
Ces feuilles sont tellement petites qu’au premier abord la plante paraît en être dépourvue. Elles n’ont guère plus de 2 millimètres de long, et sont ses - siles, caduques, linéaires-aciculaires, obtuses au sommet, et garnies sur leurs bords de quelques rares poils glanduleux, visibles à la loupe seulement. Chaque fleur est portée sur un pédoncule long et grêle, Ce pédoncule est glabre dans toute sa partie inférieure ; mais, dans le hant, il se recourbe en avant, et, dans ce point, il porte des poils glanduleux assez longs.
Le calice est hérissé des mêmes poils que le haut des pédoncules ; il est gamosépale, campanulé, divisé presque jusqu’à sa moitié en cinq dents à peu près égales, linéaires-lancéolées, un peu courbées au dehors, obtuses et légè- rement calleuses au sommet. Sa préfloraison me paraît valvaire induplicative.
La corolle, de 1 centimètre de long (quatre à cinq fois plus longue que le calice), est infondibuliforme; son tube est cylindroïde dans ses 3/5 inférieurs environ et élargi dans ses 2/5 supérieurs ; son limbe est partagé en cinq divi- sions linéaires-lancéolées, obtuses, à bords infléchis et en préfloraison valvaire induplicative. Les quatre postérieures sont égales et ont 4 millimètre et demi environ de longueur ; l’antérieure est d’un tiers au moins plus longue que les autres. Toutes les cinq sont dressées.
L'’androcée se compose de quatre étamines insérées sur le mbe de la corolle dans le point où il commence à s’élargir. Elles sont glabres, et leurs filets sont presque droits. De ces quatre étamines, deux sont d’un, tiers plus courtes que les autres et tout à fait incluses : ce sont les antérieures; elles sont situées à droite et à gauche du grand lobe de la corolle. Les deux autres sont placées entre les lobes latéraux et les lobes postérieurs ; elles dépassent un peu la gorge de la corolle, I! n’y a pas trace de la cinquième étamine, qui
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devrait se trouver entre les deux lobes postérieurs. Les anthères sont intror- ses, à deux loges largement ovales, courtes, obtuses, arquées, qui sont unies seulement par leur sommet, s'ouvrent chacune par une fente longitudinale et sont couvertes de petites papilles qui à la loupe les font paraître chagrinées. Ces deux loges sont égales dans les grandes étamines, mais les étamines les plus courtes ont la loge postérieure de leurs anthères constamment plus grosse que l’autre.
Les caractères que présente l'androcée dans le genre Reyesia sont, on le voit, fort anomaux, puisque la didynamie s’y présente en quelque sorte dans un sens renversé. Les étamines qui sont les plus courtes dans le Aeyesiu sont habituellement les plus longues dans les plantes à étamines didynames ; et les étamines qui sont les plus courtes dans ces dernières sont devenues les plus longues dans le Xeyesia. L'inégalité des loges dans les anthères des éta- mines antérieures est encore un fait très-exceptionnel.
Si l'on cherche la cause de ces anomalies, on la trouve dans la forme curieuse que prend la partie supérieure de l’organe femelle.
Le style est simple, grêle, droit et glabre; il s’élargit à sa partie supé- rieure en une sorte de spatule membraneuse, concave, ou de cuiller légère- ment cordiforme, qui est recourbée en avant, à angle droit avec la partie filiforme du style. Le stigmate contribue aussi évidemment à former cette dilatation, car le bord de la cuiller est garni, dans presque toute son étendue, mais surtout en avant, de papilles stigmatiques, et se continue avec le lobe antérieur fort aminci du stigmate.
Le lobe postérieur est situé au-dessus de l'échancrure peu profonde qu’on remarque à la partie antérieure de la dilatation : c’est une sorte de bouton arrondi, oblus, qui termine la partie principale du style, laquelle se continue sur le dos de la cuiller et y forme une côte longitudinale très-saillante. Gette côte repousse un peu en avant la ligne médiane de la partie membraneuse, de telle sorte que la concavité de la cuiller se trouve subdivisée en deux légères dépressions latérales.
En un mot, le lobe antérieur du stigmate et la partie antérieure du style contribuent seuls à former la dilatation ; la partie postérieure du style et le lobe postérieur du stigmate n’y prennent aucune part.
Le style, ainsi configuré, passe derrière les étamines antérieures, et, se recourbant brusquement en avant, applique sur leurs anthères sa partie dila- tée et stigmatique. Tel est certainement l'obstacle qui s’est opposé à l'allonge- ment des deux étamines antérieures. Leur brièveté ne doit donc pas être attribuée à une tendance naturelle à l'avortement ; c’est l'effet d’une cause toute mécanique.
Chacune des deux dépressions qui forment la concavité de la cuiller que j'ai décrite reçoit le sommet d'une des anthères. Celles-ci se trouvent ainsi solidement fixées et ne peuvent échapper, en glissant à droite et à gauche du
2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
style, à la compression qui agit sur leur sommet; à mesure qu’elles grossis- sent, elles se trouvent comprimées l’une contre l’autre, les petites papilles qui couvrent leurs loges s’enchevêtrent, et ces deux anthères finissent par adhérer ensemble.
. Par une sorte de compensation, les deux étamines postérieures, qui n’ont rencontré aucun obstacle, deviennent plus longues qu’elles ne le sont dans l'immense majorité des plantes à étamines didynames. Leurs anthères, qui n’ont point été serrées l’une contre l’autre, ne sont nullement adhérentes.
Reste à expliquer l'inégalité des deux loges des anthères antérieures. Ici il faut renoncer à faire intervenir une action mécanique. En effet, les loges postérieures de ces anthères sont les plus grosses ; or ce sont elles qui , dans l'hypothèse d’une inégalité causée par la compression, devraient être les plus petites, car ce sont elles qui sont appliquées et pressées contre le stigmate; les loges antérieures sont presque entièrement en dehors de la cuiller stigma- tique,
C’est donc, je pense, à une action physiologique qu’il faut attribuer l'excès de volume des deux loges postérieures. Coiffées comine elles le sont par le stigmate, ces deux loges doivent servir à la fécondation de la manière la plus efficace. La fente par laquelle se fait leur déhiscence est cachée dans la con- cavité de la cuiller décrite ci-dessus, et le pollen ne peut s'échapper sans tou- cher aux papilles stigmatiques qui couvrent le pourtour de cette cuiller, La fente par laquelle s'ouvrent les loges antérieures de ces deux étamines est au contraire tout à fait à découvert, située au-dessous du stigmate, et le pollen contenu dans ces loges peut s'échapper sans rencontrer l'organe destiné à le recevoir. Le volume des loges postérieures est donc en rapport avec l’impor- tance de leurs fonctions ; ce volume ne peut guère avoir d'autre cause que le stimulus produit sur cette partie de l'organe mâle par le contact immédiat et permanent de l'organe femelle et læ plus grande. énergie vitale qui en est la conséquence. Il est inutile d'établir ici avec des faits pris dans le règne animal une Comparaison qui vient naturellement à l'esprit, mais cette réaction de la fonction sur l'organe mérite d’être notée en botanique, car le règne végétal en fournit très-pen d'exemples,
L'ovaire du Æeyesia est glabre , ovoïde, et entouré à sa base par un disque en forme de cupule, dont le bord porte à droite et à gauche une forte protu- bérance obtuse, Cet ovaire présente deux loges : l’une antérieure et l’autre postérieure. Chacune renferme un placenta axile, assez gros, portant de onze à vingt ovules anatropes, formés d’un nucelle et d’une seule enveloppe, dressés, avec le raphé en dedans et le micropyle en dehors et en bas.
Le fruit est une petite capsule ovoïde, longue de 2 millimètres 1/2, à déhiscence loculicide et à valves par conséquent latérales; mais ces valves, qui sont très-minces, se fendent dans leur moitié supérieure ou même plus profondément, de sorte que la capsule paraît s'ouvrir par quatre valves.
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. Lh3
La cloison tout entière se sépare du péricarpe et porte sur chacune de ses deux faces un placenta axile, assez saillant, couvert de graines disposées comme les ovules. Ces graines sont très-petites, polyédriques et diversement comprimées les unes par les autres. Leur testa est aréolé, papilleux. Celles que j'ai vues n'étaient pas mûres et ne contenaient pas d’embryon, Je ne sais si, dans ce genre, il existe un périsperme.
D'après les observations que je viens d'exposer, les caractères du genre Reyesia me paraissent devoir être modifiés comme il suit :
REYESIA CI. Gay F1. chilena, t. IV, p. 418; Atlas botanico, lamina 52.
Calyx campanulatus, 5-partitus ; laciniis subæqualibus, una postica. Corolla infundibuliformis, tubo basi cylindrico, sursum ampliato ; limbo 5-lobato, lobis lanceolatis (marginibus inflexis et æstivatione induplicato-valvatis), pos- ticis 4 æqualibus, antico multo longiore, Stamina 4, medio corollæ tubo inserta, didynama : antica 2 minora, lateralia 2 majora, postico quinto nullo. Antheræ introrsæ, 2-loculares, luculis papillosis, late ovalibus, brevibus, ob- tusis, incurvis, rima laterali dehiscentibus. Staminum majorum antheræ liberæ, loculis æqualibus; minorum autem cohærentes, loculo postico majore. Disci cupuliformis ora tuberculo obtuso dextra sinistraque superata. Ovarium late ovatum, biloculare, loculis antico-posticis. Placenta in utroque loculo uniça, axilis, ovula 10-20 anatropa, adscendentia gerens, raphe interiori, micropyle exteriori et inferiori. Stylus simplex, filiformis, ad apicem antice incurvatus ibidem à Jatere membranaceo-dilatatus, nempe in laminam con- cavam, cordatam, vertici et præcipue loculo postico staminum anteriorum arcte impositam expansus. Stigma bilobum : lobo postico subrotundato, obluso ; antico tenuiori, transverse producto et cum margine papilloso laminæ continuo. Capsula ovoidea, 2"",5 longa, calyce persistente inclusa, locu- licida, bivalvis; valvis lateralibus, tenuibus, bipartitis, a septo utrinque placentam gerente per dehiscentiam sejunctis. Semina in utroque loculo plu- rima, minutissima, adscendentia, polygona, inter se varie compressa. Testa reticulato-papillosa. An albumen adsit adhuc dubium. Embryo... — Planta chilensis humilis, stirpe crassa, lignosa, grisea, brevissima, ramos numerosis- simos, graciles, glabros, intermixtos, compluries dichotomos gerente. Cujus- que dichotomiæ ramus alter semper major. Folia minima , lineari-subulata, sessilia, caduca, opposita; sed cujusque jugi alterum liberum, alterum cum rai majoris basi connexum. Flores terminales, solitarii, longe pedunculati ; pedunculus autem, rami majoris basi remotus, extra dichotomiam oriri videtur.
Species unica : REYESIA CHILENSIS CI, Gay L c, — Crescit in siccis provinciæ Copiapo (GI Gay in herb, Mus. paris. ).
hh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Le Monttea chilensis est un arbrisseau du Chili, à rameaux opposés, dé- cussés, les plus vieux glabres, les jeunes pubescents. Les feuilles sont oppo- sées, décussées comme les rameaux, nombreuses, généralement plus courtes que les entre-nœuds (qui sont fort rapprochés), glabres, ovales, aiguës au sommet et brusquement terminées à la base en un très-court pétiole pubes- cent. Ces feuilles paraissent avoir été un peu charnues (M. CI. Gay, sur une des étiquettes du Muséum, les dit difficiles à sécher); elles sont penniner- viées, mais leurs nervures secondaires sont assez peu marquées en dessous et presque invisibles en dessus.
Les fleurs sont solitaires à l’aisselle des feuilles. Le calice, de 5 millimètres de long, est pubérulent, campanulé, légèrement oblique, à cinq dents aiguës, dont les deux antérieures sont un peu plus longues et dont la préfloraison est valvaire. La corolle, longue de 41 à 42 millimètres, d’un bleu violacé clair, est couverte de poils appliqués , d’un aspect soyeux, à pointe dirigée en bas ; sa forme est tubuleuse en dedans du calice, au-dessus elle se dilate graduelle- ment; en même temps, elle se courbe un peu sur elle-même, de telle sorte qu’elle décrit une convexité en avant et une concavité en arrière. Le limbe est divisé en cinq lobes obtus, à peu près égaux, l’antérieur cependant légère- ment plus grand. Ges lobes sont disposés dans le bouton en préfloraison cochléaire : les postérieurs, dont l’un est extérieur, recouvrant les latéraux qui eux-mêmes recouvrent l’antérieur. À la base de celui-ci, on remarque un repli de la corolle formant une sorte de sillon profond, ou de sac allongé à concavité extérieure, qui occupe à peu près la moitié de la hauteur du tube.
L'androcée se compose d’une étamine postérieure rudimentaire, stérile et réduite à un filet court, terminé par une petite lamelle largement ovale, acu- minée, et de quatre étamines fertiles, eincluses, didynames, les antérieures plus longues. Les filets sont glabres, arqués, et les anthères également glabres, introrses, formées de deux cellules largement ovales, un peu divergentes, attachées par leur partie supérieure, libres inférieurement et s’ouvrant cha- cune par une fente longitudinale. Ces étamines sont insérées sur le tube de la corolle vers son quart inférieur, la postérieure ou stérile un peu plus bas, et les deux antérieures un peu plus haut que les deux latérales.
L'ovaire est ovale et légèrement comprimé transversalement ; sa surface est un peu chagrinée, et il est entouré à sa base par un disque cupuliforme, partagé en cinq lobes obtus à sa partie supérieure, qui est pourvue d’un rebord figurant une sorte d’ourlet. A l’intérieur, cet ovaire présente deux loges, l'une antérieure et l’autre postérieure. ‘
Dans chaque loge, il y a un placenta axile portant de six à huit ovules anatropes, pendants, le raphé en dedans et le micropyle en haut. Le style est simple et le stigmate obtus, nullement bilobé.
Le fruit a environ 8 millimètres de long. Il est glabre, finement chagriné à la loupe, elliptique, mais avec un côté plus convexe que l’autre.
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. UE
Bien que le péricarpe soit. mince et sec, il paraît indéhiscent. On observe deux loges dans le fruit comme dans l'ovaire ; celle qui est située du côté le moins convexe à ses parois presque appliquées l’une contre l'autre et ne con- tient que quelques rudiments de graines avortées ; celle qui est du côté le plus conveïe contient aussi quelques traces de graines avortées et une seule graine bien développée, attachée sur la cloison, un peu au-dessus du milieu de sa hauteur et remplissant toute la loge. Cette graine est comprimée perpendicu- lairement à la cloison, et son point d’attache est marginal. Le testa est mince, flexible et formé d'une rangée de grosses cellules à parois ponctuées et rayées. Il est séparé du tegmen par un assez large espace. Cette dernière membrane est à peu près de même épaisseur que le testa, mais d’une consistance moins sèche. Elle renferme un embryon dépourvu d’albumen, dont la radicule est supérieure, et qui, en raison de la forme comprimée de la graine, a, d'après ce qu'il m’a semblé, ses cotylédons situés dans un plan perpendiculaire au plan de l’ombilic et de la cloison. La radicule est grosse, aiguë à son extré- mité, un peu plus courte que les cotylédons, qui sont larges à la base, ovales, arrondis au sommet, et parcourus par quelques nervures divergentes, dont une médiane. Je n’ai pu voir de gemmule.
On peut donc exposer de la manière suivante les caractères du genre Monttea :
MONTTEA CI. Gay F1. chilena, & IV, p. M6; Atlas botanico, lamina 51.
Calyx oblique campanulatus, 5-dentatus, dentibus æstivatione valvatis, anticis paalulum majoribus. Corolla pilis adpressis retrorsis sericeo-velutina, intra calycem tubulosa, supra calvcem sensim ampliata, incurva, extus antice convexa et sulco externo profundo longitudinali notata, intus pilis brevissi- mis glandulosis tecta; limbo 5-lobato, lobis subæqualibus, antico vix majore, æstivatione cochleari dispositis, uno posticorum externo, antico interno. Sta- mina inclusa, glabra, paulum supra basin tubi corollæ inserta : quatuor fertilia quorum antica 2 longiora, lateralia 2 breviora. Antheræ introrsæ, biloculares, didymæ, loculis late ovalibus, obtusis, divergentibus, basi liberis, apice con- natis et filamento afixis, rima longitudinali dehiscentibus. Stamen quintum sterile posticum, brevissimum, anthera orbatum, apice lamellatum. Discus cupu- liformis, apice marginatus et 5-lobatus, basin ovarii cingens. Ovarium ovatum, trausverse subcompressum, biloculare, uno loculorum antico, altero postico ; placenta in utroque loculo unica axilis, ovula 6-8 gerens, anatropa, suspensa, micropyle supera, raphe interiori. Stylus simplex ; stigma obtusum, indivisum. Fructus pericarpio exsucco, tamen (ut videtur) indehiscens, inæqualiter ellip- ticus, bilocularis : altero loculorum, septo hinc repulso, fere oblitterato, vacuo; altero scmen unicum continente, paulo supra medium septum appen- sum loculumque totum implens, transverse compressum , hilo: marginal.
6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Testa tenuis, a tegmine distans. Albumen {ut videtur ) nullum. Embryonis radicula crassa, apice acuta ; cotyledones faciebus seminis parallelæ, basi latæ, apice ovato-rotundatæ, 3-5-nerviæ nervis divergentibus ; gemmula nulla, — Arbuscula chilensis circa 6-pedalis, ramis valde foliosis ; foliis oppositis, car- nosulis, integerrimis, ovalibus penninerviis, nervis autem pagina superiore fere indistinctis, petiolo brevissimo ; floribus axillaribus solitariis, colore cæru- leo-violaceo diluto.
Species unica : MONTTEA CHILENSIS CL Gay |. c. (vulgo Uuillo). — Crescit rara ad littora rivulorum provinciæ Coquimbo. Novembri floret (CI. Gay in herb. Mus. paris. et herb. Delessert).
Quelle place doivent occuper le Wonttea"et le Reyesia dans une classifica- tion naturelle ? 11 est, pour moi, hors de doute que ce ne sont point des Bignoniacées. Dans toutes les Bignoniacées, sans exception, les ovules sont horizontaux, et il y a dans chaque loge deux placentas parfaitement distincts, le milieu de la cloison restant tout à fait nu. Dans le Monttea et le Aeyesia, au contraire, il y a dans chaque loge un placenta unique, occupant le milieu de la cloison et portant des ovules dressés ou pendants. Gette organisation ne diffère en rien de celle des Scrofularinées, dont les deux genres en question se rapprochent d’ailleurs fort bien par leur port, leurs feuilles simples, leurs fleurs irrégulières et leurs étamines didynames. Le RÆeyesia est d’ailleurs une Scrofularinée par son fruit aussi bien que par sa fleur, et il est même pos- sible de lui assigner une place précise dans cet ordre, car son inflorescence définie, la préfloraison valvaire induplicative de sa corolle et la brièveté rela- tive des deux étamines inférieures le placent, sans aucun doute, dans la tribu des Salpiglossidées, près des genres Duboisia R. Br. et Schwenkia L.
Il est plus difficile de préciser la place du Monttea, car ce genre présente deux caractères fort anomaux pour l’ordre des Scrofularinées : la présence d’une seule graine dans le fruit, par suite de l’avortement de tous les ovules moins u, et l'absence d’albumen dans cette graine. Faut-il donc, à cause de ces caractères offerts par le fruit, refuser d'admettre le Monttea parmi les Scro- fularinées, malgré l'identité de sou ovaire avec celui des plantes appartenant à cet ordre ? Je ne le pense pas.
Rien n’est plus variable que le fruit dans les Scrofularinées : sa déhiscence est tantôt loculicide , tantôt septicide, tantôt septifrage; il peut même être indéhiscent, comme il me paraît l’être dans le Monttea : c’est le cas du genre Duboisia, que j'ai cité plus haut. Cependant toutes ces diverses sortes de fruits proviennent d’ovaires construits sur un plan uniforme. Il est d’ailleurs certain que, dans la plupart des ordres naturels, les caractères fournis par l'ovaire présentent bien plus de constance que ceux offerts par le fruit; nous devons donc, il me semble, leur accorder plus de valeur et les prendre en considération plus sérieuse, quand il s’agit de chercher si un genre appartient
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. h7
à tel ou tel ordre. En admettant le Monttea dans les Scrofularinées, on ne fera qu’admettre dans cet ordre une forme de fruit de plus. Cette forme n’a d’ailleurs rien de contraire aux tendances de l’ordre, puisqu'elle semble n'être autre chose qu’un effet de la tendance à un arrêt de développement qui se manifeste dans toutes les gamopétales irrégulières, de la partie postérieure de la fleur vers la partie antérieure. Le plus souvent, l'arrêt de développe- ment n’est bien visible que dans les trois verticilles extérieurs; ici, il atteint aussi le gynécée ; voilà, il me semble, toute la différence : c’est une différence du plus au moins.
Reste l'absence d’albumen dans la graine, caractère qui perd bien de sa valeur, si l’on considère que, dans le Wightia, Scrofularinée incontestable, l'albumen est réduit à l'épaisseur d’une simple membrane, d’après M. Ben- tham, et manque complétement, d’après Endlicher.
Le Monttea et l'Oxycladus, qui ne peut pas en être éloigné, forment donc, à mon avis, une nouvelle tribu des Scrofularinées, tribu qui ne me paraît pas se rapprocher des Bignoniacées, mais bien plutôt de la tribu des Anto- niées, appartenant à l’ordre des Loganiacées. On trouve, en effet, dans les Antoniées, deux genres qui présentent - quelques points d'organisation com- muns avec le Monttea et l'Oxycladus : le genre Antonia Pohl n'offre dans chaque loge qu’une seule graine, par suite de l’avortement de tous les ovules, sauf un seul; et le genre Usteria Willd. présente une fleur irrégulière par un arrêt de développement portant, comme ici, sur le coté postérieur de la fleur,
M. E. Roze dépose sur le bureau de la Société des échantillons de Sphærocarpus Michelii Bell., qu'il a recueillis, avec M. Besche- relle, le 25 janvier 1863, dans un champ en jachère près de Ville- génis (Seine-et-ODise). |
M. Roze dit que cette curieuse Hépatique se trouvait là en assez grande abondance, sur une terre sablonneuse, en compagnie du Æiccia glauca L. et de l'Æphemerum serratum Hampe. Il ajoute que Mérat et Chevalier, dans leurs flores parisiennes, n’indiquaient cette plante qu'à Compiègne, où M. Marcilly l’a effectivement retrouvée après Pillot, et dans les allées du parc de Frémilly près Bouray, où M. Gay l’a le premier récoltée dans nos environs, en 1815, durant les cent-jours; mais que MM. Roussel et Grœn- land l'ont depuis recueillie dans la propriété de M. Vilmorin, à Verrières. Il fait remarquer “enfin que les échantillons qu'il a l'honneur de présenter à la Société sont encore très jeunes, et que la maturité des fruits de cette Hépatique ne doit pas être complète avant le mois de mars ou d'avril.
M. Moquin-Tandon présente quelques observations sur une poire prolifère :
48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Moquin-Tandon rappelle d’abord que le rameau sorti d’un fruit proli- fère peut produire une fleur, se continuer en rameau foliacé, ou bien produire un second fruit. La prolification est, dans ces divers cas, floripare, frondipare, ou fructipare. Dans ce dernier exemple, quand il s’agit de poires, on voit une deuxième poire sortir de l’œil de la première. M. Moquin-Tandon a vu un cas d’une double prolification de cette nature où l’on remarquait une troisième poire, qui paraissait sortir de la deuxième. |
M. Duchartre fait observer qu’il y aurait un grand intérêt à faire l'étude analytique des monstruosités analogues à celles dont M. Mo- quin-Tandon vient de présenter un exemple, parce qu’en général, dans ces cas, le fruit inférieur est dépourvu de loges et réduit à un renflement charnu.
M. Moquin-Tandon ajoute qu’en effet, dans plusieurs des cas de prolification fructipare qu’il a examinés , le fruit supérieur présen- tait seul des loges; mais que quelquefois aussi il y en avait seule- ment dans le fruit inférieur, et parfois même dans les deux; ces fruits anomaux ne contenaient jamais de graines.
M. Bureau demande à M. Moquin-Tandon s’il a observé la proli- fication sur des Cryptogames.
M. Moquin-Tandon répond en citant les observations faites par M. Des Moulins sur des Champignons prolifères (1); il ajoute que les axes de ces Champignons ne se correspondaient pas. — M. Moquin- Tandon donne ensuite quelques détails sur des figues prolifères qu’il a observées, avec M. Roussel, au Jardin-des-plantes de Tou- louse. |
Dans ces cas, la figue de deuxième génération affectait des positions très diverses par rapport à la figue-mère, qui était parcourue dans son centre par un axe supportant la seconde figue, M. Moquin-Tandon fait observer qu’il s’agit ici d’une inflorescence, et non d’un fruit comme dans les poires qu'il vient de citer. Il ajoute que les figues des deux générations étaient l’une et l’autre tapissées à leur intérieur par des fruits et des graines normales.
M. Bureau dit qu'il a vu une fois au jardin botanique de la Faculté de médecine de Paris un épi d’Equisetum frondipare.
M. Moquin-Tandon rapporte une observation faite par lui sur un Erynqium dont la racine paraissait traversée par une Graminée. Il a reconnu que cette racine avait, dans sa jeunesse, rencontré une
(1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 211.
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 19 pierre, et qu’elle s'était alors divisée en deux branches qui s'étaient réunies plus loin, embrassant la Graminée dans l'intervalle de leur écartement.
M. Cordier rappelle que certains Æericium , dont le développe- ment est trés-rapide, embrassent quelquefois les tiges des végétaux voisins.
M. Duchartre dit qu'il a vu un bourgeon de Pomme-de-terre qui avait traversé le tubercule en se développant ; il y avait dans ce cas pénétration réelle d’un organe dans un autre.
M. Moquin-Tandon entretient encore la Société d’une anomalie bizarre qu’il a observée sur des feuilles du Chou :
Il rappelle à ce propos que, dans les feuilles normales, les faisceaux secon- daires s’écartent de l’axe suivant deux modes, tantôt sur le même plan, tantôt en divergeant. Dans le Chou qu’il a observé, l'axe primaire se continuait au delà du limbe et formait, par la divergence de ses fibres, un petit entonnoir foliacé ; on remarquait des productions semblables à l'extrémité des nervures secondaires.
M. J. Gay dit que ces appendices portaient peut-être des forma- tions ovulaires.
M. Duchartre répond que cela n’est pas probable, car les feuilles du Chou-frisé des horticulteurs, qui présentent toutes sortes d’ap- pendices, n’ont jamais d’ovules sur leurs bords.
M. Moquin-Tandon dit :
Que, dans un autre Chou, il a observé des oreillettes foliacées dans les sinus des feuilles, disposition qui est normale dans le genre Tournonia, de la famille des Basellacées. M. Moquin-Tandon insiste, à cette occasion, sur cette loi de tératologie d’après laquelle tout végétal monstrueux reproduit l'état normal d’un autre végétal, loi qu'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire avait déjà signalée en zoologie quand il disait que les phénomènes tératologiques ne sont que des phénomènes physiologiques changés de place. 11 cite, comme confirmation de ce qu'il avance, les fasciations présentées à l’état normal par les rameaux des X'ylophylla, et à l'état monstrueux par le Celosia cristata de nos jardins, dont il a vu des échantillons spontanés, provenant des Indes, munis d’une tige grêle et d’une inflorescence spiciforme ; dans ce cas la race monstrueuse est maintenue par la culture.
M. de Schœnefeld rappelle la fasciation observée sur un grand nombre de pieds de Cichorium Intybus, voisins les uns des autres, LE &
50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à Saint-Germain-en-Laye, pendant une herborisation de M. Cha- tin (1).
M. Moquin-Tandon dit qu’il a semé des graines de Cichorium Intybus fascié, et que la monstruosité s’est reproduite sur un dixième environ des individus provenant du semis.
M. J. Gay fait hommage à la Société, de la part de M. Al: Braun, d’une thèse soutenue sous la présidence du savant professeur de Berlin, par M. Frédéric Petri, sur le genre Armeria, considéré principalement au point de vue organographique.
M. Gay fait à la Société une rapide analyse verbale de ce travail, et signale l'interprétation que M. Petri a donnée de la gaîne qui termine la tige des Armeria et qui se trouve rompue et chassée lors de l'épanouissement de l’in- florescence ; l’auteur est d’avis que cette gaîne résulte de la soudure des pièces d’un involucre.
M. Cosson dit :
Que M. Germain de Saint-Pierre et lui, dans leur #/ore des environs de Paris, ont décrit la gaîne des Armeria comme résultant de la soudure de prolongements des bractées au-dessous de leur insertion. Ces prolongements des bractées sont analogues au prolongement unilatéral du calice {souvent très-développé chez un assez grand nombre des espèces du genre Armeria) qui a fourni à M. Boissier d’utiles caractères pour l'établissement des sections du genre.
M. Eug. Fournier , secrétaire , donne lecture de la communica- lion suivante, adressée à la Société :
NOTE SUR LES CARACTÈRES QUE LES ARÈTES ET LES FEUILLES PEUVENT FOURNIR POUR LA DIVISION EN SECTIONS DU GENRE AVENA, par M. J. DUVAL:JOUVE.
(Strasbourg, 15 janvier 1863.)
Si l'on examine les arêtes et les feuilles des espèces françaises et algérienries du genre Avena (2), on remarqüe :
4° Que les arêtes présentent sur leur partie tortile des différences très-con- sidérables d’orfanisation;
(1) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 905 ét 923:
(2) Je crois lés Arrhenatherum et les Trisetum itdûment séparés des Avena; mais; comme je n’ai point ici l'intention de discuter la Yaleur de ces distinctions génériques, là présente noté sé rapporle au genre Avena tel que l'ont limité MM. Cosson (Bull. Soc: bot. de Fr. À, p. 41; et Fl; Ag. p. 104%) et Godron (F?, dé Fr. 11, p. 510): ;
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 51
2° Qu’à chacune de ces différences en correspond une dans les feuilles ;
3° Qu’au moyen de ces différences très-apparentes et l’on ne peut plus faciles à constater, le genre se divise en groupes d’espèces bien distincts.
Ainsi, sur les unes, on trouve que la partie tortile de l’arête, qu’elle soit ou non tordue, constitue un cylindre uni et régulier (pl. I de ce volume, fig. A). Si avant la maturité ou la dessiccation l’arête n’est pas encore tordue, on remarque vers les côtés, mais un peu plus rapprochées du dos, deux rainures fines et pa- rallèles, qui, naissant à la base de l’arête, en suivent toute la partie tortile, puis la dépassent et vont expirer plus ou moins loin sur la moitié terminale. Si l’arête est tordue, ces rainures dessinent sur la partie tortile, toujours cylin- drique, deux bandes spiralées, parallèles, mais d’inégale largeur (fig. A), qui se continuent en ligne droite, plus ou moins loin, au delà du genou de l’arête, sur sa partie non tortile, Si l’on opère des coupes transversales sur cette partie tortile, avant ou après la torsion, on voit que ces rainures si fines ne sont pas seulement des rainures ou des sillons superficiels, mais de véritables fissures, très-profondes et qui, partant latéralement de la surface, pénètrent en se cour- bant presque jusqu’au dos de l’arête (fig. A 1-A 6). J'entends par dos la partie qui, à la naissance de l’arête, est la continuation du dos de la glumelle (fig. A 6, d) et par ventre la partie opposée, c’est-à-dire celle qui, à la nais- sance de l’arête, est contiguë à la partie supérieure et externe de la glumelle (fig. À 6, v). Ges fissures partagent donc la surface de l’arête en deux bandes parallèles d’inégale largeur, une dorsale plus étroite (fig. A, d), une ventrale plus large (fig. A, v). Toute la partie centrale de l’arête est chargée de matière verte dans le jeune âge, et colorée en brun foncé à la maturité (fig. À 1-A 6). Vers le dos se montre un faisceau fibro-vasculaire toujours incolore. Cette disposition est parfaitement constante sur toute la section des espèces annuelles. Je l’ai constatée sur les Avena sativa L. (fig. A 4), oréentalis Schreb. (fig. A 2). abyssinica Mochst., strigosa Schreb. (fig. A 3), brevis Roth, barbata Brot., fatua L. (fig. À 4), clauda DR., longiglumis DR., eriantha DR., Ludo- viciana DR. (fig. A 5) et séerilis L. (fig. A 6). D’espèce à espèce, elle n'offre que d’insignifiantes variations ; elle se modifie avec le degré du déve- loppement de l’épillet, en ce sens qu’elle est un peu moins courbe et moins profonde dans le jeune âge. La figure A 4 montre une coupe opérée sur une arête jeune et non encore tordue de l’A. sativa L.
Sur d’autres espèces, la partie tortile de l’arête n’est plus un cylindre régu- lier parcouru par deux fines rainures ; avant la torsion, c’est un cylindre un peu comprimé par le dos et quelquefois même un peu rentrant sur la ligne ventrale, et qui, de chaque côté de la région dorsale assez étroite, offre deux cannelures marquées et relativement larges. 11 en résulte qu'après la torsion la même partie offre comme une vis à deux bandes spiralées, parallèles, l’une plus large (fig. B, v), l’autre plus étroite (fig. B, d) et marquée de deux canne- lures, qui, comme dans la section précédente, s’avancent sur la partie no
52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
tortile de l’arête et expirent avant d'en atteindre l'extrémité. Des coupes trausversales nous donnent les figures B 1 à B 4 et permettent de voir un petit faisceau fibro-vasculaire vers la partie dorsale. Les arêtes de cette forme ne se colorent point vers leur centre en brun foncé comme les précédentes ; leur tissu central est incolore ; c’est vers les côtés que sont groupées les cellules à chlorophyllz qui deviennent rougeâtres ou rarement brunâtres à la maturité (fig. B 1-B 4). Cette disposition, moins saillante à première vue et moins tranchée que la première, est tout aussi constante qu’elle sur les espèces qu'il m'a été donné d'étudier, savoir sur les Avena pubescens Huds. (fig. B 1), sefacea Vill. (fig. B 2), flifolia Lag., sempervirens Vill. (fig. B 3) et montana Nil. (fig. B 4).
Enfin, sur d’autres espèces, se montre une disposition nouvelle. La partie tortile de l’arête est aplatie, en ruban épais bordé de chaque côté d’un bour- relet blanc dont la double spirale tranche de la façon la plus marquée sur les deux faces colorées en brun foncé et tordues de bonne heure (fig. CG et C 1-C 4). Ainsi jusqu’à un certain point cette disposition est l'inverse de la précédente, en ce que sur celle-ci les cellules incolores et blanches sont sur les faces et au centre, et que les plus colorées sont marginales, tandis que sur la troisième les cellules colorées sont au centre et sur les faces et que les incolores sont marginales. La face ventrale est la plus large, souvent plane ou quelquefois un peu rentrante sur la région médiane; la face dorsale, plus étroite, est mar- quée, contre les bourrelets marginaux, de deux sillons très-étroits, j'aimerais autant dire de deux stries très-fines, qui répondent aux fissures de la première section et aux cannelures de la seconde, occupent la même place et se pro- longent comme elles au delà du genou sur la partie non tortile; elles y sont même plus nettement visibles que sur la partie tortile, où la torsion les rétré- cit encore. Les coupes transversales donnent un ovale avec deux petites échancrures sur la face dorsale contre la bordure calleuse (fig. G 4-C 4). Cette disposition a été constatée par moi sur les Avena macrostachya Bal, (fig. C1), planiculmis Schrad., sulcata Gay (fig. C 3), Scheuchzeri AU. (fig. C 2), bro- moides Gouan (fig. C4), pratensis I.
A ces différences correspondent dans les feuilles des différences très-dignes d'attention. Ainsi :
1° Les arêtes dont la moitié inférieure est cylindrique (fig. A) sont, sans aucune exceplion, accompagnées de feuilles larges, planes, et dont les deux faces à peu près semblables sont parcourues par de petites nervures, entre les- quelles s’en montrent, à espaces égaux, quelques-unes un peu plus fortes (fig. À 4”).
2° Aux arêtes creusées en vis de la seconde section (fig. B) s’unissent des feuilles dont les deux faces sont très-dissemblables. L'inférieure est lisse ou porte de très-petites nervures ; la supérieure est profondément plissée et sil- lonnée comme les feuilles de l’Aëra cæspitosa L. et toujours très-rude (fig. B 3’
SÉANCE DU 80 JANVIER 1863. 53
et B 4’). Ges feuilles ont une très-grande tendance à s’enrouler ou à se plier suivant leur longueur. L’A. pubescens fait seul exception par ses feuilles planes, à nervures égales sur les deux faces. Il peut donc former un groupe à part, qui relie la première section à la seconde, et, si l'Avena sesquitertia Godr. (an L.?) est une bonne espèce, il prend place à côté de l’A. pubescens.
3° Enfin, aux arêtes bordées de bourrelets blancs correspondent des feuilles toujours munies d’une bordure marginale blanche, tout à fait semblable à celle des arêtes. Les deux faces de ces feuilles sont semblables entre elles, soit qu’elles présentent de grosses nervures alternant avec de plus petites, comme l'A, macrostachya Bal. (fig. G 1’), soit qu'entre la nervure médiane et leur bordure blanche elles n’aient que des nervures fines et égales, comme les A. sulcata, bromoides, etc. (fig. C 4).
La concordance du caractère offert par l’arête avec celui que fournissent les feuilles permet donc de s’en servir, soit pour établir certaines sections dans le genre Avena, soit pour caractériser avec plus de netteté les sections très- naturelles déjà distinguées dans ce genre. Ainsi M. Godron le divise en deux grandes sections : EUAVENA et AVENASTRUM, différenciées, la première par « épillets pendants », la seconde par « épillets dressés » (#7. de Fr. III, pp. 510 et 514). Koch avait déjà indiqué ce caractère comme principe de division (Syn. edit. 3°, p. 689). M. Cosson, à qui l’on doit une si excellente classification des espèces de la première section, a aussi mentionné le carac- tère tiré de la direction des épillets mûrs, mais en le plaçant le dernier (F2. Alg. pp. 105 et 114). Il eût, je crois, mieux valu le supprimer entièrement, puisque l’A. macrostachya Bal., qui appartient à une autre section, a les épillets pendañts comme les espèces de la première section. D'autre part, M. Godron subdivise la seconde section en deux groupes : « a ligule courte, tronquée; b liqule allongée, lancéolée. » Ce caractère paraît, en effet, suffi- sant si l’on ne considère que les espèces françaises (bien que l'A. montana ait ses ligules de longueur assez variable), mais l'A. macrostachya se trouve, par ce principe de division, séparé de ses congénères. Je crois donc qu'il y aurait avanlage à introduire dans ces divisions les caractères tirés de la con- stitution des arêtes et des feuilles, à peu près ainsi qu'il suit :
sectio I.
ANNUÆ. Aristæ cylindratim tortæ, sectione transversali duas fissuras curvas præbentes.— Folia utraque pagina nec non margine conformia.
Subdivisions d’après M. Cosson (voy. Bull. Soc. bot. de Fr, 1, p. 11).
* Folia utraque pagina nec non margine con- Sectio II. formia ; ligula lanceolata. A. pubescens Huds.
** Folia pagina superiore profunde sulcata et scaberrima, inferivre sublævia; ligula brevis. À. setacea Nill., fllifolia Lag., sempervirens Nill., montana Vill,
PERENNES. Aristæ cochleatim {ortæ, ad dorsum lateraliter sulcatæ.
54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * Folia dorsali, intermediis el marginali nervis Sectio II albis crassis notata; ligula brevis. À. macrosta- chya Bal.
PERENKES. Aristæ compressæ et, ut£ ** Folia marginal sic ut dorsali nervo albo crasso folia, margine albonervoso notatæ. } notata ; ligula lanceolata. À .planiculmis Schrad., sulcata Gay, Scheuchzeri All., bromoides Gouan,
pratensis L., etc.
L’A. pubescens, par ses feuilles planes à faces semblables, relie la première section aux deux autres (1). D’autre part, l'A. macrostachya sert de passage entre la seconde section et la troisième ; par ses feuilles à grosses nervures et à ligule courte, cette espèce tient un peu de la seconde section, et elle rentre dans la troisième par les nervures marginales de ses feuilles et de ses arêtes, nervures qui sont moins fortement marquées que sur les espèces du second groupe de la même section.
Les caractères que je signale ne me paraissent pas encore avoir attiré l’at- tention. La nervure blanche qui borde les feuilles de la troisième section à été mentionnée d’abord par M. Boissier { Voy. bot. Esp. p. 656), et ensuite par M. Willkomm, mais comme propre à une seule espèce, l’A. su/cata Gay, dont il dit: « Folia.. margine et medio eleganter albinervia » (Sert. fl. hisp. ‘in Flora 1852, p. 525), et encore: « Foliis margine medioque albo-callose nervatis » (Prodr. fl. hisp. p. 69). Au même lieu, le même auteur dit aussi de l'A. albinervis Boiss., qu'il regarde comme une variété de l'A. sulcata : « Foliis evidentius callose marginatis », mais il ne mentionne pas ce caractère sur les A. Scheuchzeri, bromoides, etc., qui appartiennent au même groupe et le présentent également. Je n’ai nulle part trouvé mention directe où indi- recte du caractère tiré de la conformation des arêtes. Dans la diagnose du genre Avena, Palisot de Beauvois emploie l'expression « arista plicata » {Agrost. p. 89), mais, dans le Glossaire explicatif des termes placé en tête du même ouvrage, on lit, page Ixxj : « PLIGATUS, voy. Loudé », et page Ixvj: « COUDÉ, plicatus, a, um, épithète donnée particulièrement à l’arête lors- qu’elle est pliée et coudée dans son milieu. » Ainsi, pour cet auteur, aris/a plicata signifiait simplement ce que nous désignons par « arête genouillée » Godr.; « arista genuflexa » Koch, « geniculata » Kunth.
Explication des fiqures (pl. 1 de ce volume).
Fig. À partie tortile de l’arête de l'A. sterilis ; type de la première section ; =. Fig. B partie tortile de l’arête de l'A. montana ; type de la deuxième section; ++
(1) Bien que cette note soit exclusivement relative au genre Avena réduit à ses plus étroites limites, je ne puis m'empêcher de faire remarquer que les arêtes et les feuilles de l’Arrhenatherum elatius le placent à côté de l’Avena pubescens dans le pre- mier groupe de la deuxième section, et que celles de l'A. longifolium Thore (sub: Avena), ainsi que sa ligule, le placent en tête du groupe suivant, à côté des A. sempervi- ee a plantes des hautes montagnes qu’il représente sur les coteaux et les plaines
e l’ouest.
SÉANCE DU 30 JANVIER 1863. 55 Fig. C partie tortile de l’arête de l’A, sulcata Gay ; type de la troisième section; =.
Les coupes des arêtes sont à 25 diamètres et celles des feuilles à 5 diamètres. Les espèces d’une même section sont désignées par la même lettre avec un numéro, ainsi qu'il suit :
re section, fig. À 4 et À 1! Avena saliva L. (jeune).
À. orientalis Schreb.
. Strigosa Schreb.
. faltua L.
. Ludoviciana DR,
. Sterilis L.
. pubescens Huds.
. selacea Nill.
et B 3/ A. sempervirens Vill.
et B 4’ À. montana Vill.
et C 17 À, macrostachya Bal. A. Scheuchzeri AN, A. sulcala Gay.
et C 4! À. bromoides Gouan.
> > D
2e section, fig.
Lx RèœRh
3 4 5 6 1 2 3 4 3° section, fig. C 1 2 3 Li
A A A B B B B C C C C
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE,
en ———
SEPTEMBRE 1863.
N.-B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans celte Revue chez M, J. Rothschild, libraire de la Société botanique de France, rue de Buci, 14, à Paris.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
La Flore vallaisanne: par M. J.-E. d’Angreville. Un volume in-8° de vaii et 218 pages. Genève, chez Marc Mehling; Paris, chez J.-B. Baillière et Fils. 1863. Prix : 3 francs.
Cet opuscule est un simple catalogue des plantes qui croissent dans le Valais, dressé, à quelques exceptions près, suivant la méthode de De Can- dolle, des Renonculacées aux Champignons. Les espèces y sont énumérées dans chaque genre par ordre alphabétique. Quant aux Cryptogames, l’auteur a suivi, pour les Mousses, le Catalogue de M. Schimper et la Bryologie de Bridel; pour les Lichens, l'ouvrage d’Acharius; il s’est contenté de recourir à Linné pour les Champignons Il paraît que ses herborisations ne lui ont fait constater la présence d'aucune Algue d'eau douce dans le Valais, car son livre n’en mentionne aucune. M. d’Angreville regrette de n’avoir pu consi- gner dans son livre des détails sur la constitution géologique du sol vallaisan, non plus que sur l’altitude des plantes qu’il indique: il les réserve pour une édition ultérieure.
En parcourant la Flore vallaisanne, nous y avons remarqué comme dignes d’une mention particulière les plantes suivantes : 7halictrum dubium Mu- rith, Anemone Burseriana X., À. fragifera L., Ranunculus Rionii Rion (aquatique), Fumaria Laggeri Jord., Draba sclerophylla Gaud., Sisym- brium pannonicum Jacq., Viola montana X., V. Ruppii Ait., Polygala sibi- rica L., Alsine herniarioides Rion, Arenaria grineensis Thom., À. spha- gnoides Fræhl., Cerastium uniflorum Thom., Geranium bohemicum L., G. lividum Ait., Spartium radiatum L., Trifolium saxatile AW., Phaca lapponica X., Astrayalus leiocarpus Shattleworth, Geum inclinatum Gaud. Scleranthus verticillatus Rchb., dix-huit espèces du genre Sempervivum (dont plusieurs sont signées de M. Schnittspahn, auteur d’une monographie encore inédite de ce genre), Selinum dimidiatum DC., Ligusticum pelo- ponnesiacum V., Galium lucidum AB. , Valantia pedemontana Bell. , Asperula flaccida Ten., Scabiosa Halleri Murith, Chrysanthemum Halleri Sut., Chondrilla sedunensis d’Angreville (foliis inferioribus subovato-lanceolatis
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57
runcinatis spinosis, superioribus linearibus integris ciliatis), Campanula sibirica L., Linaria italica Trev., Salvia verticillata L., Nepeta violacea Ait., Galeopsis Reichenbachii Reut., Thymus pannonicus AÏ., Plantago bidentata Mur., Oxyria reniformis Hook., Salix Laggeri Wimm., Betula Murithi Gaud., B. verrucosa Ehrh., etc., etc.
La mention de chacune de ces espèces est accompagnée de l'indication de la localité et de l’époque où elle a été rencontrée. L'auteur à fait connaître les noms donnés vulgairement à chaque genre, en français, en anglais et en
allemand. D' EUGÈNE FOURNIER.
Chloris andina; Essai d'une flore de la région alpine des Cordillères de l'Amérique du Sud; par M. H.-A. Weddell; t. If, in-4° de 316 pages, avec 41 planches lithographiées. Paris, chez P. Bertrand, 1857-1862.
Il y a plusieurs années déjà que notre Æevue a rendu compte du premier volume de cet important ouvrage (1), qui ne devait d’abord en comprendre que deux et qui s'étendra au moins à trois. Nous continuerons, suivant ce qui qui a été fait déjà ici même pour cet ouvrage, d'indiquer les matières qui y sont traitées et les nombreuses nouveautés qui y sont décrites, et que nous signalerons dans l’ordre adopté par l’auteur. Les familles étudiées dans le tome II du CAloris sont les suivantes :
Ordo IL. Calyeereæ. — 1. Calycera Cav. (3 spec.). — 2. Boopis Juss. (2 spec.). — Gamocarpha DC. (1 spec.).
Ordo III. Lobeliaceæ.— 1. Pratia Gaudich. (5 spec.) : Pr. oligophylla (pl. 45, B), Pr. subsessilis, Pr. glandulifera (Lysipoma glanduliferum Schldl. ) (pl. 45, À). — 2. Rhizocephalum (Isotoma sect. Rhizocephalum Schldl., 2 spec.): Rh. Candollii (Lysipoma laciniatum Alph, DC. , Isotoma? fasciculatum Schldi.), Rh. pumilum. — 3. Lobelia L. (3 spec.) : L. subpubera, L. mo- desta. — 4. Lysipoma (6 spec. ).
Ordo IV. Valerianes.— 1. Valeriana L. (29 spec.): V. Bonplandiana (V. decussata Bonpl. msc., non Ruiz et Pav.), V. Grisiana (pl. 49, À), V. rumicoides (pl. 49, €), V. nivalis (pl. 48, A), V. bulbosa, V. micropterina (pl. 49, 2). — 2. Phyllactis Pers. (16 spec.) : Ph. crassipes (pl. 47, A), Ph. hispida, Ph. bracteata (Valeriana bracteata Benth.), Ph. aretioides (Valeriana aretioides H. B. K.) (pl. 47, Z), Ph. densa, Ph. inconspicua, Ph. Mutisiana, Ph. cordifolia, Ph. pinnatifida, Ph. macrorrhiza (Valeriana macrorrhiza Pæpp.), Ph. corymbulosa, Ph. Mandoniana.
Ordo V. Sambueinesæ.— Sambucus Tourn. (1 spec. ).
Ordo VI. Rubiaceæ.— 1, Galium L. (13 spec.) : G. quitense (Rubia nitida H. B. K.), G. Kunthii (Rubia hirta H. B. K.), G. albicans (Rubia incana
(1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 383.
58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
H. B. K.), G. flaccidum (Rubia debilis H. B. K.), G. scabrum Wedd. non Host. (Rubia scabra H. B. K.). — 2. Mitchella L. (1 spec.). — 3. Cruickshankia Hook, et Arn. (1 spec.). — 4. Hedyotis Lam. (12 spec.): H. mutica (pl. 50, B), H. Hartwegiana (H. capitata Wlprs), H. cephalantha.
Ordo VIL. Loganiacesæ. — Buddleia L. (6 spec.).
Ordo VIIL. Asclepiadese. — 4. Pentagonium Schauer (4 spec.). — 2. Lu- gonia (1 spec.); L. lysimachioides.
Ordo IX, Gentianesæ. — Gentiana Tourn. (59 spec.) : G. crossolæma, G. trichostemma, G. Dombeyana (G. rotata Domb. msc.), G. verticillata, G. scopulorum, G. Herrediana Raim., G. Raimondiana, G. bicolor, G. pu- nicea, G. amæna, G. fruticulosa (G. fruticulosa et G. subulata Domb. msc.). — 2. Halenia Borkh. (13 spec.): H. Dombeyaua (H. gracilis var. f. Dom- beyana Griseb.), H. Purdieana (pl. 53, A), H. gentianoides (pl. 53, 2), H inæqualis, H. elata, H. major.
Ordo X. Polemoniacesæ. — 1, Collomia Nutt. (4 spec.). — 2. Gilia Ruiz. et Pav. (5 spec.) : G. Gayana. — 3. Cantua Juss. (4 spec.).
Ordo XI. Hyärophyllaceæ. — 1. Microgenetes Alph. DC. (1 spec.). — 2. Phacelia Juss. (3 spec.) : Ph. nana (pl. 53, C).
Ordo XII. Borragines. — 1. Eritrichium Schrad. (7 spec.): E. pach- nophilum, E. Gayanum, E. humile (E. humile et E. procumbens DC., E, procumbens Clos) (pl. 62, A), E. pygmæuin (Anchusa pygmæa H. B. K., Lithospermum alpinum Willd.), E. linifolium (Anchusa linifolia Lehm., A. oppositifolia H. B. K., Antiphytum linifolium DC.), E. Walpersii (Anchusa Kunthii Walp., Antiphytum Walpersii Alph. DC.). — 2. Cynoglossum Tourn. (1 spec.) : G. Trianæum.
Ordo XIII. Solanacezæ.
Subordo 1. Solanineæ Miers. — 1. Fabiana R. et P. (7 spec.). — 2. Ces- trum L. (3 spec.): C. Miersianum, — 3. Salpichroa Miers (5 spec.) : S. Man- donjanum. — 4. Dunalia H. B. K. (1 spec.). — 5. Jochroma Benth. (1 spec.). — 6. Fregirardia Dun. emend. (1 spec.) : Fr. Dunaliana, — 7, Lonchestigma Dun. (3 spec.). — 8, Trechonætes Miers {2 spec.). — 9, Solanum Senditn. (13 spec.) : S. fragile, S. tolimense.
Subordo 11. Atropineæ Miers, — 10, Lycium L,. (3 spec.) : L, étophltahi, L. gelidum, L. leiostemum.
Ordo XIV. Serofalariaces. — 1, Limosella L. (1 spec.) — 2. Sib- thorpia L. (3 spec.): S. nectarifera (pl. 60, 2). — 3. Veronica L. (2 spec.). — h. Aragoa H. B. K. (2 spec.). — 5. Ourisia Commers. (12 spec.) : O. rupicola, 0. pulchella, ©. biflora. — 6. Castilleja Mutis (1 spec.). -— 7. Pedicularis L. (t spec.). — 8. Bartsia L. (31 spec.): B. trichophylla, B. ciliolata, B. cane- scens, B. biloba, B. crenoloba, B. filiformis (B. subinclusa Griseb.), B elongata, B. heterophylla, B. euphrasioides, B. integrifolia, — 9. Euphrasia L. (2 spec.). — 10. Mimulus L, (2 spec.). — 11. Alonsoa (2 spec.). — 12. Cal-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59
ceolaria L. (34 spec.) : C. parvifolia, C. bartsiifolia, C. elliptica, GC. umbel- lata, G. glacialis.
Ordo XV. Gesneriaceæ. — Columnea Plum. (1 spec.).
Ordo XVI. Bignoniaeese. — Eccremocarpus Ruiz. et Pav. (1 spec.).
* Ordo XVII. Lahiatæ. — 1. Salvia L. (5 spec.). — 2. Hedeoma Pers. (1 spec.) : H. Mandoniana. — 3. Calamintha Benth. (1 spec.) : C. cærulescens (Hedeoma cærulescens Benth.). — 4. Micromeria Benth. (3 spec.) : M. pulchella (Soliera pulchella Clos). — 5. Gardoquia Ruiz et Pav. (3 spec.). — 6. Stachys L. (2 spec. ). |
Ordo X VIIL Verbenaceæ. — Verbena L. (7 spec.) : V. gynobasis, ovario usque ad medium quadrilobato.
Ordo XIX. Lentibulariezæ. — Pinguicula Tourn. (2 spec.).
Ordo XX. Plantaginaceæ. — 1. Plantago (9 spec.). — 2. Bougueria Dene (1 spec.). — Littorella L. (1 spec.).
Ordo XXI. Myrsinacesæ. — Grammadenia Benth. (1 spec.).
Ordo XXII. Eriencesæ. — 1. Pernettya Gaudich. (3 spec.) : P. robusta. — 2, Gaulthieria Kalm. (13 spec. ): G. tolimensis, G. petræa, G. saxicola, — 3. Gay-Lussaccia H. B. K. (1 spec.). — 4. Vaccinium L. (8 spec.): V. aga- thosimoides. — 5, Ceratostema Juss. (3 spec.) : C. pubiflorum. — 6. Bejaria Mutis (3 spec.).
Ordo XXIIT. Rhamnaceæ. — 1, Colletia Commers. (2 spec.). — 2. No- tophæna Miers (2 spec.). — 3. Ochetophila Pæpp. (2 spec.).
Ordo XXIV. Umbellifersæ. — 1. Bowlesia Ruiz et Pav. (4 spec.) : B. pulchella (pl. 67, 8). — 2. Hydrocotyle Tourn. (4 spec.) : H. isoloba, H. gunnerifolia, H. sphenoloba. — 3. Azorella Lam. (18 spec.): A. pulvinata (pl. 66, À), A. biloba (Fragosa biloba Schldl.) (pl. 66, Z), A. peduncularis (Bolax pedunculatus Spreng.). — 4. Pozoa Lagasca (2 spec.). — 5. Laretia Gill. et Hook. (1 spec.). — 6. Mulinum Pers. (3 spec.). — 7. Eryngium Tourn. (1 spec.).' — 10. Oreosciadium (Apium, sect. Oreosciadium DC. Prodr.) (3 spec.): O. dissectum (Petroselinum dissectum Benth., Nipho- geton andicola Scbldl.) (PL 69, €), O. montanum (Apium montanum H. B. K., A. ranunculifolium, H. B..K.), ©. Lingula (pl. 69, 2). — 11, Osmor- rhiza Rafin, (1 spec.). — 12. Oreomyrrhis Endl. (1 spec.).
Ordo XXV. Araliaceæ. — Oreopanax Dene et Planch. (3 spec.).
Ordo XX VI. Saxifragacesæ.— 1. Escallonia Mutis (2 spec.) : Esc. ma- crantha. — 2. Weinmannia L, (6 spec.) : V. Trianæa (pl. 72, B). — 3. Sa- xifraga L. (4 spec).
Ordo XXVITI. Caetaeeæ. — Opuntia Tourn. (1 spec.).
Ordo XXVIIT. Rihesiaeesæ. — Ribes L. (5 spec.) : R. parviflorum, R. incarnatum. |
Ordo XXIX. Passifloraceæ. — Tacsonia Juss. (1 spec. ).
Ordo XXX. Loasacese. — 1, Loasa Adans. (7 spec.) : L. coronata Gill.
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mwsc. (Cajophora coronata Hook. et Arn.) (pl. 74), L. heptamera, L. rosulata, L. acuminata. — 2. Cajophora Presl (1 spec.). — 3. Bluménbachia Schrad. (4 spec.). : B. Prietea. — 4. Acrolasia Presl (1 spec. ).
Ordo XXXI. Onagrariaceæ. — Epilobium L. (5 spec.).
Ordo XXXII. Haloragesæ. — 1. Myriophyllum Vaill. (3 spec.). — 2. Gun- nera L. (1 spec.).
Ordo XXXIIL. Melastomaeesæ. — 1. Chætogastra Naud. (4 spec.). — 2. Micomia Ruiz et Pav. (8 spec.).
Ordo XXXIV. Rosaceæ. — 1. Hesperomeles Lindl. (6 spec.) : H. pernet- tyoides. — 2. Spiræa L. (1 spec.). — 3. Rubus L. (8 spec.). — 4. Potentilla Nestl. (1 spec.). — 5. Geum L. (2 spec.). — 6. Tetraglochin Pæpp. (1 spec. ). — 7. Polylepis Ruiz. et Pav. {6 spec.) : P. tomentella (pl. 78), P. sericea. — 8. Acæna L. (Ancistrum et Acæna H. B. K. (16 spec.) : A. ochreata, A. sub- incisa. — 9. Alchemilla Tourn. (13 spec.) : A. frigida, A. Polylepis (pl. 75, A), À. Mandoniana, A. erodiifolia, A. stemmatophylla (pl. 75, 2).
Ordo XXXV. Leguminosæ. — 1. Lupinus (1à spec.) : L. tolimensis. — 2. Lotus L. (1 spec.). — 3. Vicia L. (3 spec.). — 4. Astragalus DC. (21 spec. ) : A. minutissimus, A. cryptanthus, A. Orbignyanus, A. tarijensis, À, micran- thellus, A. modestus, — 5, Phaca L. (2 spec.). — 6. Adesmia DC. (13 spec. ): À. polyacantha, A. rupicola (pl. 79 bis, C.
Ordo XXXVI. Polygalesæ. — Monnina Ruiz et Pav. (4 spec. ).
Ordo XXX VII. Hypericaceæ.— Hypericum L. (8 spec. }: H. thesüfolium Triana et Planchon msc. (H. thesifolium, H. indecorum, H. uliginosum, H, silenoides, H. tarquense, H. multiflorum H. B. K.).
Ordo XXX VIII. Malvaeeæ. — 1. Malva L. (11 spec.): M. pygmæa (Sida pygmæa Remy, Malvastrum pygmæum Asa Gray), M. Purdiæi (Malvastrum : Purdiæi Asa Gray), M. parnassiifolia (Sida parnassiæfolia Hook., Malvastrum parnassiæfolium Asa Gray), M. rhizantha (Malvastrum rhizanthum Asa Gray), M. Richii (Malvastrum Richii Asa Gray), M. nubigena (Sida nubigena Wiprs), M. Oriastrum. — 2. Malvastrum Asa Gray emend. (17 spec.): M. borussicum (Sida borussica Meyen), M. Orbignyanum, M. longirostre, M. flabellatum, M. Mandonianum, M. Castelnæanum (pl. 80, À).
Ordo XXXIX. Geraniaceæ. — 1. Geranium L'Hérit. (11 spec.): G. rupicolum, G. canescens, G. quinquelobum. — 2, Erodium L'Hérit. (4 spec.). |
Ordo XL. Hypseocharides Wedd. — Hypseocharis Remy (4 spec.).
Ordo XLI. @xalides. — Oxalis L. (12 spec.) : O. eriolepis, O. platylepis, O. pachyrrhiza, O. pycnophylla.
Ordo XLIL Berberidesæ. — Berberis L. (13 spec. ) : B. pichinchensis, B. Goudotii Triana et Planchon, msc. (B. rigidifolia Benth. pro parte, non EN
Ordo XLIIT. Ranuneulaeeæ., — 1. Anemone [. (Anemone et Hepatica
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DC.) (1 spec.). — 2. Ranunculus L. (18 spec.) : R. Mandonianus, A/ismam natantem habitu referens, R. psychrophilus, R. filamentosus, R. palimbifo- lius, R. giganteus (Anemone gigantea Raimondi, flore 40 cent. lato, pl. 82 bis), R. Raimondii (Anemone argentea Raimondi. — 3. Myosurus Dill. (1 spec.). — 4. Caltha Pers. (1 spec. ).
Ordo XLIV. Frankeniaceæ. — Frankenia L. (1 spec.).
Le volume se termine par des additions dont il a été tenu compte dans la présente énumération, et par une table alphabétique des familles et des genres qui y sont contenus. L'auteur avertit que c’est seulement par suite d’une nécessité typographique que l'exposition de la famille des Frankéniacées suit
celle des Renonculacées. E. F.
Illustrations of the genus Carex (lconographie du genre Carex) ; par M. le docteur Francis Boott, trésorier de la Société Linnéenne de Londres. 3° partie; un volume in-4°, contenant 21 pages de texte et 101 planches gravées ou lithographiées. Londres, chez W. Pamplin, 1862.
Nous continuons à donner le relevé des planches consacrées par M. Boott à l’iconographie des Carex. Ce sont les suivantes :
Tab. CCCXI-CCCXVIIT, C. filicina Nees. Tab, CCCXIX-CCCXX, C, cruciata Nees. Tab. CCCXXI, C. amœæna Boott. Tab. CCCXXII, C. ramosa Schkuhr. Tab. CGCXXIHIT, C. vesiculosa Boott. Tab. CCCXXIV-CCCXXV, C. Cumingiana Steud. Tab. CCCXX VI, C. impunctata Boott. Tab, CCCX X VII- CCCXXIX, C. setosa Boott. Tab. CCCXXX, C. celsa Boott. Tab. CCCXXXI, C. longifolia R. Br. Tab. CCCXXXIII, C. Raoulii Boot. Tab. CCCXXXIVY- CCCXXX VII, C. Jamesoni Boott, Tab, CCCXXX VIII-CCCXL, C. borbonica Lam. Tab. CCCXLI-CCCXLIV, C. æthiopica Schkubr, Tab. CCCXLY- CCCXLIX, C. Boryana Schkuhr. Tab. CCCL, C. insularis Carmichael. Tab. CCCLI-CCCLIV, C. Wahuensis Mey. Tab. CCCLV, C. riparia Curt. Tab, CCCLVI-CCCEX, C. alpina Swartz. Tab. CCCLXI, C. Lehmanni Drejer, Tab. CCCLXII-CCCLXV, C. atrata L. Tab. CCCLXVI, C. atropicta Steud, Tab. CCCLXVII, C. Bonplandii Kunth. Tab. CCCLXVITI-CCCLXIX. C. scoparia Schkuhr. Tab. CCCLXX-CCCLXXI, C. lagopodioides Schkuhr. Tab. CCCLXXII-CCCLXXIV, C. cristata Schw. Tab. CCCLXX V-CCCLXX VIT, C. fœnea Willd. Tab. CCCLXXVIN, GC. alata Torr. Tab. CGCLXXIX- CCCLXXXII, C. adusta Boot. Tab. CCCLXXXIV-CCCLXXXIX, C. stra- minea Schkubr. Tab. GCCXC-CCCXCI, C. stipata Mublb. Tab. CCCXCIE, C. conjuncta Boott. Tab. CCCXCII, C. vulpina L. Tab. CGCXCIV, C. Sparganioides Muchlb. Tab, CCCXCV, C. cephaloidea Dewey. Tab. CGCXCVI- CCCXCVIIL, C. cephalophora Muehlb. Tab. CCCXCIX-CCCC, C. Muebhlen- bergii Schkubr. Tab. GCCCI-CCCGIIL, CG. Brongniartii Kunth. Tab. GGGCIV-
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CGCCIX, GC. vulpinoïdea Michx. Tab. CCCCX, CG. disticha Huds. Tab.
CCCCXI, GC. Gayana Desv. os
Icones Floræ germanieæ ct helveticæ, simul terraxrum adjacentium, crgo mediæ Europæ; auctoribus L. Reichen- bach et H.-G. Reichenbach filio, t. XX, décades 9-20.
Nous continuons à donner le relevé des planches de cet important ouvrage.
Decades 9-12. Tab. 1702. Veronica Anagallis L. var. genuina, var. tenella et var. anagalloides. 4703. V. urticifolia L. fil., V. scutellata L. et var. pubescens Kit. 1704. V. fruticulosa L. var. stenophylla, V. Chamædrys L. 4705. V. Allionii Vill, V. montana L. fil. 4706. V. officinalis L. et var. Tournefortii Schmidt, V. Frælichiana Rchb. 1707. V. Baumgartenii Rœm. et Schuit., V. aphylla L. 1708. V. prostrata L. 1709. V. Teucrium L., V. multifida L. 14740. V. Teucrium L. var. angustifolia Benth., V. austriaca L. var. bipinnatifida Kit. 1741. V. austriaca L. var. pinnatifida Kit., V. Ba- chofenii Heuff., V. spuria L. var. ovalifolia. 1712. V. crassifolia Wierzb. 1713. V. spicata L. et var. cristata Kit. 1714. V. longifolia L. var. vulgaris Kit., var. media Kit. 4715. V. spuria L. 1716. V. alpina L., V. bellidioides L. 1747. V. saxatilis L., V. fruticulosa L. 1718. V. tenella AL, V. serpyllifolia L. var. borealis Laest. 1719. V. peregrina L., V. acinifolia L. 1720. V. verna L., V. arvensis L. 1721. V. præcox AL, V. triphyllos L. 1722. Limosella aquatica L. 1723. Veronica satureioides Vis. Lindernia Pyxidaria L. 1724. Bartsia Trixago L. 1725. B. alpina L. et var. parviflora ; Eufragia latifolia Griseb. 1726. E. viscosa Benth. 1727. Bartsia Odontites Huds. et var. litto- ralis 1728. B. lanceolata Rchb. fil., B. verna Rchb. fill 1729. B. lutea Rchb. fil, B. viscosa Rchb. fil. 1730. Euphrasia tricuspidata L., E. salisburgensis Funk. 1731, E, officinalis L. 1732. E. officinalis L. var montana Fr., var. cuprea Jord., var, nemorosa Fr., var. micrantha Rchb., var. gracilis Fr., var. curta Fr,, var, relusa Tausch, E. minima Schlch. 1733. Melampyrum pratense L. 1734. M. saxosum Baumg., M. silvaticum L. 1735. M. nemo- rosum L. 1736. M. arvense L., M. barbatum Waldst. et Kit. 4737. M. cri- statum L. 1738. Alectorolophus minor Rchb. 1739. A. major var. hirsutus, var. medius, var. glaber. 1740. A. angustifolius Rchb., A. alpinus. 1741. Tozzia alpina L.
Decades 13-16. Tab. 1742. Pedicularis rostrata L. var. genuina, var. Jac- quini. 1743. P. Portenschlagii Saut., P. asplenifolia Flærke. 4744. P. gyro- flexa Gaud. 1745. P. cenisia Gaud. 4746. P. tuberosa L. 4747. P. incar- nata Jacq. 1748. P. atrorubens Schleich. 1749, P. silvatica L., P. palustris L. 1750. P. sudetica Willd. 4751. P. Friderici-Augusti fomm. 1752. P. Bar: relieri Rchb. 1753. P. dolichorrhiza Schrenk. 4754. P. leucodon Griseb. 4755. P. ochroleuca Schloss, 1756. P. foliosa L. 1757. P, comosa L, 1758.
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P, recutita L. 1759. P. rosea, P. OEderi Vahl. 1760. P. Allionü Rchb,. fil, P. rosea Wulf. 1761. P. acaulis Scop. 1762. P. verticillata L., P. Fride- rici-Augusti Tomm. 1763. P. Sceptrum-Carolinum L. 1764. Lathræa Squa- maria L. 4765, Clandestina rectiflora Lam. 1766. Phelipæa arenaria Walp. 1767. Ph. arenaria var. campylantha Rchb. fill 1768. Ph. lavandulacea Reut. 1769. Ph. cæsia Reut. 1770. Ph. cærulea C.-A. Mey. 1771. Ph. Muteli Reut, 1772. Ph. nana Rchb. fil 1773. Ph. ramosa C.-A. Mey. 1774. Pedicularis exaltata Bess. 1775. P. Hacquetii Graf. 1776. P. fasci- culata Bell. 1777. P. Hugueninii Rchb. fil 1778. Orobanche Rapum Thuill. 4779. O. crinita Viv. 4780. ©. cruenta Bert. 1781. O. variegata Walir.
Decades 17-20. Tab. 1782. Orobanche speciosa DC. 1783. O. Galii Duby et var. strobiligena. 4784. ©. -Epithymum DC. 1785. O. platystigma Rchb. 1786. O. hyalina Spran., O. pumila {Koch. 1787. O. procera Koch. 1788. O. leucantha Griseb. 1789. O. pallidiflora Wimm, Grab. 1790. O. Teucri F.-W. Schultz. 1791. O. Ritro Gren. et Godr. 4792, O. rubens Wallr. 1793. O. Laserpitii-Sileris Rafin. 1794. O. elatior Suit. 1795. O. Cervaria Suard. 1796. O. Picridis F. Schultz. 1797. ©. loricata Rchb. 1798. O. flava Mart, 1799. O. lucorum A. Braun. 1800. O. Salviæ F.-W. Schultz. 1801. O. pu- bescens d’Urv. 1802. O. laurina Ch. Bonap. 1803. O. Hederæ Vauch. 1804. O. minor Sutt. 180%. O. Crithmi Vauch. 1806. O. amethystea Thuill. 4807. O. Buckiana Kit. 1808. O. cernua Lœfl. 4809. O. cærulescens Steph. 4810. O. Cumana Wallr, 1811. Acanthus mollis L. 1812-13. A. spinulosus Host. 1814. À. longifolius Host. 1815. A. spinosissimus Desf. 1816. Globularia cordifolia L. et var. nana Camb., G. incanescens Viv. 1817. G. vulgaris L. 1848. G. Alypum L., G. nudicaulis L. 1819. Pinguicula vulgaris. L. var. gypsophila Hamp. 1820. P. grandiflora Lam., P. leptoceras Rchb, 1821.
P. lusitanica L., P. longifolia Ram., P. alpina L. Ë. F.
Kryptogamenfiora von Sachsen, der Ober-Lausitz, Thuce- ringen und Nord-Boæœhmen, mit Beruecksichtigung der henachhbarten Lænder. Erste Abtheilung : Algen im wei- testen Sinne, Leber-und Laubmoose (Flore cryptogamique du royaume de Saxe, de la Lusace supérieure, de la Thuringe et de la Bohême sep- tentrionale, avec des considérations sur les pays voisins. Première partie, coniteriant les Algues dans le sens le plus étendu, les Hépatiques et les Mousses) ; par M. le D' L. Räbenhorst. Leipzig, chez Édouard Kummer, 1863; in-8°, pp. 653; préambule et table des matières, pp. 20; environ 200 gravures sur bois intercalées dans le texte.
L'auteur s'explique, dans le court préambule de cet ouvragé important, sur les limites du territoire dont s'occupe cette Flore, et il nous apprend à ce
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propos que la partie de son livre relative aux Algues peut être considérée en quelque sorte comme une Flore des Algues de l’Allemagne en général, car, dit-il, dans une Flore locale, même d’une circonscription minime, on trouve représentées à peu près toutes les Algues de l'Allemagne entière, on pourrait presque dire celles de l'Europe. Cette partie de l’ouvrage contient, comme un complément très-précieux et important, plus de deux cents belles gravures sur bois intercalées au texte et représentant tous les genres d’Algues mentionnés dans la Flore,
L'auteur a donné l'étendue la plus large à la famille des Algues, qu'il divise en trois classes: A/gæ, Melanophyceæ et Rhodophyceæ. Les Algues proprement dites se subdivisent à leur tour en Diatomaceæ, Phycochromaceæ et C'hlorophyllaceæ, les premiers contenant l’ordre des Diatomeæ, les seconds celui des Glycophyceæ etles troisièmes les ordres des Palmellaceæ, Conjugalæ, Siphoneæ et Confervaceæ. La classe des Melanophyceæ ne contient que l’ordre des Lemoniaceæ ; les Rhodophyceæ se composent de deux ordres : Batra- chospermaceæ et Phyllophoracecæ.
Les autres classes des végétaux cryptogamiques contenues dans cette première partie sont les Characées, les Hépatiques, les Sphagninées et Îles Mousses ou Bryinées. Les descriptions des plantes sont en allemand, et les noms des espèces sont suivis de leurs synonymes; l’auteur donne aussi l'éty- mologie des noms des genres. La publication de la seconde partie de cet ouvrage, qui devra contenir les Lichens et les Champignons, dont les genres seront également figurés, est promise pour la fin de l’année 1864.
JOHANNES GRŒNLAND,
Bryologia javaniea, seu descriptio Muscorum frondosorum archipe- lagi indici, iconibus illustrata ; auctoribus R.-B. van den Bosch et C.-M. van der Sande Lacoste. Vol. I, initium. Lugduni-Batavorum.
Nous continuons à donner à nos lecteurs le relevé des planches de cette importante publication.
Tab. 131. Rhizogonium piniforme Bruch. 132. R. piniforme Bruch. var. elatum v. d. B. et Lac. 133. R. latifolium v. d. B. et Lac. 134. Cyathopho- rum Adiantum Mitt. 435. C. parvifolium v. d. B. et Lac. 136. G. tenerum v. d. B. et Lac. 137. Hypopterygium Struthiopteris Brid. 138. H, trichocla- don v. d. B. et Lac. 139. H. Chamædrys v. d. B. et Lac. 140. H. Vriesii v. d. B. et Lac. 441. H. aristatum v. d. B. et Lac. 442. H. tenellum C. Muell. 143. H. humile Mit. 144-45. Rhacopilum spectabile Rev. et Hornsch. 146. R. demissum v. d. B. et Lac. 447. Distichophyllum nigricaule Mitt. 148. D. nanum Dz et Molk. 449. D. Mittenii v. d. B. et Lac. 150. D. acu- minatum v. d. B. et Lac. 451. D. Montagneanum v. d. B. et Lac. 152. D. tortile Dz et Molk. 153. D. undulatum Dz et Molk. 154. Daltonia longipe- dunculata C. Muell. 155. D. contorta C. Muell. 1456. D. mucronata v. d. B.
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et Lac. 157. Hookeria acutifolia Hook. 458. Eriopus remotifolius C. Muell. 459. Actinodontium adscendens Schr. 160. A. rhaphidostegum v. d. B. et Lac. 161. Pterygophyllum Blumeanum v. d. B. et Lac. 162. Callicostella papillata Mitt. 163. C. Prabaktiana v. d. B. et Lac. 464. Lepidopilum macro- pus v. d. B. et Lac. 465. L. Sumatranum v. d. B. et Lac. 166. Chætomi- trium philippinense v. d. B. et Lac. 167. C, horridulum v. d. B. et Lac. 168. C. ciliatum Dz et Molk. 469. C. torquescens v. d. B. et Lac. 170. C. lanceolatum v. d. B. et Lac. 471. C. papillifolium v. d. B. et Lac. 172. C. muricatum v. d. B. et Lac. 173. C. acanthocarpum v. d. B. et Lac. 174. C. Vrieseanum v. d, B. et Lac. 175. Homalia exigua v. d. B. et Lac. ER
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
Le Jardin fruitier du Muséum, ou /conographie de toutes les espèces et variétés d'arbres fruitiers cultivés dans cet établissement, avec leur description, leur histoire, leur synonymie, etc.; par J. Decaisne (4° vol., livr. 37-41). Paris, 1860-61. Chez Firmin Didot frères, fils et Cie, rue Jacob, 56.
Nous continuerons de faire connaître les variétés de Poires décrites par M. Decaisne, en suivant l’ordre des livraisons de son magnifique ouvrage.
37° livraison. — Poire Gilot: fruit ’hiver, gros ou moyen, ventru, obtus ; à queue droite, charnue ; à œil enfoncé ; à peau un peu rude, jaune du côté de l'ombre, rouge-brun du côté du soleil, terne, parsemée de points et de marbrures, et marquée d'une large tache fauve autour de la queue ; chair cassante, sucrée ; à cuire. — P. Orange d'hiver : fruit d'hiver, moyen, turbiné ou arrondi, ordinairement un peu bosselé ; à queue droite, légèrement enfoncée dans le fruit; à peau lisse, jaune, unicolore, marquée de quelques petites taches fauves ; à chair ferme ou demi-cassante, sucrée, plus ou moins musquée. —- P. Catillac: fruit d'hiver, moyen ou gros, ventru, obtus, souvent un peu bosselé ; à queue légèrement oblique, cylindracée, un peu enfoncée dans le fruit; œil grand ; peau épaisse, jaune, lavée de rouge au soleil, parsemée de points et de taches fauves ; chair cassante, âpre ou sucrée; fruit à cuire. — P. Ambrette d'hiver : fruit d'hiver, moyen, arrondi, légè- ment déprimé aux deux extrémités, jaune olivâtre, parsemé de points et de nombreuses taches fauves un peu rudes ; à queue droite ou un peu oblique et un peu renflée aux deux bouts ; à chair ferme ou demi-fondante, sucrée, parfumée.
38° livraison. — Poire Bergamotte ; fruit d'automne, moyen, arrondi, vert pâle, pointillé, déprimé aux deux extrémités ; à queue cylindracée, ren- flée aux deux bouts, assez courte, droite ou arquée ; à chair fondante, très- juteuse, sucrée, parfumée, — P. Passe-Colmar : fruit de fin d'automne où
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d'hiver, piriforme ou ventru ; à peau jaune, lavée de rouge-orangé au soleil, parsemée de points et portant autour du pédoncule une large tache jaune ; à queue droite, assez courte ; à chair fondante, parfumée, un peu citronnée.— P, Double-Fleur : fruit d'hiver, ventru, à peau jaunâtre, parsemée de très- petits points ainsi que de nombreuses taches ou marbrures fauves, ordinaire- ment dépourvue de taches autour du pédoncule; à queue remarquablement longue, grêle, légèrement renflée ou accompagnée de petits plis à son inser- tion sur le fruit ; à chair cassante, peu juteuse , sucrée , non musquée ; fruit à cuire. — P. Amoselle : fruit d'hiver , moyen, arrondi, déprimé aux deux extrémités; à queue longue, arquée, renflée à son insertion sur le fruit ; peau épaisse, jaune-verdâtre, lavée de roux au soleil, parsemée de gros points : fauves ; œil enfoncé, à divisions caduques ou rapprochées ; chair demi- cassante, sucrée, légèrement parfumée.
39° livraison. — Poire Martin-sec : fruit d'hiver, petit, piriforme ou en calebasse, à queue droite ou arquée, insérée dans l’axe ou sur le côté du fruit ; à peau brune ou de couleur cannelle, pointillée ; à chair cassante, jaunâtre, sucrée, d’une saveur particulière, — P. Lefevre : fruit d'automne, moyen ôu gros, obtus aux deux extrémités ; à queue assez courte, légèrement enfoncée dans le fruit, renflée aux deux bouts ; à peau fine, olivâtre, bronzée, quelquefois lavée de roux au soleil, parsemée de nombreux points grisâtres arrondis ; œil à divisions très-longues; chair fondante, très-juteuse et sucrée. —r P. Hamden : fruit d'automne, moyen, arrondi ou ventru ; à queue droite, cylindrique, insérée au centre d’une cavité régulière ; à peau vert-jaunâtre, parsemée de points et de taches circulaires lisses olivâtres ; à chair fine, très- juteuse, acidulée, très-faiblement musquée. — P?. d'Hacon: fruit d’au- tomne, moyen, assez régulier, arrondi ou légèrement turbiné, déprimé aux deux extrémités ; à queue droite , assez grosse ; à peau jaune-verdâtre lavée de rouge, parsemée de petits points verts, dépourvue de taches ou de mar- brures fauves ; chair fine, très-fondante, musquée.
L0° livraison. — Poûre Louise-Bonne d'Avranches : fruit d'automne, assez gros, piriforme, oblong, obtus, à peau jaune-citron vif, lavée de rouge du côté du soleil, parsemée de petits points fauves ; à queue assez longue, renflée et ordinairement coudée à son insertion sur le fruit ; à chair très-finé, fondante. — P. É'pine du Mas : fruit d'automne, moyen, piriforme, oblong ; à peau jaune, lavée de jaune-orangé ou de rouge-carminé, parsemée de points et marquée de fauve antour du pédoncule; à queue oblique, assez courte, ordinairement insérée en dehors de l’axe du fruit ; à chair blanche, ferme, acidulée, parfumée. — P. de Fontenay (Vendée) : fruit d'automne, assez gros, oblong ou piriforme, à peau verte, marbrée de taches olivâtres ou fauves et parsemée de gros points ; à queue charnue, droite ou insérée obliquement et un peu en dehors de l’axe du fruit ; à chair fondante, juteuse, parfumée. — P. Pomme : fruit d'automne, petit ou moyen, à queue droite profondément
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enfoncée dans le fruit; à peau jaune-verdâtre, presque complétement recou- verte de larges taches fauves, squameuses, rudes ; à chair se blanc jau+ nâtre, fondante, sucrée, légèrement astringente.
hA° livraison. — Poire Graslin : fruit d'automne, sirhé, oblong où piriforme-ventru ; à peau très-lisse, jaune et lavée de rose au soleil, parse- mée de petits points fauves et quelquefois marquée dé pétités taches brunes; à queue légèrement courbée, plissée, renflée ét charnue à son insertion sur le fruit, avec lequel elle se confond ordinairement ; à chair fine, fondante, sucrée-acidulée, parfumée. — P, Bretonneau: fruit d'hiver, ventru, à peau jaune-térne, lavée de rouge foncé au soleil, parsemée de points, recou« verte de nombreuses taches, et portant autour du pédoncule une large macule fauve ; à queue courbée ; à chair blanc-jaunâtre, assez grossière, cas sante ; fruit à cuite. = P, Napoléon : fruit d'automne, moyen, piriforme, ventru, oblong et obtus aux deux extrémités, toujours étranglé vers le milieu ; à peau lisse, jaune, presque dépourvue dé points, parsemée de quelques petites marbrures, quelquefois lavée de rose du côté du soleil ; à pédoncule de gros- seur variable, ordinairement enfoncé dans le fruit ; à chair fine, fondante, sucrée-aciduléé, plus ou moins parfumée, — P. Bishop's tumb : fruit d'au- tomne, moyen, piriforme, souvent un peu bosselé ; à peau jaune et rouge- foncée, parsemée de points entremélés de quelques petites taches fauves ; à queue droite ou oblique, plus ou moins charnue, se confondant avec le fruit;
à chair fine, fondante, juteuse, parfumée. E. F,
MÉLANGES.
Œuvres scientifiques de Gœthe, analysées et appréciées par M. Ernest Faivre. Un volume in-8° de 44h pages. Paris , chez L. Ha- chette et Ci°, 1862,
Nos lecteurs nous sauront gré de leur signaler un livre dont l'intérêt bota- nique ne saurait être mis en doute. Les vues élevées de l’auteur de l’Æ'ssar sur la métamorphose des plantes, ses théories, entrémélées d'erreurs de détail, ilest vrai, mais justifiées dans leur généralité par les progrès de la science qu’elles paraissaient prédire, tiendront toujours une grande place dans le sou- venir de ceux qui les ont connues et s’imposeront d’ellés-mêmes à l’étude de ceux qui les ignoreraient encore. L’excellente traduction de M. Ch. Martins avait déjà initié le public français à une partie des œuvres scientifiques de Gœthe; M. Faivre à voulu achever le travail, et surtout mettre en luinière les découvertes les plus originales du poëte, les circonstances qui les ont dé terminées, les doctrines qui en ont été le point de départ ou le résultat, enfin les liens intimes qui rattachent aux différentes phasés de la carrière de Gæthe ses conceptions scientifiques et philosophiques. Aussi a-t-il joint à l'analyse
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des travaux de botanique, de zoologie et de géologie de l’auteur de Faust, et à la traduction littérale des pièces essentielles de son œuvre scientifique, des considérations sur sa vie, ses correspondances, ses doctrines, et spécialement sur le caractère original de ce puissant génie.
Le livre de M. Faivre est destiné à compléter une nouvelle traduction des œuvres de Gæthe publiée par la maison Hachette, et due à M. Jacques Por- chat. I] débute par une introduction où l’auteur examine l’état de la science à l’époque où Gœthe a commencé à écrire, et l'influence qu'il a exercée sur son développement. Le corps de l’ouvrage est divisé en quatre parties. La première étudie la vie et les relations scientifiques du poëte, soit avant son voyage en Italie, soit depuis son retour de ce pays, et nous le montre dans une position politique élevée qui lui permet de favoriser les arts et les sciences. La deuxième, de beaucoup la plus longue de l'ouvrage, est relative à ses tra- vaux scientifiques; l’£ssai sur la métamorphose des plantes est traduit en entier. M. Faivre rappelle ensuite les diverses appréciations qui ont été faites de cet opuscule et des doctrines qu’il contient, ainsi que l'influence qu'il lui reconnaît sur les progrès de la science ; nous n’insisterons pas sur les détails d'anatomie comparée et de géologie dans lesquels il a dû entrer pour suivre l'auteur allemand dans ses divers travaux. La troisième partie a pour titre : La science dans les écrits littéraires et esthétiques de Gæthe; la quatrième : Doctrines de Gæthe en histoire naturelle. Ici, M. Faivre étudie les rapports des conceptions philosophiques du poëte avec les doctrines philosophiques de Spinoza, Kant, Fichte, Schelling et Hegel ; d’après lui, cet homme de génie, toujours original dans ses créations, n’aurait pris que peu de chose aux sys- tèmes d'autrui; l’idée essentielle que Gæthe exprime toujours en philosophie naturelle, c’est que pour pénétrer les phénomènes et les comprendre, il faut être avant tout docile à l’enseignement des faits, également éloigné d’une ana- lyse et d’une synthèse exclusives, de l'abus des expériences et de l’abus des théories. Gœthe à développé ces principes dans un discours sur l'expérience, considérée comme intermédiaire entre le sujet et l’objet, que M. Faivre a traduit ir extenso. 11 ne croit pas, comme Schelling, que l'observation soit un vain mot, et que la méthode spéculative soit le but unique de la science; il ne pense pas, comme Bacon, que notre esprit puisse rester exclusivement enfermé dans la région des faits et des inductions. C’est sous l'empire de ces principes que Gæthe a conçu le principe d'unité de composition organique, plus de vingt ans avant qu'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire publiât son Ana- tomie philosophique, et l'idée des métamorphoses, dont il a entrevu l'impor- tance dans le développement des animaux, après l'avoir démontrée dans celui des végétaux. « Aussi, dit M. Faivre, Gæthe doit-il prendre rang parmi les » naturalistes philosophes les plus éminents de ce siècle, malgré son ignorance » du détail, sa ridicule polémique contre Newion et ses applications fausses où » exagérées de certains principes. Sa science n’est pas d’un observateur curieux
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» des faits particuliers, mais d’un esprit généralisateur qui se place sur les » sommets pour contempler la nature de loin et de haut. Il n’est pas du » nombre de ces savants qui comptent, pèsent, observent, expérimentent ; il » appartient à ce petit groupe d'hommes éminents, qui méditent, interprèlent, » indiquent les voies nouvelles, devancent leur époque et préparent les » progrès. »
E. F.
BIBLIOGRAPHIE.
Botanische Zeitung.
Articles originaux publiés dans les troisième et quatrième trimestres de 1862.
Hildebrand (F.). — Ueber einige Fælle abnormer Bluethenbildung (Sur quelques cas d'anomalie dans la formation des fleurs): 1° Formation anomale des fleurs d’un Convallaria majalis, pl. vit, fig. 1-20; 2° pélorie du Viola odorata, fig. 21-27; 3° fleur anomale du Sarothamnus scoparius, fig. 28, n° 27, pp. 209-214.
Reichenbach fil. (H.-G.). — Neue Orchideen (Nouvelles Orchidées), n° 27, pp. 214-215.
Alefeld. — Nachtræge zu meiner Monographie der Pirolaceen (Additions à ma monographie des Pirolacées), n° 28, p. 217-220.
Alefeld. — Ueber die Séipulæ bei Lotus, etc. (Sur les stipules dans le genre Lotus, etc.), n° 28, p. 220.
Mohl (H. de). — Einige anatomische und physiologische Bemerkungen ueber das Holz der Baumwurzeln (Quelques observations anatomiques et physio- logiques sur le bois des racines des arbres) ; 4° article : Sur le bois des racines des Conifères, n°° 29 et 30, pp. 225, 230 et 233-239,
Sachs (Julius). — Zur Keimungsgeschichte der Dattel (Histoire de la ger- mination du Dattier), n°° 31 et 32, pp. 241-246 et pp. 249-252, ipl. 1x.
Reichenbach fil. (H.-G.). — Dendrobium Aphrodite, n° 31, p. 246.
Sachs (Julius), — Ueber saure, alkalische und neutrale Reaction der Sæfte lebender Pflanzenzellen (Sur la réaction acide, alcaline et neutre des sucs contenus dans les cellules vivantes, n° 33, pp. 257-265.
Teysmann et Binnendyk, directeurs du jardin botanique de Buitenzorg à Java. — Ueber das Kaju-Garu, ein wohlriechendes Holz in Indien (Sur le Kaju-Garu, bois odorant des Indes orientales); communiqué par M. le professeur Miquel; n° 33, pp. 265 et 266.
Mohl (H. de). — Einige anatomische und physiologische Bemerkungen, etc. (Quelques observations anatomiques et physiologiques, etc.); 2° article : La racine des arbres feuillés {Laubhælzer), n°° 34, 35 et 36, pp. 269- 278, 281-287 et 289-295.
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Nylander (W.).— Tylophoron et Parathelium, genera Lichenum nova, n° 34, pp. 278-279.
Nylander (W.). — Circa genus Aporiam Dub. notula, n° 34, pp. 279-280.
Irmisch. — Notiz ueber die Rubus-Arten (Note sur les espèces du genre Rubus}, n° 36, p. 295.
Buchenau (Franz). — Der Bluethenstand von Æmpetrum (Inflorescence de l'Empetrum), n° 37, pp. 297-301, pl. x, fig. 1-7.
Schlechtendal (D.-F.-L. de). — Abnorme Bildungen an Pflanzen (Formes anomales dans le règne végétal, n° 37, pp. 301-302.
Buchenau (Franz). — Eïnige Beobachtungen aus dém Gebiete der Pflanzen- Teratologie (Quelques observations de tératologie végétale), n° 38, p. 305- 310: Racines des Daucus Carota, lonopsidion acaule, Brassica Rapa, Periploca grœca, Parnassia palustris, Plantago major, pl. x, fig. 8-20.
Mohl (H. de). — Einige anatomische und physiologische Bemerkungen, etc. (Quelques observations anatomiques et physiologiques, etc.) ; 3° article : Sur: les racines, n° 39 et 40, pp. 313-319 et 321-327.
Nylander (W.). — Circa Lichenes ferricolas notula, n° 39, p. 349.
Mueller (Carl). — Additamenta ad Synopsin Muscorutn nova, n° 40, 41, 42, 43, hh, 45 et 46, pp. 327-329, 337-339, 348-350, 361-362, 373-374, 381-382, 392-393.
Regel. — Noch einmal Zetula alba L. und deren Abarten, B. alba verrucosa und pubescens (Encore une fois le Zetula alba L. et ses or B. alba verrucosà et pubescens), n° 40, pp. 329-330.
Solms-Laubach (le Cte Fr. de). — Ueber einige behaarte Pezizen (Sur quelques Pézizes velues, n° 41, pp. 333-337, pl. xI.
Alefeld (Friedrich). — In denselben Bluethen normaliter die Antheren zum
* Theil nach innen, zum Theil nach aussen aufspringend (Des anthères qui, dans la même fleur, offrent normalement une déhiscence en partie rh en partie extrorse), n° A, p. 339.
Kabsch (W.). — Ueber die Einwirkung verschiedener Gase und des luftver- duennten Raumes auf die Bewegungserscheinungen im Pflanzenreiche (Sur l’action des différents gaz et de l'air raréfé sur les phénomènes de mou- vement dans le règne végétal), n°° 42 et A3, pp. 341-348 et 353-361.
Dronke. — Abnorme Fruchtbildung bie Prunus A rmeniaca (Formation anor- male du fruit d’un Prunus Armeniaca), n° 42, pp. 350-354.
Alefeld (Friedrich). — Ueber die amphicarpen Vicieen (Par les Viciées amphicarpes), n° 43, pp. 362-363.
Sachs (Julius). — Ueber den Einfuss des Lichtes auf die Bildung des Amylums in den Chlorophyllkærnern (De l'influence de la lumière sur la formation de la fécule dans les granules de chlorophylle), n° 44, pp. 365-373.
Schimper (W.-Ph.). — Bemerkungen ueber D' Muellers Zryum Drum-
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mondii (Observations sur le Zryum Drummondii de M. le D' Mueller), n° 44, pp. 374- .
Beichenbach fil. (H.-G.). — Cleisostoma Guiberti Lind. et Rchb. fil. n° 44, pp. 375.
Sollmann (Aug.). — Ueber die Eutwicklung der Sporen von Sphæria capi- tellata Klotzsch (Sur le développement des spores du Sphæria capitellata
. Klotzsch), n° 45, pp. 377-381, pl. xir.
Schlechtendal (D.-F.-L, de). — Abnorme Pflanzenbildungen (Des formations anomales dans le règne végétal), n° 45, pp. 382-383.
Pollender (Alo ys). — Chromsæure, ein Lœsungsmittel fuer Pollenin und Cutin, nebst einer neuen Untersuchung ueber das chemische Verhalten dieser beiden Stoffe (L’acide chromique, matière propre à dissoudre la pollinine et la cutine, accompagné d’une nouvelle observation sur les propriétés chimiques de ces deux substances), n°° 46 et 47, pp. 385-389 et 397-405. {
Wiesner (Julius). — Einige Beobachtungen ueber Gerb-und Farbstoffe der Blumenblætter (Quelques observations sur le tannin et les matières colo- rantes des pétales), n° 46, p. 389-392.
Wicke (Wüilh.). — Beobachtungen an Chenopodium Vulvaria ueber die Ausscheidung von Trimethylamin (Observations sur la sécrétion de tri- méthylamine dans le Chenopodium Vulvaria), n° 46, pp. 393-395.
Mueller (Carl). — Antwort auf D° W.-Ph. Schimpers Bemerkungen ueber D' Muellers Bryum Drummondii (Réponse aux observations de M. le D' Schimper sur le Bryum Drummondii de M. le D' Mueller), n° 6, pp. 395-396.
Schlechtendal (D.-F.-L. de). — Abnorme Fruchthildungen (Formations anomales de fruits), n° 47, pp. 405-406,
Schacht (Hermann). — Ueber den Stamm und die Wurzel der Araucuria brasiliensis (Sur la tige et la racine de l’Araucaria brasiliensis), n°° 48 et 49, pp. 409-414 et 417-4123, pl. XII et XIv.
Phæœbus (P.). — Das Staudingersche Microtom (Le microtome de M. Stau= dinger), n° 49, pp. 424-425.
.Reichenbach fil. (H.-G.). — Rodriquezia pardina, n° 49, p. 528.
Milde (J.). — Wissenschaftliche Ergebnisse meines Aufenthalts bei Meran (Résultats scientifiques de mon séjour dans les environs de Méran), n°° 50, 51 et 52, pp. 429-438, 4h1-h5h et 157-460.
Buchenau (Franz). — Berichtigangen zu dem Aufsatze in n° 38 £inige Beobachtungen aus dem Gebiete der Pflansenteratologie (Rectifications au mémoire du n° 38, intitulé : Quelques observations de tératologie végétale), n° 50, p. 438.
Mohl (H. de). — Einige erlæuternde Bemerkungen zu a der von Prof. Schacht gegen meine Darstellung des Coniferenholzes erhobenen Reclamationen
2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(Quelques observations relatives aux réclamations élevées par M. Schacht contre mon Æzxposition de la structure du bois des Coniféres), n° 52, pp. 460-462.
Publications diverses :
Liste des plantes qui ont résisté en plein air, depuis plusieurs années, au jardin botanique de la marine à Brest; par M. Hétet (Ann. sc. nat. 1862, tt XVI, pp. 379-382).
Additamenta ad 7'hesaurum litteraturæ botanicæ altera; index IT librorum botanicorum Bibliothecæ horti imperialis botanici petropolitani quorum inscriptiones in G.-A. Pritzelii Zhesauro litteraturæ botanicæ et in Addita- mentis ad thesaurum illum ab Ernesto Amando Zuchold editis desiderantur ; collegit et composuit Ernestus de Berg, horti imperialis botanici petropo- litani bibliothecarius. Petropoli, 1862. In-8° de 32 pages.
Guide du botaniste dans le canton de Vaud, comprenant en outre le bassin de Genève et Le cours inférieur du Rhône en Valais ; par D. Rapin ; 2° édi- tion. Un volume in-8° de 772 pages ; Genève et Paris, chez Joël Cherbu- liez, 1862.
Trattato della malattia dominante nella vegetazionc, ossia la crittogamologia generale e speciale della vite, del gelso e del baco; è rimedj per redurli allo stato normale sano e prospero (Traité de la maladie qui domine dans la végétation, ou Histoire générale et spéciale des cryptogames de la vigne, du mürier et du ver à soie, avec les remèdes propres à ramener les êtres malades à leur état normal) ; par P. Mariano Crespi. Milan, 1862).
NOUVELLES.
— M. J. de Seynes, docteur ès sciences, a été nommé agrégé près la Faculté de médecine de Paris au mois d'août 1863, à la suite d’un brillant concours, dans lequel ont été soutenues les thèses suivantes : De la germi- nation, par M. J. de Seynes, De la fécondation dans les Phanérogames, par M. Eug. Fournier, et De la fécondation dans les Cryptogames, par M. Léon Vaillant. Notre Revue rendra compte ultérieurement de ces travaux.
— Notre Bulletin a déjà annoncé les travaux de M. Guiseppe Pancio sur la flore de la Servie. Ces travaux ont été poursuivis et couronnés de succès, car ils ont permis à M. de Visiani de présenter à l’Institut vénitien l’Z/lustra- zione delle piante nuove e pix rare della Serbia raccolte ed osservate dal prof. Guiseppe Pancio. On sait que M. Pancio avait déjà publié en 1836 un catalogue des plantes phanérogames de la Servie.
Paris, — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1863. PRÉSIDENCE DÉ M, E. COSSON.
M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 30 janvier, dont la rédaction est adoptée.
A l’occasion du procès-verbal, M. Moquin-Tandon revient sur la poire prolifère dont il a parlé dans la dernière séance (voy. plus haut, p. 48), et qu'il a examinée de nouveau d’après les observa- tions de M. Duchartre :
M. Moquin-Tandon a remarqué des lobes calicinaux très-visibles sur cha- cun des trois fruits dont se compose l'échantillon anomal, et deux ou trois loges dans leur intérieur. Il ajoute que l’on peut distinguer les cas de vraie prolification de ceux où la dilatation résulte de l'hypertrophie du pédoncule, par plusieurs caractères. Quand il y a prolification, le fruit inférieur est le plus gros, et il est formé d’un parenchyme charnu; en outre, la ligne de démarcation entre les fruits, qui sont creusés de vestiges de loges, est bien tranchée, et elle porte des lobes calicinaux. Quand, au contraire, il y a hyper- trophie du pédoncule, le fruit inférieur est le plus petit, et il présente des côtes plus ou moins distinctes, formées par les faisceaux fibro-vasculaires du pédoncule ; la ligne de démarcation est mal établie, et l’on ne trouve ni rudi- ments de loges, ni sépales. Quant à la formation des fruits prolifères, M. Mo- quin-Tandon serait porté à croire que du premier fruit est née une fleur, qui a produit le second fruit; mais c’est l’analogie qui le guide dans l’interpré- tation du fait actuel plutôt que l'observation directe.
M. Chatin fait remarquer que si l’on n’observait pas de lobes calicinaux sur la ligne de démarcation qui sépare les fruits proli- fères, ces fruits rappelleraient les verticilles de loges superposées de la Grenade et la disposition que l’on a observée dans les fruits
T X 6
7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
du Pommier de Saint- Valery, et n’en différeraient que par un étranglement placé entre ces verticilles.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l’admission de :
MM. Pomez (A.), garde-mines-géologue, à Oran (Algérie), pré- senté par MM. Vigineix et Lefèvre. SCHONEN (le baron de), rue Saint-Dominique, 32, à Paris, présenté par MM. P. Marès et Cosson.
M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation.
Dons faits à la Société :
4° De la part de M. Morière : Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, t. VIT, 4861-62.
2° En échange du Bulletin de la Société :
Nouveaux mémoires de la Société nt des sciences naturelles, t. XIX, 1862.
Compte rendu de la 45€ session de la Société suisse des Sciences naturelles, réunie en août 1861.
Pharmaceutical journal and transactions, février 1863.
L'Institut, février 1863, deux numéros.
M. J. Gay annonce à la Société que M. Babington offre de lui envoyer une collection de ses Rubr anglici.
La Société accepte avec reconnaissance l'offre de M: Babington: M. le Secrétaire général est chargé d’en informer l'honorable pro- fesseur de Cambridge, et de lui transmettre les remerciments sé Ja Société.
M. Duchartre fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR UNE ESPÈCE NOUVELLE D'AMARYLLIS DU BRÉSIL, pt M. P, DUCHARTRE.
Au mois d'août 1862, la Société impériale et centrale d’Horticulture reçut d’un de ses membres, M. Binot, horticulteur fixé à Pétropolis, près de Rio- Janeiro (Brésil), deux pieds d’une Amaryllidée qui se présentait avec des caractères exceptionnels à divers égards. Son bulbe avait des dimensions con- sidérables, puisqu'il mesurait 0",10 à 0",12 d'épaisseur ; en outre, il se con-
SÉANCE DU 13 FÉvRIER 1862. 75
tinuait supérieurement en une sorte de fausse-tige conique, formée par l'emboîtement des feuilles dans leur moitié inférieure ; cette fausse-tige attei- gnait 0%,45-0",50 de hauteur, et elle était terminée par des feuilles forte- ment arquées en faucille. Dans la lettre trop peu circonstanciée qui accompa- gnait cet envoi, M. Binot disait qu'il avait découvert cette plante sur une montagne (dont il n’indiquait ni le nom, ni la situation, mais que je présume faire partie de la Serra dos Orgaos, ou chaîne des Orgues), que personne n'avait gravie avant lui; là, ellé arrivait à des proportions extraordinaires pour une plante bulbeuse, puisqu'elle atteignait 2 et même 3 mètres de hauteur, et sa hampe portait à son extrémité supérieure une magnifique otbelle de huit à douze grandes fleurs. Il ajoutait qu’y ayant reconnu un Amaryllis, il proposait de lui donner le nom d’Amaryllis-Impératrice-du- Brésil.
Vers la même époque, ou un peu auparavant, deux autres pieds, beaucoup moins développés, de la même plante, furent envoyés par l’horticulteur de Pétropolis à M° Furtado, qui les fit placer dans l’une des serres de son château de Rocqiencourt près Versailles (Seine-êt-Oise) ; l’un de ceux-ci à produit, dès la fin dé janvier dernier, une ombelle de quatre grandes et belles fléurs. Tnstruit de cette heureuse circonstance, je me suis empressé d’aller examiner cette remarquable Amarvyllidée, en même temps que M. Riocreux se rendait de son côté à Rocquencourt pour y exécuter, pour la Société impé- riale et centrale d’Horticulture , la belle et très-exacte figure que j'ai l'hon- neur de mettre en ce moment sous les yeux de la Société botanique.
Comme l'avait reconnu M. Binot, la plante dont on lui doit la découverte et l'envoi en Europe, est une espèce d'Amaryllis de la section Æ'ppeastrum. Par son port, par Ses dimensions, par l’ensemble de ses caractères, elle me semblé parfaitement distincle de toutes les espèces de la même section qui oùt &té décrites jusqu’à ce jour. Je crois devoir lui donner le nom d’Amaryl- lis procera, afin de rappeler ses dimensions vraiment extraordinaires, qui Surpassent de beaucoup celles de l’Amaryllis (Hippeastrum ) robusta Alb. Dietrich, la plus grande espèce que l’on connût encore (voy. Algem. Gar- tenzeitung, 18° ann. 4850, p. 44), et qui en font le géant du genre. J’en résumérai les caractères principaux dans la diagnose suivante :
AMARYLLIS (fippeastrum) PROCERA Dectre: bulbo maximo, in collum producto; foliis numerosis, distichis, longissimis, parte superiore loratis, fal- catis, patulis reflexisve, parte inferiore erecta longe vaginantibus, sicque pseudocaulem crassum, elatum (1-2 metr.), externe vaginis aridis, brunneis obtectum efficientibus, apice obtuso angustatis, utraque pagina striatis, mar- gine integerrimo cartilagineis; scapo centrali erecto, foliis breviore, valde compresso, ancipiti; spatha bivalvi, valvis lanceolatis, inæqualibus, altera latiore, externa, bicarinata, altera angustiore, plana, demum flaccidis, deflexis, arescentibus rubescentibusque, ut et bracteæ lineari-lanceolatæ,
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floribus intermixtæ; floribus pluribus (4-12), umbellatis, amplis, speciosis, lilacinis, infundibulato-campanulatis, deflexis : perianthii 6-partiti sepalis petalisque oblongis, undulatis, æquilongis, illis apice crasso-mucronatis; staminibus styloque reclinatis, apice incurvo arrectis, perianthio brevioribus ; capsula seminibusque ignotis.
Qu'il me soit permis d’ajouter à cet exposé concis des caractères distinctifs de l’'Amaryllis procera, quelques lignes sur les particularités anatomiques remarquables que j'ai reconnues dans ses feuilles.
Les deux faces de ces organes sont marquées de stries longitudinales et parallèles, toutes égales entre elles, qu’un examen tant soit peu attentif fait reconnaître comme étant alternativement vertes et pâles. Les lignes vertes indiquent les saillies ; les lignes pâles répondent aux sillons qui séparent ces lignes proéminentes. A cette différence de coloration correspondent diverses particularités anatomiques. 1° L'épiderme ne porte de stomates que sur les bandes vertes, et ses cellules y sont à la fois plus courtes et plus larges, et moins régulièrement rangées en séries longitudinales. 2° Les cellules épidermiques offrant toutes, dans leur longueur, une série de grosses papilles, au nombre de six ou huit, en moyenne, pour chacune d’elles, celles qui sont comprises dans les lignes vertes ont leurs papilles beaucoup moins prononcées que les autres. 3° Le parenchyme à chlorophylle se trouve, comme peut le faire deviner la situation des stomates , sous les bandes vertes, et un plan de cellules incolores s'étendant dans le milieu de l'épaisseur de Ja feuille, il en résulte que les cellules vertes forment sous chacune de ces bandes proémi- nentes deux masses distinctes et séparées : l’une sous l’épiderme supérieur, l'autre sous l’épiderme inférieur de la feuille. 4° Toute l’épaisseur du tissu foliaire, dans la portion qui correspond aux lignes pâles de la surface, c'est- à-dire aux sillons, se montre dépourvue de chlorophylle et, par conséquent, incolore; or, c'est uniquement au milieu de ces mêmes portions incolores que se trouvent les faisceaux fibro-vasculaires, c'est-à-dire les nervures paral- lèles de la feuille. Ces diverses particularités anatomiques me semblent remarquables ; aussi ai-je cra devoir les indiquer dans cette note succincte.
M. Chatin demande à M. Duchartre quelle est la différence de longueur des étamines dans l’espèce qu’il a observée, et si l’on pourrait fonder sur ce caractère l'établissement d’un nouveau genre dans la famille à laquelle elle appartient.
M. Duchartre répond qu'il est déjà difficile de bien comprendre les limites des groupes formés aux dépens de l’ancien genre Ama- rylhs, et qu’on a peut-être, en établissant ces groupes, géné- ralisé trop promptement des observations faites sur quelques espèces.
SÉANCE DU 43 FÉVRIER 1863. 47 M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture des communications suivantes, adressées à la Société :
LE NOM DE POA CHAIXI Vill. A LA PRIORITÉ SUR CELUI DE POA SUDETICA Hænke, ET CELUI DE JUNCGUS NUTANS Vill. SUR CELUI DE JUNGUS PEDIFORMIS Chaix in Vill, par M. J, DUVAL-JOUVE.
(Strasbourg, 5 février 1863.)
Des plantes européennes qui n’ont pas été décrites par Linné, les uncs, ayant des formes bien tranchées ou une aire de végétation très-restreinte, ont joui du privilége d’être reconnues après avoir été décrites une fois. D’autres, plus répandues et appartenant à des familles où genres et espèces sont nom- breux et difficiles à caractériser, ont été, vers la fin du dernier siècle ou le commencement de celui-ci, décrites presque simultanément sur plusieurs points ; et, plus tard, cette multiplicité de noms, mettant obstacle à ce qu’elles fussent nettement reconnues, a engendré des erreurs, des noms nouveaux, puis des rectifications erronées à leur tour, en un mot, une synonymie sou- vent inextricable. Au nombre de ces dernières plantes se trouve le Poa auquel presque toutes nos flores modernes conservent, comme princeps , le nom de Poa sudetica Hænke. En effet, cet auteur l’imposa, dès 1791, à cette espèce qu'il décrivit dans les Mémoires de la Société royale des sciences de Bohême (1). Trois ans plus tard, Mœnch en faisait son Poa rubens (Meth. p. 187). Mais, en 1776, Pollich avait décrit le Festuca silvatica auct. recent. sous le nom de Poa silvatica, et, en 1791 , Ehrhart avait donné à ce même Festuca le nom de Poa trinervata. Or ces dénominations furent adoptées par Willdenow et, pour cet auteur, « 12 Poa trinervata Ehrh., 13 Poa » sudetica Hænke, 44 Poa rubens Mœnch » (Sp. pl. TI, p. 389, 1797), con- stituèrent trois espèces très-rapprochées, comme l’indiquent leurs numéros d'ordre et mieux encore les notes de l’auteur. De Candolle se guida sur Will- denow et, en 1805, publia dans sa F7. fr. I, pp. 58 et 59, un Poa triner- vata et un Poa rubens, tous deux distincts du Poa sudetica qui se trouvait exclu. L'année suivante, Loiseleur-Deslongchamps reproduisit et cette exclu - sion et ces admissions dans son Flora gallica, ed. 1°, p. 50. Ajoutons qu'en 1805, Willemet, dans sa Phytographie encyclopédique ou Flore de Lor- raine, I, p. 16, recevait comme nouvelle cette plante à lui dédiée par Godefrin, Poa Willemetiana. En 1806, Schrader, après avoir établi définitivement
(4) Voici le titre exact de l'ouvrage, non mentionné dans le Thesaurus de Pritzel et désigné ordinairement par l’abrévialion « Hænke Sudet. » : Beobachtungen auf Reisen nach dem Riesengebirge, von Joh. Jrasak , Abbé Gruber, Thad. Hænke, F. Gerstner, veranstallet und herausgegeben von der Kœnigl. Bœhm. Gesellschaft der Wissenschaften. Dresden, 1791 ; in-4°,
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entre le Poa silvatiea Pall. et le Poa trinervata Ehrh. l'identité qu'il avait soupconnée dès 4794 (Spicil. flor. germ. p. 5), rendit cette espèce au genre Festuca, et, d'autre part, il ramena le Poa rubens Mœnch au Poa sudetica Hænke. Sur l'autorité de Schrader, De Candolle, dans son Supplément de 4845 , corrigea sa méprise en la remplaçant toutefois par une autre, car cet auteur publiait notre plante sous le nom de Festuca compressa, donnée comme synonyme de Pou montana Delarb. (F4. fr. V, p. 263), en même temps qu’il lui rendait le nom de Poa sudetica Hænke (op. cit. p. 272), qu’elle a conservé depuis.
Or le nom de Hænke est-il bien réellement le nom princeps de ce Poa ? Dès 1787, c’est-à-dire quatre ans avant la publication de Hænke, Villars avait donné de cette espèce, qu’il nommait Poa silvatica Chaix, une très- bonne description et une figure non moins bonne (Æist. pl: Dauph. IT, p. 128, pl HIT). Mais ce nom, si parfaitement convenable d’ailleurs, était déjà employé depuis onze ans par Pollich, comme nous l’avons dit ci-dessus, et, bien que cet auteur l'ait appliqué à une plante d’un autre genre, nous ne croyons pas qu'on puisse le reprendre comme nom princeps du Poa sudetica, ainsi que, dans sa Flore d’ Alsace, YX, p. 324, notre savant confrère, M. Kirsch- leger a cru pouvoir le faire. De plus, en remontant la synonymie indiquée par Villars à son Poa silvatica, on trouve que dans le Catalogue fourni à Villars par l'abbé Chaix, le 5 janvier 1785, et imprimé en 1786 dans le tome 1° de l’Aist. des pl. du Dauph. pp. 309 à 382, Chaix rapportait son Poa silvatica, d'une part, à la plante de Pollich (Festuca silvatica), e, d'autre part, à la plante n° 11 de Gérard (Festuca spadicea). Gette double erreur n'avait pas échappé à Villars; il l’avait signalée à Ghaix,, et ce dernier l'avait lui-même reconnue, comme le prouve la note de Villars (Æist pl. Dauph. XX, p. 128), et ce n’était que par déférence pour son ami qu'il avait conservé ce nom fautif (1) Mais précédemment Villars avait lui-même reconnu cette Graminée comme nouvelle, innommée, et, dans son Æ/ora delphinalis (2), il l'avait nommée Poa Chaixi, en accompagnant ce nom d’une description, ainsi qu'il suit :
« Poa Chaixi Vil. In silvis et pratis alpestribus. Culmus 3-ped, compres- » sus, folia ferme viridia carinata obtusa rigida, paniçula rigida, ; spiculæ » oyatæ compressæ 1-7-floræ rubro nitentes ; affinis parum P?, compressæ. » An P. alpina, sed 4-plo major, » (F1. delph. p. 1.)
(4). Une preuve de l'embarras de Villars à ce sujet se trouve dans la manière dont: il écrit le nom de cette plante dans ses Herborisations : «a Poa silvatica Carxi » (Hist. pl. Dauph. I, p. 276). C’est le seul nom de cette longue liste qui soit ainsi noté.
(2) Le Flora delphinalis de Villars fut rédigé en 1783 et 1784 sur les instances de Güibert, qui le fit imprimer en 1785, avec une préface de lui, dans le premier tome de son Systema plantarum Europæ. Le Flora delphinalis était le développement du Pro- spectus de l'hist. des pl. du Dauphiné, Grenoble, 1779, et le prodrome de l’His!. des pl. du Dauphiné, 1786,
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Ce nom imputé par Villars, publié avec description en 1785, est donc bien véritablement le nom princeps et à conserver, Il y aura d’abord avan- tage à fairé disparaître, avec le mot sudetica, une de « ces épithètes qui, » empruntées à des pays ou à des montagnes, quaud les plantes ont une vaste » distribution, paraissent peu convenables » (Kirschleger, #7. Als. TI, p. 325); mais, plus que tout cela, il y aura justice historique et justice scien- tifique à rattacher à une Graminée les noms de Villars et de Chaix, qui ont si puissamment contribué à la connaissance des plantes du Dauphiné et, en particulier, des Glumacées.
Il serait hors de propos de mentionner ici toutes les Glumacées que ces deux botanistes ont été les premiers à signaler en France, d'autant qu’à une époque où les relations scientifiques étaient si difficiles et si réduites, il leur est arrivé de décrire et de nommer comme nouvelles des plantes déjà nom- mées et décrites dans des publications à eux inconnues. Je me bornerai donc à citer quelques espèces qui leur doivent leur première description et un nom qui a droit à être conservé comme princeps :
Festuca silvatica Nil, Æist, pl. Dauph. I, p. 271, et II, p. 105, tab. II,
Festuca pumila Chaix in Vill. Æist. pl. Dauph. Y, p. 316, et IX, p. 102.
Festuca (nunc ÆXœleria) phleoides Nil. F1. delph. p. 7; Hist. pl. Dauph. X, p. 249, et 1E, p, 95, tab. IL.
Avena calycina Vil. FT. delph. p. 10; Hist. pl. Dauph. XX, p. 148, Lab. IT (aunc Danthonia provincialis DC.)
Avena distichophylla Nil, Prosp. p. 16; Aist, pl, Dauph. XX, p. 444, tab, IV,
Avena mentana Nil, Hist. pl. Dauph. XX, p: 451.
Avena setacea ill. Prosp. p. 16; A1, delph, p. 9; Hist. pl. Dauph. XX, p. 144, tab. V.
Avena sempervirens Vill Prosp. p. 17; FL delph. p. 10; Hist, pl. Dauph. XI, p. 140, tab. V.
Agrostis (nunc Calamagrostis) villosa Chaix in Vill Æist, pl, Dauph. I, p. 378, et II, p. 79,
Agrostis verticillata Vil. Prosp. p. 16; Hist. pl. Dauph. XX, p. 74.
Carez hordeistichos Vi. Prosp. p. 18; F1. delph. p. 407; Hist. pl. Duuph. X, p. 313, et IL, p. 224, tab. VL
Carex sempervirens Vill. ist. pl. Dauph. XX, p. 214.
Carez fœtida Vi. Hist. pl. Dauph. X, p. 312. Dans la Flore de France, on lit après ce nom : « Vill. Prosp. AI. Ped. 2, p. 265 », ce qui en attri- buerait la priorité à Villars, son Prospectus étant de 4779, et le Flora
pedemontana de 1785. Mais les savants auteurs de la Flore de France ont sans doute été induits en erreur par la note que Chaix a insérée ist, pl. Dauph. X, p. 312, et où il dit : « Cum hic citatur Vill intellige prospectum
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» delphinense (sic). » Or le Carex fœtida n’est cité ni dans le Prosp., ni dans le F1. delph., mais seulement dans l’Æist. pl. Dauph., et, à mon avis, le nom d’Allioni a la priorité. Au reste, l'abbé Chaix n'était pas fort scrupu- leux à cet égard; à la même page, il commet la même inexactitude au sujet du Carex gynobasis Vill, et, pour ce qui le regarde, il se décerne en toutes lettres les honneurs du MIHI à propos des Carex curvula, C. humilis, C. verna, C. argentea (alba Scop.), C. capillaris, etc., nommés bien avant lui.
Juncus alpinus Vill. ist. pl. Dauph. II, p. 233.
Juncus (nunc Luzula) spadiceus Nil. Prosp. p. 183; Hist. pl. Dauph. IX, p. 236, tab. VI bis. Ici la priorité appartient bien à Villars, dont on néglige ordinairement de citer le Prospectus,
Juncus (nunc Luzula) nutans Vill. FT. delph. p. 34. J. pediformis Chaix in Vill. Æist. pl. Dauph. X, p. 318, et II, p. 238, tab. VI.
L'histoire de cette espèce démontrera jusqu’à quel point l'excellent Villars poussait la déférence à l'égard de son ami. Dans son Flora delphinalis, p. 34, Villars avait, dès 1779, donné à cette espèce le nom, parfaitement convenable d’ailleurs, de Juncus nutans, ajoutant : « Chaix pro varietate » habuit Linpæi : differre videtur. » Or, dans le Catalogue des herborisations qu'il fournit pour l'Histoire des pl. du Dauphiné, Chaïx laisse de côté le nom déjà imposé par Villars, baptise la plante pediformis, et Villars, pour ne pas contrarier son ami, adopte le nom pediformis, mais en rappelant toutefois le sien propre, Juncus nutans, qui est bien le nom princeps et doit être conservé. Ajoutons que si Chaix a remplacé nutans par pediformis, c’est que sans doute ce dernier nom aura plu davantage à lui prieur-curé des Baux, attendu, comme il le dit, que l’épi de cette espèce est « instar pedi » episcopalis (crosse) incurvata» (Hist. pl. Dauph. X, p. 318, note 6). Pedi- formis signifie donc en forme de crosse, et vient de pedum, non de pes, comme M. L. Reichenbach paraît l’avoir cru en traduisant cet adjectif par « fusstheilig » (Deutschl. FI. p. 20).
En résumé, de tout ce qui précède, il nous paraît résulter que la syno- nymie du Zuzula pediformis doit être établie ainsi qu'il suit :
LUZULA NUTANS. 1779. Juncus nutans Vi. FT. delph. p. 34; Hist, pl. Dauph. NW, p. 258.
1786. J. pediformis Chaix in Vill Æist pl. Dauph. I, p. 318, et IL, p. 238.
Luzula pediformis DC. et omn, auct. recent.
Et que celle du Poa sudetica de nos flores doit être la suivante :
1785. POA CHAIXI Vill FT. delph. p. 7.
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1786. Poa silvatica Chaix in Vill. ÆZist. pl. Dauph. 1, pp. 276, 316 (non Poll. et excl. omn. syn.), et II, p. 128, tab. IIL
1791. P. sudetica Hænke Sudet, p. 120.
4794. P. rubens Mœnch Meth. p. 187.
1800. ? P. montana Delarb. FT. Auv. II, p. 699.
1805. P. Willemetiana Godefrin in Willem. Phyt. encycl. p. 86.
1805. P. trinervata DC. FI. fr. III, p. 58 (non Ehrh. nec Willd. et, excl. syn. Poll.), et ejusdum in eod. loco P. rubens, p. 59.
1815. Festuca compressa DC. F1. fr. NV, p. 263, et ejusdem Poa sudetica, p. 272.
NOTICE DE M, l’abbé MIÉGEVILLE SUR QUELQUES PLANTES RÉCOLTÉES DANS LES HAUTES-PYRÉNÉES EN 1860-1862 (suite et fiu) (1). :
II. — Mes explorations à Cauterets et dans les alentours étant achevées, il me fallut rentrer pour deux mois à Garaison. Ce ne fut que le 28 juin que j'en repartis pour me rendre à l’antique chapelle de Notre-Dame-de-Héas, dans la vallée de Barréges. Cette chapelle, pour le dire en passant, est située sur le territoire et au sud-est de Gèdre, commune du canton de Luz, non loin du Mont-Perdu et du Pimené, dans un bassin couronné par les riches pâturages du Camp-Long, de l’Aguila et de Groute. Son altitude est de 4556 mètres. Les montagnes de Héas forment avec celles d’Aure, leurs voisines et leurs rivales, la ligne de démarcation de la France et de l'Espagne ; placées au centre des Pyrénées, elles en sont le point culminant. C’est la patrie des plantes qui vont passer sous nos yeux. La plupart sont des végétaux monocotylédones de la famille des Cypéracées et de celle des Graminées.
À propos des Cypéracées, je suis heureux de pouvoir mettre à leur tête le Æobresia caricina Willd. Certains botanistes modernes avaient eu tort d'exclure cette rareté végétale du catalogue de la flore des Pyrénées. Je lui ai découvert moi-même, cette année, trois gîtes : le premier au sommet des crêtes du Camp-Long (14 juillet) ; le deuxième dans la montagne de Vignec- Aure, à côté d’un petit lac où prend naissance le Bodet, l’un des quatre torrents qui vont former à Aragnouet la rivière de la Neste (4 août); le troisième à la base du Gabiédou et sur le bord du courant qu’on descend (9 et 13 septembre). Un sagace et persévérant explorateur, M. Bordère (de Gèdre), mon ami, l'avait surprise longtemps avant moi aux sources froides d’Aspé, entre le port de Boucharo et Gavarnie. Mutel, qui l'avait récoltée au Lautaret, dans les hautes Alpes du Dauphiné, la signale en Suisse, à la source du Rhône au mont Saint-Gothard. M. Grenier a eu l’extrême obligeance de m'en donner deux exemplaires provenant du Mont-Cenis. On voit par là que le
(1) Voyez plus haut, p. 24.
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conditions géographiques et géologiques de sa végétation sont les mêmes dans les Alpes et les Pyrénées. En France comme en Suisse, le Æobresia caricina recherche la source de quelque courant, les grandes altitudes, les rochers humides, les expositions boréales,
A côté du Aobresia caricina s'élève au Gabiédou le Carez bicolor. Les caractères de la plante d’Allioni conviennent parfaitement à la nôtre, Dans l'une et dans l’autre, les trois épillets terminaux, rapprochés et ovales, à la fin panachés de blanc et de brun, sont tous femelles, à l'exception du supérieur, muni seulement à la base de quelques fleurs mâles, çe qui l’a fait nommer Carex androgyna par M. Fries et par d’autres botanistes. Les utricules fruc- tifères, stipités, obovés-piriformes, glabres et obtus, ne portent à leur som- Jet que deux stigmates, La bractée inférieure, entièrement herbacée et par- fois plus longue que les épis, est engaînante à la base. Je ne puis élever le moindre doute sur l'identité de la Laiche des Alpes et de celle des Pyrénées; je me permettrai de constater qu’elle est partout d’une extrême rareté. Les floristes qui en parlent ne lui assignent que deux étroites colonies dans les hautes Alpes : l’une au Petit-Galibier, l’autre au Mont-Viso; personne, que je sache, ne constate sa croissance aux Pyrénées. Lapeyrouse et M. Philippe (de Bagnères) ne la nomment point dans leurs ouvrages. Je suis autorisé à la considérer comme une découverte intéressante pour la science et en particu- lier pour la flore pyrénéenne.
Les montagnes de Héas sont aussi la patrie du Careæ rupestris AIL Naissant au voisinage des Xobresia caricina et Carex bicolor, il se mêle dans les rochers granitiques du Gabiédou et de Trémouse aux énormes toufles formées par l’£lyna spicata. L’herboriseur qui ignorerait cette der- nière circonstance de sa végétation, passerait souvent sur le sol où il abonde sans en apercevoir un seul pied. C’est par hasard que je le surpris dans les endroits ci-dessus désignés en 1860 et 1861. Le 14 juillet de cette année, je l'ai retrouvé, pour la seconde fois, confondu avec le Saxifraga androsacea , au point le plus élevé du Camp-Long. Lapeyrouse, qui l’a décrit sous la dénomination de Carex Dufourii, l'avait observé à la Piquette d'Eretslis près Barréges, Il est probable que, depuis cette époque, aucun botaniste ne l’avait revu dans nos montagnes. Plusieurs auteurs affirment à bon droit que les utricules du Carex rupestris sont souvent noircis et rongés par l'Uredo urceolorum. Tous mes exemplaires pris, il y a deux ans, dans les fissures des rochers de Trémouse portent l'empreinte des cicatrices faites par cet agent délétère.
Les botanistes seront charmés d'apprendre que le Carex capillaris Nilk croît au Maillet (1), à la source du canal d'irrigation creusé par les habitants de Héas, qui parcourt dans toute leur étendue les pâturages de Groute pour
(1) Je l'y aï récolté le 4 juillet de l’année courante (1862).
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aller se précipiter en cascade à travers les rochers du Craboutat et se répandre
dans les prairies baignées par le gave. M. Philippe (de Bagnères), sur le témoignage de Lapeyrouse, lui assigne pour domicile les alentours du glacier du Talion à Gavarnie. Le vallon du Maillet, séparé du Talion par le Mont- Ferrant, le col d’Estaubé et le Pimené, se trouve dans la même zone topo- graphique et géologique. Cette plante, aussi rare dans les hautes Pyrénées que dans les hautes Alpes, aime les pentes herbeuses et rocailleuses.
Le moment est venu d’entretenir la Société botanique de France d'un quatrième Carez qui me paraît digne de lui être signalé ; je l'ai découvert, le 4 août dernier, dans la montagne de Vignec-Aure, autour d’un lac qu’on rencontre entre les pâturages de cette montagne et une fontaine aussi fraîche qu’abondante, où s’abreuvent pendant l'été les pasteurs et leurs troupeaux. Pour procéder avec plus de méthode, j'en esquisserai d'abord la des- cription,
CAREX INTERMEDIA (non Good.). — Deux ou trois épis rapprochés, ovales- obtus; l'épi mâle terminal, solitaire, court (8- 10 millimètres); 1-2 épis femelles plus courts (5-7 millimètres) ; le supérieur sessile, l’inférieur souvent pédonculé, rarement gynobasique, et alors porté sur un long pédoncule capillaire. Bractée inférieure herbacée, égalant l'épi mâle, pourvue.de deux oreillettes grandes, rectangulaires, d'un brun noirâtre, semi-engaînantes à la base et proéminentes au sommet ; bractées supérieures conformes aux écailles et à peine plus grandes qu’elles. Écailles mâles semblables aux écailles femelles, d’un pourpre noir foncé, obtuses, mutiques, plus courtes et plus étroites que les fruits, à carène verte et à la fin blanche, à bordure blanche peu apparente. Deux stigmates, Utricules fructifères verts, à la fin d’un blanc bruvâtre, glabres, ovales-comprimés, à bec presque nul, échancré-bifide. Feuilles vertes, roides, brièvement acuminées, à peine rudes aux bords et sur la carène. Gaïînes d’un brun assez foncé, se déchirant peu en filaments. Souche forte, longuement rampante, stolonifère, pourvue.de fibres épaisses et plus longues que les tiges. Celles-ci dressées, triquètres, à angles aigus et presque lisses. Plante de 6-8 centimètres.
Ce Carex a bien quelques rapports avec le Carex bicolor Allioni et le C: Goodenowii Gay, et ilme semble que ce n ’est ni l’un ni l’autre. Sa taille, ses allures, son chaume trigone, la forme et la blancheur de ses utricules fructi- fères, la physionomie de ses épillets, son épillet inférieur parfois gynobasique, rapprochent sans doute le C', intermedia du C. bicolor. Mais le C. bicolor diffère essentiellement de son parent par le petit nombre de fleurs mâles qu’il ne porte qu'à la base de son épi supérieur, et par sa bractée inférieure non bi-auriculée, foliacée et engainante. Pour ce qui est du C. Goodenowit, sa stature plus haute (2 décimètres au moins), ses épillets plus nombreux (2-4), peu écartés, trois fois plus longs et cylindriques, toutes ses bractées supé- rieures longues et herbacées, sa bractée inférieure munie à la base de deux
8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
oreillettes à peine visibles, arrondies et d’un pourpre noir, ses utricules fructifères imbriqués sur 6-7 rangs, etc., ne permettent pas de le mettre en parallèle avec le Carex intermedia. Par la nature de sa souche et les propor- tions des fibres de sa racine, le C. intermedia se trouve à une énorme dis- tance du C. bicolor et du C. Goodenowii. Notre plante n'a, rigoureusement parlant, qu'un seul caractère qui lui soit commun avec ses congénères, et ce caractère consiste dans les deux stigmates dont ses utricules fructifères sont surmontés. Si je me suis hasardé à lui imposer le nom de €. intermedia, la raison en est toute simple. C’est que, par la forme de sa bractée inférieure semi-amplexicaule, elle se place naturellement entre le €. bicolor dans lequel cette bractée est embrassante, et le C. Goodenowii dans lequel elle est libre.
III. — Des Cypéracées aux Graminées le passage est tout naturel. Cette famille est représentée, dans le vallon et les montagnes de Héas, par de précieux rejetons. Ceux que je me propose de mettre en relief appartiennent aux genres Agrostis, Trisetum, Poa et Festuca.
Il ya, à Héas, cinq sortes d’Agrostis: l'A. vulgaris, variété pumila, l'A. alba, variété decumbe